Un long casier judiciaire, son ADN et des empreintes retrouvés sur plusieurs vols en 2019 et 2020… L’homme de 30 ans qui s’est présenté ce mercredi au tribunal de Mamoudzou avait peu de choses pour se défendre. Sa situation à l’époque ne plaide pas non plus pour lui. Fin 2018, il avait profité d’une permission de sortie pour ne jamais revenir à la prison de Majicavo. Il y restera dix-huit mois de plus a décidé le tribunal correctionnel.
Des avocats au rang des parties civiles, on ne voit pas ça tous les jours. Mercredi matin, lors de l’audience, ceux du cabinet Ysys situé à Majicavo ne voulaient surtout pas rater le passage d’un prévenu. Djalalidine, un homme pas très grand, s’avance à la barre. Avec huit condamnations à son actif, notamment des vols (cinq) et un viol aggravé pour lequel il a été condamné à dix ans de prison, il connaît bien ce tribunal… Si les avocats s’intéressent de près à l’affaire, c’est qu’il doit répondre de trois vols, dont l’un au cabinet Ysys justement, en septembre 2020. Une série, en outre, perpétuée alors qu’il échappait à son contrôle judicaire depuis la fin de l’année 2018. Ce n’est que le 24 novembre 2020 qu’il a fait son retour en prison.
Décrivant « un mode opératoire identique » et dans la même zone géographique, la présidente du tribunal, Chantal Combau, reprend les faits un par un. Le 31 août 2019, un ordinateur portable est dérobé au Jumbo Score de Majicavo. Une clé à molette est retrouvée sur place avec l’ADN du trentenaire. Rebelote dans la nuit du 11 au 12 août 2020, cette fois, c’est un pied de biche qu’il aurait manipulé. L’outil a servi à arracher une tôle pour lui permettre de passer par le toit du magasin Monsieur Bricolage. Une somme de 14.778 euros a été subtilisée puisque la clé du coffre était laissée sur place.
« Mes clients passent par la porte »
Enfin, dans la nuit du 24 au 25 septembre 2020, c’est le cabinet d’avocats qui a été visité. Un barreau d’une fenêtre a été scié pour que lui, et sans doute d’autres personnes (des messages écrits ont été laissés), puissent rentrer. Deux sommes ont été volées. Une première de 1.000 euros appartenant à une avocate, tandis qu’une seconde de 2.700 euros est à la propriété du cabinet. Étant donné qu’un seul bureau a été particulièrement fouillé, la présidente demande logiquement si Djalalidine a déjà été représenté par ce cabinet. « Mes clients passent par la porte, pas par la fenêtre Madame la présidente », fait remarquer avec humour maître Soumetui Andjilani.
Malgré les éléments contre lui, le prévenu continue de nier au tribunal. « D’habitude, je reconnais quand c’est moi. Mais je reconnais quand il y a des preuves », dit-il à la présidente, qui note la nuance. Sa défense se heurte pourtant à un mur sur la dernière affaire de vol. Certes, il n’y a pas d’empreintes à l’intérieur du cabinet. Mais les enquêteurs en ont trouvé à l’extérieur, sur le mur où il y a la fenêtre dont le barreau manque. Alors qu’il peut difficilement expliquer la présence de ses empreintes, les avocats lui donnent cette fois un coup de pouce, en relevant que le cabinet est au premier étage et que la fenêtre est difficilement accessible, sauf à l’aide d’une échelle. Il tente de répondre en expliquant qu’à la vue des gendarmes (il était alors toujours en fuite), il s’est caché à cet endroit.
Peu convaincu par ses arguments, le tribunal correctionnel de Mamoudzou l’a condamné à dix-huit mois de prison. Il devra également rembourser l’avocate volée de 1.000 euros, dédommager le cabinet de 2.840 euros et verser un euro symbolique pour le paiement des frais d’avocat.