Les coupeurs de route « Magnele » et « Maendjib » restent en prison

L’un contestait sa participation aux barrages de Tsararano et son statut de chef, l’autre minimisait son rôle arguant en outre qu’il était mineur. La cour d’assises de Mayotte a jugé en appel, du lundi 13 février à ce jeudi 16 février, Maendijbou Saindou et Abdoulanziz « Magnele » Ahamad Saïd Ali. Elle les a condamnés respectivement à seize ans (contre dix-huit ans en première instance) et quinze ans de prison (seize ans auparavant).

Le procès en appel n’aura pas changé grand-chose, ce jeudi. Maendijbou Saindou et Abdoulanziz « Magnele » Ahamad Saïd Ali resteront en prison, respectivement 16 et 15 ans. Les deux sont liés à l’affaire des coupeurs de route de Tsararano, qui avait fait grand bruit sur l’île. D’origine comorienne, neufs hommes dont les deux accusés de cette semaine ont été initialement condamnés, le 22 mars 2022, à la fois pour le barrage du matin du 8 juin 2016 à Ongojou, et celui une semaine plus tard à Ironi Bé, lieu-dit de Tsararano. Sur place la veille, les coupeurs de route se cachaient dans la végétation pour dormir. Tôt le matin, ils découpaient et plaçaient les troncs d’arbres et les branches à la sortie d’un virage en profitant de l’obscurité. Ainsi, cagoulés et armés de couteaux, battes de baseball, de chombos et même d’un fusil et d’un pistolet, ils interceptaient tous les travailleurs matinaux. Ils les sortaient des véhicules, les dépouillaient, parfois brûlaient leurs véhicules et disparaissaient avant l’arrivée des gendarmes. En 2018 et 2019, les forces de l’ordre les avaient petit à petit retrouvés.

Une influence de chef

Tous avaient pris entre onze et dix-huit ans de prison en première instance, Maendijbou Saindou héritant de la peine la plus lourde. Celui que les autres appellent « Maendjib » a toujours nié avoir un rapport avec les barrages. Né aux Comores il y a trente ans, il est le seul de la bande à avoir des papiers français, à la suite d’un cambriolage lors qu’il était mineur. En effet, il a pris des plombs qui lui ont fait perdre l’usage de son œil droit et endommagé celui de gauche. Il a reçu pour cela 210.000 euros en frais d’indemnisation. Cette somme et le fait d’être le seul à travailler légalement lui donne une certaine importance auprès des autres. « Quand on allait au magasin, c’est lui qui achetait de l’alcool et à manger », a raconté un membre de la bande, mardi après-midi. Décrit comme « un manipulateur », Maendjibou Saindou est désigné par ses camarades comme le cerveau des deux opérations de juin 2016, avec le motif de se venger du décasage quelques semaines plus tôt de sa maison à Tsoundzou 1. « Sa maison détruite, son épouse enceinte de huit mois expulsée, une garde à vue pour des soupçons de vol, on comprend le mobile », fait observer Albert Cantinol, l’avocat général. Dans le même cas, les autres ont suivi les ordres de « Maendjib », ont indiqué trois d’entre eux. Une version que réfute l’accusée et c’est vrai que la présence du « chef » sur les lieux les jours des faits n’a jamais été attestée. Maître Jean-Baptiste Kondé le rappelle d’ailleurs. « Toute l’accusation est basée sur des déclarations », argumente-il, parlant d’un complot organisé « par jalousie » envers son client. C’est d’ailleurs en espérant que ses ex-coaccusés se rétracteraient qu’il avait fait appel. Malheureusement, aucun d’eux n’a finalement changé de version. Il a été condamné à seize ans de réclusion criminelle.

« Pas des actes d’enfants »

La présence de « Magnele » à ses côtés tient davantage à une question d’âge. Cumulant déjà pas mal de peines, le coupeur de routes a aussi quelques cambriolages violents sur son CV. En tout, avant ce procès, il cumule 32,5 années de prison prononcées à son encontre. Le 21 juin 2022, par exemple, il a été condamné à six ans pour des vols avec arme datant de 2018. Les gendarmes avaient finalement mis la main dessus en interpellant son beau-père qui roulait avec une voiture volée à Kahani, où l’accusé se repliait parfois. Dans l’affaire de Tsararano, il reconnaît être sur les lieux, le 8 juin 2016. Il dément par contre avoir un rôle de lieutenant comme peuvent l’indiquer ses ex-coaccusés. Si l’avocat général et maître Kondé s’accordent sur la minorité (un acte de naissance fourni pendant le procès lui donne presque 16 ans au moment des faits), le premier plaide contre l’atténuation de peine. « Ce ne sont pas des actes d’enfant », fait-il valoir. La cour d’assises est allée dans son sens et a prononcé une peine de quinze ans. Seul changement notable, la juridiction n’a pas retenue l’interdiction définitive du territoire français (IDTF), du fait justement de sa minorité de l’époque.

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