Les 50 kg d’or saisis à l’aéroport international de Moroni sont actuellement gardés dans les coffres de la Banque centrale des Comores. Si la délégation malgache n’a pas pu repartir avec, faute d’éléments prouvant qu’il provient bel et bien de son sous-sol, le débat sur l’origine des lingots est loin d’être tranché.
Les deux malgaches arrêtés le 28 décembre aux Comores en possession d’une quantité importante d’or ont été « livrés » jeudi dernier. Une délégation de haut niveau conduite par le ministre de la Justice de la Grande Ile, Herilaza Imbiki, dépêchée spécialement à Moroni est parvenue à obtenir leur extradition. C’est grâce à un accord d’entraide judiciaire signé en 1976 entre Madagascar et les Comores que l’opération a pu être possible. 48h seulement ont suffi aux négociateurs malgaches de rentrer avec un air de satisfecit. Sauf que cette victoire cache en revanche un revers essuyé par la mission. Celle-ci, a été incapable de rapatrier les 50kg d’or saisis à l’aéroport international de Moroni, il y a deux semaines. Pourtant, cela faisait partie des objectifs motivant l’arrivée du Garde des sceaux lui-même. D’ailleurs, la presse malgache, ne manquait pas de souligner que la délégation comptait aussi ramener le métal jaune à la maison. L’express Madagascar ne s’est pas gêné de constater avec amertume au lendemain de l’extradition cette paire de manches perdue par la partie Malgache. Jusque-là, la question qui revient sur toutes les lèvres est pourquoi l’or n’a pas été restitué aux autorités de la Grande île ?
Mali ou Madagascar
Pour bien comprendre cette décision, un petit recul s’impose. Tout commence en effet le 6 janvier, avec une déclaration écrite et transmise à Al-watwan , par le procureur de la République de Moroni. Dans cette note, le magistrat citant les investigations menées sur cette affaire, confirmait noir sur blanc que l’or venait de Madagascar. « Pour parvenir à acheminer les lingots d’or à Dubaï, la destination finale présumée, les membres du réseau de trafic illicite font sortir les lingots de manière illicite à Madagascar et les amenaient aux larges des côtes d’Anjouan« , écrivait-il. Cette confirmation explicite était-elle suffisante pour la délégation malgache de réclamer le métal jaune ? Non, ont répondu de nombreux juristes. La plupart d’entre eux, estiment que la présentation de preuves supplémentaires par l’Etat malgache est obligatoire. Bien que la sortie médiatique du chef du parquet, renforçait la thèse selon laquelle les métaux précieux étaient issus du pillage des ressources minières de la Grande île. Le second motif qui a compromis le rapatriement des 28 lingots : l’apparition de factures vraisemblablement présentées par les présumés larrons arrêtés le 28 décembre. Les documents indiquent que l’or vient du Mali, acheté auprès de l’entreprise Mali Metal Sarl, pour le compte d’une société installée à Dubaï : Parpia gold and jewels trading LLC. Cette même société continue à réclamer les 73 kg d’or confisqués en décembre 2020, en Afrique du Sud. Mais, les douanes sud-africaines remettent en cause l’authenticité des factures.
Article de CMM
Trois malgaches étaient arrêtés à cette occasion. Soupçonnés de faire partie d’un réseau de trafic d’or, ils sont depuis, sous le coup d’une demande d’extradition, acceptée jeudi dernier. En octobre de la même année, les douaniers seychellois avertis par leurs homologues malgaches, avaient à leur tour mis la main sur 23.5 kg d’or dans un bateau en provenance de la Grande Ile. C’est dire que le trafic d’or à Madagascar est un fléau qui continue de gangrener le pays. Pour l’affaire des 50kg, interceptés à l’aéroport international de Hahaya, un élément vient de jeter le trouble sur la véracité des factures fournies par les contrebandiers. C’est CMM Comores qui a tout déballé. Ce média en ligne, très bien informé – il est le seul à être au courant de l’extradition – ses journalistes ont même été autorisés à monter à bord du jet qui ramenait les deux présumés trafiquants, avait dans un article publié le samedi 8 janvier, alertait que des factures pourraient émerger. L’auteur du papier qui a consulté les documents en question, assurait que le but de l’opération était de faire croire aux enquêteurs que les 28 lingots d’or ne provenaient pas de Madagascar. Trois jours plus tard, l’opinion apprenait effectivement dans les colonnes d’Al-watwan, que le métal jaune saisi était acheté au Mali. Étonnante prémonition non ? Depuis, le doute a commencé à s’installer. Car même le parquet change de version sur l’origine de l’or. Une semaine après s’être défendu d’avoir confirmé que les 50 kg d’or étaient sortis de Madagascar, le parquet de Moroni dans une note datant du 13 janvier s’interroge sur la façon dont l’or sort de la Grande ile pour arriver sur les côtes comoriennes. Alors Mali ou Madagascar ? Peu importe la provenance, le métal ne quittera pas les Comores assurent les autorités de l’archipel.