L’ex-avocat Jacques Tchibozo revient à Mayotte régler ses comptes

Poursuivi pour des agressions sexuelles par d’anciennes collaboratrices, l’ex-avocat du barreau de Mayotte Jacques Tchibozo était de retour au tribunal de Mamoudzou, ce mardi. Il accusait six de ses anciens collaborateurs et l’une de ses clientes « d’un complot » contre lui. Le tribunal correctionnel de Mamoudzou donnera son délibéré le 10 mai prochain.

ex-avocat-jacques-tchibozo-revient-mayotte-regler-comptesC’est un scandale né dans un cabinet d’avocats de Mayotte qui s’est retrouvé une nouvelle fois, ce mardi, au tribunal correctionnel de Mamoudzou. L’ex-avocat Jacques Tchibozo, habitué des lieux, n’était cette fois pas là pour défendre un client, mais bien accuser d’anciens collaborateurs, sous l’œil de quelques confrères venus en curieux. « Dénonciation calomnieuse », « complicité de dénonciation », « faux témoignage », les faits reprochés aux sept prévenus n’ont qu’un but, laver l’honneur de Jacques Tchibozo, mis en cause en 2013 dans des tentatives de viols et d’agressions sexuelles. Bénéficiant d’un non-lieu, c’est vrai, dans une affaire contre une ancienne cliente, il se targue aujourd’hui de pouvoir condamner six de ses anciens collaborateurs et la cliente, à l’origine selon lui « d’un complot ». Il oublie de dire toutefois que ses affaires ne sont pas terminées et qu’il doit passer le mois prochain devant la cour d’appel pour des agressions sexuelles [N.D.L.R. il a été condamné à cinq ans de prison par le tribunal de La Réunion en 2018]. Radié du barreau de Mayotte, l’homme dit être toujours « enregistré au barreau du Québec » où vit sa famille. Mais, parce que l’ambassade du Canada refuse de lui accorder un visa, il est coincé à La Réunion.

 « L’instruction n’a voulu me laisser aucune chance »

Au cours de sa plaidoirie, l’ancien avocat tente dans un style confus de déterminer comment ses anciens collaborateurs se sont ligués contre lui. Il cite ainsi un repas au cours de laquelle une partie des prévenus auraient décidé de le faire tomber et se lance dans un long monologue parfois interrompu par la présidente du tribunal. Liselotte Poizat lui fait alors remarquer à maintes reprises qu’il se perd « dans les détails ». « Je ne suis pas un enfant. Je suis la victime ici », lui crie-t-il en réponse.

Se posant en tant que victime justement, il tente de démontrer que l’enquête en 2013 était à charge. « L’instruction n’a voulu me laisser aucune chance », « ces gens ont menti délibérément », se défend-il, parlant parfois de lui à la troisième personne du singulier. Son succès avec les femmes ou celui de son cabinet auraient provoqué « des jalousies » de la part de ses confrères. Sur les accusations d’agressions sexuelles, il affirme qu’elles étaient « consentantes » et réfute le sentiment de peur décrit par l’une de ses secrétaires. Ses anciens avocats salariés ne sont pas épargnés par les critiques. « Qu’est-ce que je lui ai fait pour qu’il me traite comme ça ? » déplore-t-il, au sujet d’un avocat poursuivi pour faux témoignages.

Ce dernier, maître Charles Simon, ne mâche pas ses mots quand il évoque son ex-employeur. « Il se comporte comme un gros porc », « complètement fou », « personne égocentrée », « autoritaire », les qualificatifs négatifs pleuvent à la barre, pendant que l’intéressé continue de sourire.

Les autres avocats ne sont pas plus tendres. Défendant deux prévenues, maître Nadjim Ahamada plaident la relaxe. Qualifiant Jacques Tchibozo de « pervers sexuel », celui-là même qui a demandé la radiation de l’ancien avocat estime que son opposant a « un problème avec les femmes ». Il réclame 10.000 euros, 5.000 euros pour chaque cliente, pour les frais de justice.  Maître Alexandre Volz demande lui 1.500 euros de frais de justice pour une ancienne avocate du cabinet de Jacques Tchibozo.

Le tribunal correctionnel, au bout d’un procès qui a duré cinq heures, a annoncé un délibéré pour le 10 mai prochain.

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