Kawéni : Huit hommes jugés pour la mort d’un caïd de quartier en avril 2019

Un règlement de comptes entre une bande de Kawéni et un jeune homme de 22 ans avait mené à la mort de ce dernier, dans la nuit du 12 au 13 avril 2019. Huit hommes sont actuellement jugés par la cour d’assises des mineurs depuis ce mardi, au tribunal de Mamoudzou. Quatre sont accusés d’avoir porté les coups, les quatre autres de complicité.

Les jurés de la cour d’assises des mineurs devront se prononcer vendredi soir sur la responsabilité ou non de huit jeunes hommes d’origine comorienne dans la mort de « Sergent », le 13 avril. La veille, la victime âgée de 22 ans, défavorablement connue des services de police, s’en est pris à un jeune habitant de Kawéni. Âgé de 18 ans, celui qui est frappé fait partie d’une bande du quartier du Nouveau Bandrajou. Comme il le raconte lui-même au tribunal, ce mardi : « Je venais de me réveiller. J’ai entendu Sergent et un de ses copains rentrés dans le banga où je dormais. Ils se disputaient. Je suis allé dehors pour m’asseoir. Ils sont sortis, m’ont demandé où se trouvait un ami. Je ne savais pas, mais ils voulaient m’obliger à leur dire. Le copain de Sergent m’a frappé deux fois aux lombaires avec un sac rempli de cadenas ». Apeuré, il fuit et ne revient que plus tard au banga, en prenant soin de ne pas croiser ses deux agresseurs.

Il retrouve ensuite une partie de sa bande au « chantier », un lieu du quartier où ils ont l’habitude de traîner ensemble. L’acte nécessite des explications, pensent les membres du groupe. Ils organisent donc une expédition et procèdent à «une  descente » pour trouver Sergent. Après une première tentative infructueuse, ils le ramènent accompagné d’un de ses amis au « chantier ».

Une leçon qui tourne mal

Alors que tout le monde est assis face au caïd, l’un des jeunes hommes va chercher la victime du matin-même et un autre membre de la bande dans le banga voisin. « On s’est rendu au chantier, j’ai vu un morceau de bois qui trainait par terre. Je l’ai pris et j’ai donné un coup à la tête de Sergent », se souvient celui qui veut se venger ainsi de la punition du matin. Avec la violence du choc sur la boîte crânienne, Sergent s’effondre. Trois autres sont désignés comme ceux qui ont ensuite porté des coups. « J’en ai donné un dans les côtes avec le plat de ma machette », confirme un accusé de 25 ans qui a été le premier interpellé deux jours après à Dzoumogné. Un autre, âgé de 17 ans à l’époque, avoue avoir utilisé un marteau, tandis que le dernier aurait donné un coup de pied. Si l’autopsie n’a pas révélé une pluie d’attaques, celles portées notamment à la tête ont provoqué la mort du caïd, le 13 avril.

Les quatre autres coaccusés sont poursuivis pour complicité, puisque rien ne prouve qu’ils ont également participé aux coups qui s’avéreront mortels. Les deux plus âgés, de 31 et 26 ans, et un autre de 24 ans sont accusés d’avoir ramené la victime au chantier et d’avoir été simplement présents. Le dernier, moins inquiété et mineur au moment des faits, n’a pas été mis en cause par les autres. Au contraire, ils ont expliqué qu’il n’était pas présent ni au cours des expéditions ni au moment des coups.

Les huit ont en tout cas encore trois jours pour s’expliquer sur les faits.

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