Deux hommes ont comparu, ce mercredi, au tribunal de Mamoudzou. L’un pour des violences sur sa compagne, le 16 décembre dernier, l’autre pour être intervenu à l’aide d’une arme. Si la légitime défense vis-à-vis de la jeune femme n’a pas été retenue, le deuxième a été condamné à six mois de prison avec sursis. Le conjoint violent, lui, a écopé de neuf mois de prison ferme.
L’homme de 52 ans n’en démord pas. Pour lui, il n’a fait que son devoir en intervenant dans une dispute du couple voisin. “Je voulais défendre la fille”, répète-il d’un ton las au tribunal correctionnel de Mamoudzou, ce mercredi. Quelques mois plus tôt, le 16 décembre, dans le quartier de Kwalé, à Tsoundzou 1, un énième esclandre éclate. Ivre, le compagnon de 23 ans reproche à sa future épouse de ne pas s’occuper de leur enfant de quelques mois. Alors que le mariage, “arrangé” selon elle, approche, ces moments de tension sont récurrents. Des premiers coups sont donnés. Frappée sur le haut du corps, la jeune femme se réfugie dans les toilettes. Puis, c’est au moment où elle ressort qu’il lui donne un coup avec le manche d’une pelle. La victime aurait alors appelé son voisin selon ce dernier.
Muni de son pistolet à billes, il quitte la terrasse où il s’entraîne (il est membre d’un club de tir de Mamoudzou) pour intervenir. “J’ai vu le compagnon avec une pioche qu’il tenait des deux mains au-dessus d’elle”, explique-t-il aux policiers lors de son audition. “À une dizaine de mètres”, il tire sur le jeune homme au niveau du torse, le blessant légèrement. Ce dernier fuit vers le stade de Kwalé et prévient la police. Quelques minutes plus tard, les forces de l’ordre interpellent le plombier. “Je me suis rendu”, précise-t-il ce mercredi, avant de rappeler qu’il a toujours reconnu les faits.
Le conjoint était-il tenu ?
Si les versions divergent sur le geste ou non avec la pioche, les conditions dans lesquelles le quinquagénaire a appuyé sur la détente ne sont pas claires non plus. Pour les deux membres du couple, un copain de l’homme armé était aussi présent et tenait le futur mari au niveau de la gorge quand le coup est parti. Une version que réfute toujours le prévenu de 52 ans. “Pourquoi j’aurais tiré s’il était maîtrisé ?”, fait valoir le plombier, niant la présence d’un ami à ses côtés. Les deux versions qui s’opposent à la sienne ont été relevées par la substitut du procureur, Sarah Mbuta. “La jeune femme n’avait aucun intérêt à ne pas dire la même chose que vous”, fait-elle remarquer, avant de rappeler “qu’il n’appartient pas au citoyen de se faire justice lui-même”. Maître Luc Bazzanella, pour la défense, lui répond dans la foulée : “Il serait bien que justice soit faite […]. C’est à cause de cet homme que l’agression sur cette femme a été arrêtée. Ne pas intervenir aurait été une non assistance à personne en danger.” En outre, il argue que l’homme est armé depuis la fois où il a dû sauver sa famille de l’incendie volontaire de sa maison en juin 2016 et que la blessure du compagnon “n’est pas bien méchante”.
Alors que la substitut du procureur demande la même peine pour les deux prévenus, soit huit mois de prison ferme, le juge Kamel Souhail décide de ne pas suivre les réquisitions du ministère public. Le tribunal de Mamoudzou condamne finalement le compagnon pour les violences sur sa concubine à neuf mois de prison ferme et une interdiction de port d’arme de cinq ans. L’auteur du tir écope, lui, de six mois avec sursis, ainsi que d’une interdiction de port d’arme pendant trois ans, pour violence avec usage d’une arme.