Le procès en diffamation de « Raos » n’aura pas lieu

Le maire actuel de Koungou, Assani Saindou Bamcolo, avait attaqué en diffamation l’un de ses prédécesseurs, Saïd « Raos » Ahamadi. En cause, des propos tenus lors d’une émission de télévision sur Mayotte la 1ère, le 9 mars 2021. Les renvois successifs ont finalement souri au conseiller municipal d’opposition, l’absence de document prouvant l’un de ces renvois ayant entraîné la prescription.

Plusieurs déclarations de Saïd « Raos » Ahamadi ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd. Le 9 mars 2021, pendant une émission de Mayotte la 1ère, le maire de Koungou de 2001 à 2008 a été très critique envers Assani Saindou Bamcolo, celui qui l’a battu à deux reprises, en 2014 et en 2020. Il a laissé entendre que la deuxième élection était entachée d’irrégularités, qu’une complaisance avec les délinquants s’est installée à Koungou et que le maire n’est pas assez présent sur le terrain. Des propos qu’Assani Saindou Bamcolo a réfuté, mais a surtout voulu porter en justice. Devant le tribunal correctionnel de Mamoudzou, ce mardi 18 avril, « Raos » devait ainsi répondre « des allégations portant atteinte à l’honneur » du maire de Koungou.

Pas de jugement du 6 septembre

Avant d’entendre l’avocat du maire, maître Benoît Derieux, et « Raos », le président du tribunal correctionnel, Benoit Rousseau, a souhaité d’abord s’intéresser au fond du dossier. En effet, comme il l’a expliqué, un procès en diffamation doit se tenir dans les trois mois suivants les faits, sauf en cas de renvoi. Et c’est que le bât blesse. Lors des multiples renvois, le jugement du 6 septembre 2022 n’a pas été trouvé. C’est-à-dire que si l’affaire a bien été évoquée ce jour-là, on ne sait pas si les juges ont décidé du renvoi. « Le rapport d’audience est dépourvu d’éléments probants », constate le président du tribunal.

Maître Derieux a bien tenté de défendre son client en essayant de prouver que le jugement du renvoi a bien été rendu. La vice-procureure, Véronique Compan, a reconnu qu’il « y avait une difficulté » avec l’absence de jugement. Quant à « Raos », il a dit « s’en remettre à la sagacité du tribunal » pour juger cette question de fond. Celui-ci a finalement statué que l’affaire était désormais prescrite (le maire de Koungou et son conseiller ont dix jours pour faire appel).

La fin de procédure met-elle fin aux griefs entre les deux hommes politiques ? Rien n’est moins sûr. A la sortie du tribunal, « Raos » nous affirme « qu’il compte bien jouer son rôle d’opposant ».

Assises de Mayotte : condamné pour avoir tué son oncle

« Je n’ai jamais vu de portraits aussi semblables », fait observer maître Soumetui Andjilani, ce mardi 18 avril. Son client, un jeune homme de 24 ans, a été condamné à dix ans de prison par la cour d’assises de Mayotte. Dans la nuit du 2 au 3 mai 2020, il a frappé son oncle jusqu’à lui donner la mort. Les deux entretenaient pourtant de bons rapports auparavant, étant souvent mis à l’écart du reste de la famille. L’accusé, « balloté entre Chiconi et Hamjago » selon son avocat, ne s’entendait avec ses frères. Solidement bâti, il vivait avec sa mère, dans le village d’Hamjago, au nord de Mayotte, quand celle-ci est tombée malade. La victime, âgée de 68 ans au moment de sa mort, était le frère de celle-ci. Vivant d’habitude dans une case en tôle délabrée, il avait fini par cohabiter avec son neveu. Petit et chétif, il avait un problème avec l’alcool que le plus jeune supportait de moins en moins. Il lui a intimé l’ordre à plusieurs reprises de quitter l’appartement, jusqu’à cette nuit où les coups ont fini par pleuvoir sur le vieil homme. Le ministère public avait requis douze ans de réclusion au cours d’un procès qui a duré deux jours. La cour d’assises en a décidé autrement en actant une peine moins sévère de dix ans.

Deux fuyards échappent à la prison ferme

Deux jeunes majeurs, le soir du 31 décembre 2022, ont tenté de racketter un homme au niveau du rond-point Baobab, à Mamoudzou. Le plus jeune, âgé de 20 ans aujourd’hui, a même exercé des menaces sur la victime en prétextant avoir un pistolet dans son sac (il s’agissait finalement d’une perceuse). Celle-ci, dont le sac a été fouillé, a prévenu tout de suite la police. Les fonctionnaires n’ont pas tardé à mettre la main sur les deux jeunes hommes. Toutefois, le plus âgé – 22 ans – a réussi à leur échapper en se débattant. Voyant son complice partir, l’autre a fait de même avec cette fois-ci les menottes au poignet. Le premier a été récupéré le soir-même, puis placé en garde à vue. Il était poursuivi pour rébellion. Le deuxième, qui a réussi à se défaire des menottes entre-temps, a été interpellé chez sa mère le lendemain. Il devait répondre des chefs de tentative d’extorsion et évasion. Cependant, les deux n’étaient pas présents au procès, ce mardi. Maître Érick Hesler, qui défendait deux policiers, a défendu « qu’il ne s’agit pas d’une simple altercation ». Il a demandé que la sanction serve d’avertissement. « L’uniforme se respecte. » La vice-procureure a demandé des peines de prison avec sursis, le plus jeune n’ayant jamais été condamné et l’autre n’ayant plus de problèmes avec la justice depuis deux peines avec sursis lorsqu’il était mineur. Le tribunal a prononcé une peine de six mois de prison avec sursis à l’encontre du prévenu le plus jeune. L’autre devra réaliser 140 heures de travail d’intérêt général (TIG). Ils sont condamnés également à verser chacun un euro symbolique de dommages et intérêts aux policiers et à payer leurs frais de justice à hauteur de 500 euros (ce qu’avaient demandé les deux fonctionnaires).

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