Le seuil des 600 détenus désormais atteint à Majicavo

Les transferts vers La Réunion et la métropole ne suffisent pas à désengorger la prison de Majicavo où le taux d’occupation atteint les 210%. La situation est telle que même la deuxième prison (qui pourrait ne pas voir le jour avant dix ans) et l’extension de l’actuelle ne suffiraient pas à retrouver une capacité normale.

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Éric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice, a visité le centre pénitentiaire de Majicavo en mars 2022. Il en était ressorti en annonçant la construction d’une deuxième prison et avait confié la mission au préfet de Mayotte d’en trouver l’emplacement.

A Mayotte, à défaut des retenues collinaires, c’est la prison qui se remplit. Elle vient de dépasser la barre des 600 détenus en ce mois de mars, soit un taux d’occupation de 210%. Difficile d’en vouloir aux magistrats (qui bénéficient d’un coup de pouce d’une brigade venue de métropole jusqu’en août), l’activité est telle qu’il faut bien arrêter et mettre au frais les personnes arrêtées. Pour autant, le centre pénitentiaire, qui date de 2015, montre déjà ses limites. « En l’espace de sept mois on est passé de 500 personnes détenues hébergées à 600 », déplore Force ouvrière Justice, dans un tract daté de ce jeudi. Les murs n’étant pas extensibles, les matelas par terre se multiplient dans l’enceinte prévue pour 278 prisonniers (164 en maison d’arrêt et 114 en centre de détention). Ils souvent à quatre ou cinq dans des cellules prévues pour deux.

L’administration* a beau opéré des transferts (environ deux par semaine vers La Réunion et deux autres tous les quinze jours vers la métropole), la population carcérale n’arrête pas d’augmenter. Pire, à La Réunion, un syndicat de surveillants s’est offusqué de ce flot venu inlassablement de Mayotte. Seuls le quartier des mineurs d’une trentaine de places et celui des femmes (elles sont trois pour six places) échappent à cette surpopulation. « Il nous faut un plan massif de transfèrement vers la métropole pour faire redescendre les effectifs à un niveau raisonnable », demande le syndicat, qui s’inquiète également d’un surplus attendu avec l’opération Wuambushu prévue à la fin du mois.

Une deuxième prison dans le sud ?

Promis par Éric Dupond-Moretti en mars 2022, le nouvel établissement pénitentiaire de l’île n’a pas de destination connue. Fin janvier, le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, nous confiait « qu’il y avait plusieurs pistes étudiées ». Selon nos informations, le sud de l’île où le foncier nécessaire est davantage disponible serait privilégié. Un établissement de « 300 à 400 places » pourrait voir le jour.  Alors que c’est la maison d’arrêt (où sont les détenus qui attendent leurs condamnations) qui souffre le plus de la surpopulation, il aurait davantage la fonction de centre de détention (où les condamnés exécutent leurs peines). Majicavo ferait ainsi office de maison d’arrêt grâce à sa proximité avec la future cité judiciaire de Kawéni.

Autre solution apportée, l’administration pénitentiaire a aussi bien voulu entendre les remarques des syndicats locaux concernant l’extension de l’actuel centre pénitentiaire. Un nouveau bâtiment devrait voir le jour sur le site. Les bureaux d’étude, qui ont participé au projet initial, ont été approchés. Les agents demandent également des recrutements. Car si la population de détenus augmente rapidement, ce n’est pas le cas du nombre de personnes qui les entourent.

*L’administration pénitentiaire, dont la direction pour les outre-mer est en région parisienne, n’a pas souhaité répondre à nos questions malgré nos relances.

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