Il avait terrorisé la population de Mayotte entre 2016 et 2019. Ce mercredi, le chef de bande a écopé de deux ans de prison pour des faits de vols avec violence. Mais il risque bien plus, notamment aux Assises.

“Vous êtes actuellement en détention dans le cadre d’une autre procédure : pouvez-vous nous dire pourquoi ?”, demande le président d’audience au prévenu qui se tient devant lui, flanqué des gros bras du GIGN, le groupe d’intervention de la gendarmerie nationale. Silence. Comme pour la plupart des propos qui lui sont tenus ce mercredi à la barre, l’individu oppose au tribunal un mutisme forcené. Avant de marmonner, l’air revêche : “J’ai le droit de ne pas répondre.” Dont acte.

Mais le voile sera vite levé, malgré sa persistance à éluder ou à ignorer les questions des juges : l’homme qui croise les bras avec ostentation et jette des regards haineux autour de lui n’est autre que “Magnélé”, le célèbre coupeur de route. “Vous êtes actuellement incarcéré pour des faits criminels, de vols en bande organisée”, répond rapidement le juge à sa place.

Le bandit sous les verroux

Recherché depuis 2016, ce chef de bande avait semé la terreur à Mayotte, avant d’être interpellé en mai 2019. Parmi ses chefs d’accusation figurent dans le désordre des faits de vols avec arme, de séquestration, de dégradation du bien d’autrui commis en réunion, ou autre tentative d’extorsion, commis entre les 13 et 19 janvier 2017. Mis en examen pour ces crimes, le “bandit” attend patiemment derrière les barreaux de Majicavo son jugement aux Assises.

“Au voleur !”

Ce mercredi, c’est un autre fait d’arme qui l’amène toutefois devant le tribunal correctionnel, la juridiction compétente en matière de délits. La scène se déroule le 21 mars 2019, soit quelques semaines à peine avant qu’il ne tombe entre les mains des forces de l’ordre. Ce soir-là, une bande de six lascars armés jusqu’aux dents pénètre par effraction dans des habitations pour y dérober téléphones portables, ordinateurs et matériel informatique en tout genre. Alors qu’ils forcent la porte d’une deuxième maison, la situation se corse. “Au voleur !”, crie-t-on face à l’individu cagoulé, la machette à la main. Et qui n’hésite pas à s’en servir contre le frère de la victime, avant de prendre la fuite. Dans son sillage : une mâchoire ouverte, deux jours d’interruption totale de travail (ITT)… et son couvre-chef, tombé de sa tête dans la mêlée. Un beau cadeau pour les enquêteurs !

De maçon à coupeur de routes

Car l’ADN correspond bien à celui de Magnélé. Pourtant, face au tribunal, comme d’ailleurs en garde à vue, le prévenu s’obstine. “Je ne connais pas ces faits-là. Je ne sais pas pourquoi on est remonté jusqu’à moi”, répète-t-il inlassablement, les bras croisés sur sa poitrine. Guère suffisant pour convaincre le parquet. “Vous n’avez pas un surnom ?”, tance le substitut, alors que l’homme se présente à l’audience comme un honnête maçon. Poussé dans ses retranchements, le voilà qui patauge. “J’ai commencé à faire le bandit quand ils sont venus détruire les bangas”, ressasse-t-il en serrant les poings.

Bien essayé, mais la sauce ne prend pas. “C’est le fameux bandit des grands chemins”, lâche le procureur avec sarcasme. Ce dernier retient “l’extrême brutalité” des faits pour faire ses réquisitions, soit deux ans d’emprisonnement avec maintien en détention. Une peine retenue également par les juges. “Si cela n’avait tenu qu’à moi, vous seriez jugé devant une cour d’Assises et là, vous risquiez vingt ans de réclusion”, avait prévenu le ministère public. Et vu ses autres faits d’arme, ce n’est peut-être que partie remise…