Initialement prévue le 13 septembre, l’opération de lutte contre l’habitat indigne au quartier Gnambotiti à Bandrélé a été annulée après le recours de plusieurs habitants toujours sur place. Celui-ci était jugé, ce mardi 27 septembre, au tribunal administratif de Mamoudzou, avant une décision rendue la semaine prochaine.
« Il ne reste que les familles des cinq requérants et une autre », estime Psylvia Dewas. Celle qui est en charge de la résorption de l’habitat illégal pour la préfecture était ce mardi matin, au tribunal administratif de Mayotte. Elle y a défendu le décasage du quartier Gnambotiti à Bandrélé, une opération finalement annulée le 13 septembre dernier à cause d’un recours de quelques habitants.
En effet, si quelques-unes des 112 personnes recensées sur ce secteur ont préféré partir ou accepté les solutions d’hébergement, d’autres sont déterminées à rester. « Ça fait trente ou quarante ans qu’on habite là », déplore l’une des requérantes, à la sortie de l’audience. Selon l’arrêté préfectoral daté du 6 juillet, « les habitats présentent des risques graves pour la salubrité, la sécurité et la tranquillité publiques, en l’absence notamment de réseau d’alimentation en eau potable, de collecte des eaux usées et des eaux pluviales, de voiries et d’équipements collectifs ».
En outre, la préfecture avance le risque d’inondations sur cette portion de Bandrélé située en bordure de lagon. Un principe de précaution contre les catastrophes naturelles qui a du mal à passer auprès des habitants. « On ne nous l’a jamais dit. Pourtant, la municipalité passe à côté de chez nous tous les jours », attestent-ils. Maître Érick Hesler, l’avocat des requérants, plaide la même chose : « Cela fait 40 ans qu’ils habitent là. D’un seul coup, on leur dit que c’est inondable ! »
Des propositions d’hébergement dès décembre 2021
Dans le recours, les habitants pointaient le manque de propositions d’hébergement en citant l’attestation faite par l’Acfav, l’association chargée de faire l’enquête sociale. Sur celle-ci, il était indiqué que quatre ménages ont accepté les propositions d’hébergement et que quatorze ont refusé. « Ceux que je défends ne sont pas dessus, alors que c’est une obligation légale », stipule leur avocat. « En décembre 2021, ils ont accepté une proposition d’hébergement. Depuis, ils ne sont plus sur la liste », ajoute-il. À ces mots, Gil Cornevaux tique. Le président du tribunal administratif estime que « ça ressemble à de l’obstruction », puisque quelques minutes avant, la préfecture a laissé entendre que cette liste « est évolutive » et peut intégrer d’autres noms.
Sur les propositions d’hébergement, Psylvia Dewas fait remarquer « que certains ont accepté, puis n’ont plus voulu voir les enquêteurs ». Elle rappelle que des places au village Coallia de Tzoundzou II sont toujours disponibles. Prévue six mois, la durée de cet hébergement temporaire peut être rallongée. Un argument qui n’a pas fait mouche. Rejoindre Mamoudzou intéresse peu les habitants qui ont grandi à Bandrélé et dont les enfants fréquentent les écoles de la commune. « C’est compliqué de les faire scolariser ailleurs. Ils ne sont pas forcément pris en cours d’année », dit craindre une mère de famille.
À Mayotte la semaine prochaine, Gil Cornevaux a promis qu’il donnera sa décision à ce moment-là.