Début du procès pour une bande faisant régner la terreur aux Hauts-Vallons

Des cinq condamnés en mai 2022, trois ont choisi de faire appel et sont jugés, jusqu’au vendredi 14 avril, par la cour d’assises d’appel des mineurs. Agés de 16 et 17 ans à l’époque, ils doivent répondre de faits de vols et de viols avec arme et en réunion datant des mois d’avril et juillet 2016, dans le quartier des Hauts-Vallons, à Mamoudzou.

Quand le terre-plein des Hauts-Vallons n’était pas encore le grand bâtiment de Mayotte la 1ère, le lieu était la cible en 2016 d’une bande particulièrement violente. « A cette époque, vous saviez qu’une bande sévissait », demande justement Cyril Ozoux, le président de la cour d’assises, ce mardi 11 avril. « Oui, bien sûr. On entendait souvent parler d’agressions », répond le premier témoin de ce procès d’assises qui doit durer quatre jours au total. L’homme grand et solidement bâti fait partie des victimes de la meute qui lui est tombé dessus un soir, alors qu’il discutait avec son amie à l’extérieur du véhicule. « Une dizaine d’individus cagoulés et armés nous ont entouré. Ils m’ont demandé de passer à l’arrière », se souvient-il. Profitant d’un moment d’inattention, il est parvenu à s’enfuir. Tous n’ont pas eu cette chance. Dans plusieurs cas, sur les trois soirs visés par la prévention, les 19 et 24 avril, ainsi que le 7 juillet, des viols ont été commis. Avec, comme le décrit le témoin, un mode opératoire similaire. A quelques exceptions près, le même groupe profitait de l’obscurité pour s’en prendre aux automobilistes ou scootéristes sur ce lieu isolé. Certains portaient des masques, des cagoules, voire un bonnet de père Noël. Agés de 16 et 17 ans, ils opéraient à la lueur de torches armés de pierres, de machettes, de bâtons et de couteaux. Et s’ils dérobaient souvent ce qu’il y a dans les véhicules, ils n’hésitaient pas à s’attaquer sexuellement à leur victime. Le 19 avril par exemple, c’est une prostituée qui sous la contrainte a dû avoir des relations sexuelles avec plusieurs d’entre eux. D’autres fois, des jeunes femmes de 16 et 17 ans étaient mises à l’écart pour subir le même rituel. C’est d’ailleurs le sperme retrouvé sur les victimes qui a permis de confondre au fur et à mesure les auteurs habitant à Kawéni ou Majicavo. Les témoignages des uns et des autres ont permis à cinq accusés d’être condamnés par la cour d’assises, le 25 mai 2022.

La minorité écartée en première instance

Ainsi, les trois hommes de 23 et 24 ans, sur le banc des accusés ce mardi, sont en détention depuis. Le plus jeune a écopé de douze ans de prison, les deux autres, respectivement à huit et quatorze ans. Natifs de Mamoudzou ou Koungou, ils ont fait appel et espèrent diminuer leurs peines, ce vendredi, au dernier jour du procès. Le premier, 23 ans aujourd’hui et natif de Koungou, doit répondre des faits de vol et viol pour les trois soirs. Le deuxième, âge de 24 ans et de Mamoudzou, fait face aux mêmes accusations, mais pour les 24 avril et 7 juillet. Enfin, celui qui a eu la peine la plus lourde a été désigné comme un leader du groupe par les co-accusés. Présent les trois soirs, le jeune homme de 24 ans est accusé aussi de vols et viols, sauf pour le 24 avril, où c’est la complicité de viol qui a été retenue.

Comme lors du procès de 2022, la question de la minorité va être remise sur la table. En première instance, celle-ci n’avait pas été retenue. Si c’est à nouveau le cas, les trois risquent une peine maximale de vingt ans, ce vendredi.

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