L’heure semble être au règlement de comptes dans la commune du sud. Depuis mercredi matin, le maire (LR) Andhanouni Saïd et plusieurs personnes sont entendus par la brigade financière pour des faits de détournement de fonds publics, prise illégale d’intérêts et délit de favoritisme.
L’information a été confirmée ce jeudi. Le maire de Chirongui Andhanouni Saïd, son directeur général des services (DGS) ainsi que “sept ou huit autres personnes” ont été placées en garde à vue depuis mercredi matin pour “s’expliquer sur un certain nombre de faits qui pourraient avoir une vérification pénale”, explique le procureur de la République Yann Le Bris, joint par téléphone.
Dans le détail, on leur reproche des faits de détournement de fonds publics, de prise illégale d’intérêts, de délit de favoritisme et “le recel de l’ensemble de ces délits par un certain nombre de personnes qui gravitent autour de la mairie”, poursuit le représentant du parquet. Des délits commis sur une période qui court depuis les dernières élections municipales. Dans le viseur des enquêteurs, entre autres : des locations de voitures et des billets d’avion pour Madagascar, dont auraient bénéficié les mis en cause, aux frais de la princesse. Outre le maire et son DGS, un fonctionnaire recruté pour des missions de sécurité en lien avec la mairie a notamment été placé en garde à vue.
Climat tendu à la mairie
Jeudi, en milieu d’après-midi, la petite clique était encore entendue par la brigade financière. Il sera ensuite décidé, après étude des pièces du dossier, des suites pénales à donner à cette affaire. “Des poursuites pourront certainement être engagées”, évoque le procureur. Pour ces infractions présumées, commises par des personnes dépositaires de l’autorité publique ou en charge d’une mission de service public, les peines maximales vont de deux ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende (pour le délit de favoritisme) à 10 ans de prison et un million d’euros d’amende – dont le montant peut être porté au double du produit de l’infraction -, si le détournement de fonds publics venait à être prouvé.
À noter qu’en l’absence de condamnation, tous restent présumés innocents. Cette garde à vue s’inscrit dans un contexte de changement d’équipe à la tête de la municipalité, avec la victoire d’Andhanouni Saïd (Les Républicains) sur l’ancienne maire Roukia Lahadji (Hanima Ibrahima, candidate malheureuse du parti présidentiel La République en marche. Or, depuis les élections de 2020, et les cantonales cette année, un climat tendu semble régner autour de la mairie. Six mois après les municipales, une perquisition avait déjà eu lieu dans la commune. Et en juin, une plainte avait été déposée pour faire annuler le scrutin du canton de Sada, à cause de la radiation de 200 personnes des listes électorales, parmi lesquelles des proches de l’ancienne maire de Chirongui, pour les élections départementales des 20 et 27 juin.