Selon des médias locaux, la franco-comorienne, serait visée par une plainte du directeur de cabinet chargé de la défense comorien pour diffamation. Toutefois, le conseil de la quinquagénaire connue à La Réunion où elle s’occupe des enfants placés dément avoir vu la plainte en question.
Venue assister au mariage de sa nièce, Fatima Mze Saïd est enfermée à la gendarmerie des Comores depuis une semaine. Et les motifs de son incarcération sont sujets à des interrogations. En effet, selon des articles publiés ce lundi, par les journaux Al-Watwan et la Gazette des Comores, la militante des droits humains serait sous le coup d’une plainte, déposée par le directeur de cabinet chargé de la défense, Youssoufa Mohamed Ali. Ce proche et fidèle de l’ex-putschiste, Azali Assoumani, réélu dans la contestation en janvier dernier, s’estimerait diffamé. Cependant, le conseil de Fatima Mze Saïd dément. « Je n’ai pas vu la plainte en question, ma cliente non plus. Elle a juste reçu une convocation comme quoi elle devait se rendre à la gendarmerie de Foumbouni (N.D.L.R. en Grande-Comore) dès réception. Sans motif et sans qu’elle ne sache qui a porté plainte « , a clarifié maître Djamal El-Dine Bacar, qui a précisé qu’à ce stade de la procédure, il peut s’exprimer en tant que conseil et non avocat. Au cours de notre entretien, ce lundi, cet avocat au barreau de Moroni a exprimé son inquiétude quant aux conditions de détention de Fatima Mze Saïd, dont le passeport et le billet ont été saisis il y a quelques jours. « Quand elle était à la brigade des recherches, elle n’a pas été bousculée ou violentée. Maintenant, elle est transférée au niveau de la brigade judiciaire, c’est compliqué de se prononcer sur son état dans la mesure où ni son mari ni sa sœur n’arrivent à la voir », a ajouté le conseil.
Pas de plainte
Ce dernier a saisi cette occasion pour démentir les informations relayées par certains médias locaux, lesquels affirment que la militante franco-comorienne de 54 ans aurait déjà ignoré des convocations qui lui auraient été adressées. « Ce n’est pas vrai. La seule convocation qu’elle a reçue est celle du 23 juillet », assure-t-il tout en dénonçant la garde à vue interminable aux allures d’une séquestration imposée à sa cliente. « La garde est vue est de 48h selon la loi. Là nous sommes rentrés dans autre chose », a relevé le conseil. Résidente de La Réunion, Fatima Mze Saïd se trouve aux Comores avec son mari depuis le 12 juillet pour des vacances. Elle est venue célébrer le mariage traditionnel de sa nièce. « Ce qui me fait peur, c’est qu’avant d’être militante, c’est d’abord une mère de quatre enfants, c’est une femme qui travaille avec le département réunionnais et qui fait office de famille d’accueil s’occupant des enfants placés par l’État. Aussi c’est une femme d’action », rappelle, son époux, Mohamed Nourdine. A l’en croire, au-delà de son militantisme (celle-ci est également porte-parole de Stop Wuambushu Réunion), Fatima s’implique beaucoup dans les actions sociales. A Saint-Denis, elle est à la tête aussi d’une association humanitaire sociale et éducative, qui s’appelle Eco-oi (Échanges Comores océan Indien). Sa mission est d’aider et accompagner les familles des compatriotes comoriens qui font l’objet d’une évacuation sanitaire (Evasan), après avoir transité le plus souvent par Mayotte.
Humanitaire
Cette assistance s’avère cruciale puisque la plupart d’entre eux ne savent pas parler français et se trouvent vraiment dans des situations très précaires. L’association fournit des repas pendant le mois de ramadan aux personnes evasanées. Pour son mari, si Fatima n’est pas libérée, tout cela risque de s’effondrer. « En tout cas je ne crains pas pour sa vie car seul Dieu a ce pouvoir de donner ou d’ôter la vie », a poursuivi l’air combatif, Mohamed Nourdine qui a partagé l’attitude actuelle de la famille de sa femme. « La famille traverse cette épreuve avec dignité surtout sa mère, ses oncles et ses frères et sœurs. On ne l’a pas mise en détention parce qu’elle a détourné de l’argent pour venir financer le mariage de sa nièce. Mais juste pour avoir exprimé son opinion », fait-il remarquer, confirmant que des membres de la famille de Fatima ont tenté de la dissuader de venir. Est-ce en raison des problèmes qu’elle a eus au moment de rentrer à La Réunion il y a presque six mois ? Fin janvier, la militante, très proche des mouvements d’opposition réclamant un état de droit aux Comores, avait été momentanément empêchée de rentrer.
Dans une vidéo qu’elle avait publiée une fois à la maison, elle dénonçait la méthode utilisée par les autorités, citant en premier lieu le directeur de cabinet chargé de la défense, complice selon la militante, des atrocités qui sont commises par ce régime. D’aucuns pensent que ce sont ses déclarations postées en ligne qui sont à l’origine de son incarcération.
Journaliste presse écrite basé aux #Comores. Travaille chez @alwatwancomore
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