Ibrahim, 19 ans, a été condamné par le tribunal de Mamoudzou, ce mardi matin, à une peine de douze mois d’emprisonnement dont huit mois assortis du sursis pour un vol aggravé sur la route de Vahibé en août 2023. Déjà détenu pour des faits similaires, le jeune coupeur de route a insisté sur le rôle de l’alcool dans sa dérive.
« En prison, je n’arrive pas à dormir, je fais des cauchemars. » Ibrahim, 19 ans, est incarcéré au centre pénitentiaire de Majicavo-Koropa depuis fin août 2023. Selon ses dires, il vit un calvaire dans sa cellule, tandis que la victime du vol avec violences, l’auteur le 14 août 2023, n’est pas présente à l’audience pour donner sa version. Car c’est un calvaire court, mais intense, vécu sur la route de Vahibé, tôt ce matin-là. Alors qu’il se rend sur son lieu de travail, le scootériste croise des coupeurs de route, sur les coups de 5h. Deux hommes armés de machettes et dont les visages sont dissimulés le font tomber de son scooter avant de le délester de 200 euros et d’un téléphone portable. Les voleurs repartent avec son scooter, sans parvenir à le démarrer. Ils abandonneront l’engin quelques mètres plus loin sur le bas-côté. Le jeune homme dépose une première plainte au commissariat de Mamoudzou le jour des faits.
Dès le lendemain, il indique aux policiers avoir recueilli des indices sur l’identité des auteurs. Un témoin qui souhaite rester anonyme l’aurait informé qu’un des voleurs se prénomme « AD » et qu’il habite à Vahibé. Ce dernier, un mineur, est le frère cadet d’un certain « Fredo », incarcéré à Majicavo. « AD » est arrêté sur la base de ces renseignements. Rapidement, le mineur donne le nom de son complice, surnommé « Nardo délire ». Il s’agit d’Ibrahim, un jeune qui habite également à Vahibé.
L’alcool en guise d’excuse ?
« Je ne reconnais pas les faits », lance d’emblée Ibrahim. Le jeune majeur bricole à l’audience, présidée par la juge Aline Charron, sa version des faits. Alcoolisé, il aurait croisé un jeune homme en remontant la route depuis Tsoundzou, avant de se retrouver mêlé à un caillassage. Les juges et la procureure adjointe, Françoise Toillon, sont sceptiques. Ibrahim raconte qu’il aurait reçu pour seul butin des bières. « Est-ce que ça valait le coup de faire ça pour des bières ? », ironise la présidente de l’audience. L’homme le reconnaît de lui-même, il buvait beaucoup à cette période et doit prendre des médicaments en prison pour combler le manque. Pour le Parquet, il tente de « se dédouaner », le motif de l’agression étant, comme très souvent à Mayotte, « crapuleux ». De plus, le jeune majeur a « accumulé ce type de comportements » dans cette période de sa vie, souligne la parquetière. Preuve en est, le 28 août 2023, Ibrahim a été condamné à douze mois d’emprisonnement en comparution immédiate pour d’autres faits de vols avec violence et entrave à la circulation. « Bon an mal an, on va dire que Monsieur reconnaît ce qu’on lui reproche », lui concède Françoise Toillon. Toutefois, il « n’a aucune réflexion sur la dangerosité de ses actes », rajoute-elle, avant de requérir douze mois d’emprisonnent ferme à l’encontre du jeune coupeur de route. Sans avocat, Ibrahim est le dernier à prendre la parole. Après un moment de réflexion, tête baissée, il assure avoir « de la compassion pour la victime ».
Le tribunal a légèrement revu à la baisse les réquisitions du parquet en le condamnant à douze mois d’emprisonnement dont huit mois assortis du sursis.
« On ne joue pas avec l’affiliation »
Le 25 octobre 2022, Saphira* accouche de son sixième enfant. Quelques mois plus tard, un signalement est effectué par un officier de l’état-civil de Dzaoudzi pour « reconnaissance frauduleuse ». Un drôle de manège a attiré la curiosité du fonctionnaire : la mère de famille a donné le nom du père à une sage-femme lorsqu’elle accouchait, et ce dernier diffère de celui communiqué à l’état-civil. Simple erreur, ou tricherie ? Il apparaît que le père enregistré à l’état-civil est le mari de la cousine de la génitrice. Interrogée, cette dernière reconnaît à demi-mot que le « vrai père », hors du département, n’a pas souhaité faire les démarches. De son côté, l’homme impliqué, de nationalité française contrairement au « vrai père », déclare qu’il n’a pas été avisé qu’un bébé portait désormais son nom. La mère, en situation irrégulière à Mayotte, aurait subtilisé ses documents d’identité en douce. « Vous avez utilisé ce jeune homme pour arriver à vos fins, pour faire reconnaître votre enfant dans l’espoir de le régulariser », assène la procureure adjointe à la mère de famille. Pour le ministère public, l’homme à la barre « est plus victime qu’auteur ». L’instigatrice, quant à elle, a agi « en connaissance de cause ». « On ne joue pas avec l’affiliation », tance la magistrate. Sur décision du tribunal, l’homme écope d’un stage de citoyenneté, tandis que la mère de famille est condamnée à trois mois d’emprisonnement intégralement assortis d’un sursis.
*Prénom d’emprunt