En octobre dernier, 2.800 cartouches de cigarettes et six kilos de bangué étaient interceptés par les gendarmes de Mayotte. Des arrivées de marchandises qui continuent à alimenter de petits business locaux, comme en atteste cette affaire, jugée au tribunal de Mamoudzou mercredi.
Il n’y a pas de petits profits. C’est sans doute ce qu’a pensé l’auteur de ce larcin quand il a “trouvé” dans son champ deux cartons de cigarettes de la marque comorienne Coelacanthe, un jour de juillet 2019. Son butin ? 190 cartouches pour un pactole estimé à 2.000 euros. Le tribunal de Mamoudzou lui a rappelé ce mercredi qu’il valait mieux, parfois, y penser à deux fois. Surtout lorsqu’on possède chez soi, en plus, un panneau solaire volé…
Droit à la barre, le prévenu tente pourtant de jouer les honnêtes hommes : “À ma grande surprise, j’ai vu ces deux cartons de cigarettes !”. “Il y a de quoi être surpris !”, rétorque la présidente avec un sarcasme à peine dissimulé. Qui n’ébranle toutefois pas cet habitant de Bandrélé, bien campé sur sa version des faits. S’il a pris les cartons pour les ramener à la maison, c’était dans l’objectif d’empêcher leur propriétaire de remettre la main dessus, retrace-t-il, non sans y mettre de la conviction. “Ah, donc vous vouliez bien les voler !”, s’exclame la juge. “Je voulais juste savoir qui était le propriétaire…”, se défend-t-il tant bien que mal.
Complice de contrebande
Reste qu’en entreposant sous son toit ces cigarettes arrivées des Comores en kwassas, cet homme de la terre se rendait complice d’importation en contrebande de marchandise prohibée. Un délit puni de trois ans d’emprisonnement et d’une amende équivalente à deux fois le prix des produits importés illégalement, rappelle le substitut du procureur.
Or, il semblerait bien que le prévenu ait profité de sa jolie trouvaille, même s’il le nie aujourd’hui face au tribunal. “Ma femme m’a dit que c’était dangereux ce que je faisais, et j’étais d’accord, j’avais même peur d’en parler à mes amis, encore plus de les vendre.” Mais la juge coupe court. “Je vais interrompre votre petite histoire, votre voisin a dit qu’il voyait des gens aller et venir pour vous acheter des cigarettes, tout le village le savait”, dénonce-t-elle.
Business illégal
Résultat, quand la gendarmerie débarque un jour pour une toute autre histoire, ses agents découvrent ce petit commerce effectué sous le manteau. Manque de pot, les gendarmes trouvent aussi dans sa case un panneau solaire, que l’homme assure avoir acheté, mais qui avait été volé, se rendant alors coupable de recel. Face à ces éléments et au refus du prévenu de reconnaître les faits, le procureur n’hésite pas à requérir trois mois de prison avec sursis et 4.000 euros d’amende, “pour lui passer l’envie de s’adonner à ce genre de business”. “Ce sont aussi ces activités illégales qui participent du climat général d’insécurité que nous connaissons à Mayotte, en encourageant les vols”, tacle-t-il. Verdict du tribunal : trois mois d’emprisonnement avec sursis et 360 euros à reverser à la société victime du vol de son panneau solaire, qui s’était constituée partie civile.
Les produits de contrebande continuent d’arriver fréquemment sur les plages du Mayotte, acheminés depuis les Comores voisines ou le continent africain dans les embarcations de fortune qui transportent passagers et marchandises en tout genre. Le 23 octobre dernier, la préfecture de Mayotte annonçait avoir intercepté pas moins de 2.800 cartouches de cigarettes et 6kg de bangué en une semaine.
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