« La violence n’est pas gratuite, elle est voulue »

Plusieurs affaires de violence ont rythmé la matinée du tribunal correctionnel de Mamoudzou, ce mardi 30 janvier. Qu’elle soit de la vengeance, sous l’effet de l’alcool ou de la rébellion, elle a mené à chaque fois à des peines de prison.

Au mauvais endroit au mauvais moment

Le 27 mai 2022, un lycéen de Pamandzi âgé de 16 ans a été la victime de violences en réunion, devant son établissement scolaire. Au total, quatre jeunes du quartier de la Vigie l’ont lynché et lui ont volé sa sacoche, mais un seul a été identifié. Ce mardi, au tribunal judiciaire de Mamoudzou, il justifie son acte violent par une quête de vengeance liée à une rivalité avec une bande de Pamandzi. Selon l’agresseur lui-même, la victime « n’y est pour rien, mais des gens de Pamandzi ont volé notre vélo ». Cette dernière a subi des blessures sur sa hanche, son torse et ses mains, laissant des marques physiques et émotionnelles. Condamné entretemps pour des faits de violence, notamment une expédition punitive, il y a deux mois, à Labattoir, le prévenu d’origine comorienne ne nie pas les violences et explique qu’en prison, « il a beaucoup réfléchi ». La procureur adjointe, Louisa Aït Hamou, est dubitative. Elle souligne que « la violence n’est pas gratuite, elle est voulue ». « Ce monsieur a fait le choix de ne pas donner les noms de ceux qui l’accompagnaient. Il s’est attaqué et a empêché la fuite d’un garçon de 16 ans qui avait simplement le malheur d’être identifié comme étant de Pamandzi. » Le tribunal a suivi ses réquisitions, à savoir huit mois de prison ferme.

Le vol d’une bouteille de vin finit en pugilat

Gier Houmadi, un jeune homme de 22 ans, a ajouté une ligne de plus à son casier judiciaire, ce mardi. Sa soirée du 7 juillet 2023 se déroule en deux temps. Cela commence par sa tentative de vol d’une bouteille de vin d’une valeur de 25 euros dans un restaurant de Combani. Alcoolisé (il est déjà à deux litres de bière), il surgit dans l’établissement avec un autre homme pour attraper la bouteille dans le frigo. S’ensuit une bagarre avec un client habituel et la servante du restaurant. Le prévenu quitte, furieux, les lieux non sans avoir jeté des pierres sur les restaurants et ayant des idées de vengeance. Car quelques heures plus tard, celui qui est sous contrôle judiciaire et n’a pas normalement l’autorisation de quitter Koungou (où il réside) débarque dans un bar-dansant de M’roalé avec une vingtaine de personnes pour s’en prendre au client du restaurant précédent. Les coups avec des armes divers pleuvent pour la victime qui dit s’en être sortie « miraculeusement ». Interpellé le 13 juillet 2023, Gier Houmadi fait l’objet d’une nouvelle condamnation avec mandat de dépôt, ce mardi. Il devra faire un an de plus à Majicavo, auquel s’ajoute une autre année avec sursis.

Un groupe alcoolisé qui s’en est pris aux gendarmes

Accusés de violence sur trois gendarmes (deux se sont constitués partie civile), trois jeunes hommes d’une vingtaine d’années devaient répondre de rébellion lors de leur interpellation le 10 juillet 2023. Ce jour-là, les trois jeunes Mahorais boivent ensemble et provoquent l’intervention de la gendarmerie. Ils résistent et un sac jeté blessent légèrement les militaires. Maître Soumetui Andjilani, qui défendait l’un des trois prévenus, retenu à La Réunion, a demandé la nullité de la citation, une autre concernant le procès-verbal de l’interpellation et une dernière pour la garde à vue. Son client alcoolisé avait été maintenu attaché à un banc pendant plusieurs heures faute de cellules disponibles. « Les gendarmes disent qu’il était positif, mais qu’ils ont été incapables de le faire souffler dans l’appareil », fait-il remarquer. La procureure adjointe a répondu en indiquant que les militaires avaient tout à fait le droit de ne pas l’auditionner, l’estimant « pas en état ». Elle ajoute que le prévenu lui-même a reconnu avoir bu du rhum. Les demandes ont été rejetées et les trois ont été finalement condamnés à quatre mois d’emprisonnement avec sursis.

A peine libéré, un jeune de Mandzarsoa retourne en prison

Outre la violence, trois jeunes hommes du quartier Mandzarsoa, à M’tsapéré, ont été jugés pour recel de bien provenant d’un vol, ce mardi. Le 17 juillet 2023, ils se sont retrouvés en possession d’une carte bancaire subtilisée dans le coffre d’un scooter. Si l’auteur du larcin n’a pas été identifié, leurs versions divergeant, ce qui est sûr, c’est qu’un paiement a été effectué au Somaco de Baobab pour acheter à manger. Quelques heures plus tard, la carte a failli servir à acheter de l’alcool dans le Douka Bé de Mandzarsoa, mais le propriétaire ayant fait opposition, celle-ci n’a pas fonctionné. Voyant les relevés, le scootériste a mené sa propre enquête et, dans le deuxième magasin, a pu identifier les trois jeunes sur la vidéosurveillance grâce à l’aide du vendeur. Il s’agit de trois habitants du quartier, dont deux connus par les forces de l’ordre pour des vols et des violences en réunion. Ils ont été rapidement interpellés.
Ce mardi matin, au tribunal, seul un des protagonistes est présent, car il purge une peine de prison dans d’autres affaires. Face aux juges, il admet de nouveau sa participation. « « Domi » a dit qu’il avait trouvé une carte. J’ai dit qu’il fallait l’utiliser », explique-t-il, avant d’ajouter : « On croyait qu’elle était perdue ». « Mais même si elle perdue, vous savez qu’elle n’est pas à vous », réplique Wendy Thy Tine, l’une des trois juges. La procureure adjointe, Louisa Aït Hamou, s’inquiète du parcours du prévenu. « Dans ces conditions, il va recommencer. Il n’a pas de travail, pas de projets et pas de situation régulière », constate-elle. Elle requiert six mois de prison avec sursis contre lui, la même chose contre celui qui n’a pas de casier. Par contre, contre le chef de la bande, elle demande huit mois de prison ferme, notant qu’il y a la récidive, ses dénégations et le fait qu’il ne soit pas présent au procès, alors qu’il vient de sortir de prison (le 19 janvier). Le tribunal suit les réquisitions, sauf pour le primo-délinquant dont la sanction est ramenée à deux mois de prison avec sursis.

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