L’ancien président du Conseil départemental de Mayotte, Daniel Zaïdani, devra comparaître prochainement devant le tribunal correctionnel de Mamoudzou pour répondre de plusieurs accusations de détournement de fonds publics sur le budget de cette collectivité qu’il a dirigé pendant cinq ans. Il comparaîtra aux côtés d’Alain Kamal Martial Henry et d’Alhamidi Aboubacar, qui étaient en poste à l’époque.
Il s’agit d’un groupement de plusieurs affaires qualifiées de détournement de fonds publics sur le budget du Conseil départemental de Mayotte. Au premier rang de ces affaires qui ont déjà fait couler beaucoup d’encre au moment de leur instruction, le dossier dit « Sexion d’Assaut » du nom d’un célèbre groupe de rap français. Ce dossier est le plus emblématique parmi ceux présentés à charge contre l’élu de Pamandzi. L’instruction qui a duré plusieurs années est donc achevée, et la machine judiciaire estime disposer de charges suffisantes à l’encontre de Daniel Zaïdani, mais aussi d’un membre de son cabinet, Alhamid Aboubacar, conseiller spécial à l’époque, et d’Alain Kamal Martial Henry, qui occupait alors le poste de directeur des affaires culturelles du département. Les trois hommes sont poursuivis de manière collégiale et seront jugés à l’audience du 29 août 2023, à 8 heures. Dans cette première affaire, il est reproché à l’ancien président du Conseil départemental d’avoir fait payer par cette institution des billets d’avion à destination de Madagascar en faveur de tous les membres de Sexion d’Assaut, ainsi que leur cachet pour un concert donné le 7 septembre 2012 dans la ville de Diego-Suarez.
Il est aussi question d’un foutari à caractère privé au domicile de Daniel Zaïdani, à Pamandzi le 21 septembre 2012, payé lui aussi à l’aide de l’argent public. Autres faits reprochés à l’ancien Président du CD, la mise à disposition de véhicules de fonction à personnes qui n’auraient pas dû en bénéficier, en favorisant l’acquisition de deux véhicules Peugeot d’une valeur globale de 70 700 €, soit en dehors du seuil des marchés de gré à gré.
Complicité de détournement de fonds publics et assistance
Pour sa part, Alain Kamal Martial Henry, l’ancien directeur du service culturel départemental, est lui poursuivi pour complicité de détournement de fonds publics commis par Daniel Zaïdani au profit de Sexion d’Assaut. Il lui est reproché plus précisément d’avoir pris part aux négociations en amont et à la rédaction de la convention de financement pour les billets d’avion et le cachet payé au groupe lors de son concert à Diego-Suarez. De son côté, Alhamid Aboubacar, qui faisait campagne pour Jean-Luc Mélenchon lors des dernières élections présidentielles, se voit reprocher « une complicité par aide et assistance du délit d’atteinte à la liberté d’accès et d’égalité des candidats dans les marchés publics » dans l’affaire de l’achat des voitures à plus de 70 000 euros. L’ancien président du CD est maintenu sous contrôle judiciaire jusqu’à la date de ce procès, qui devra faire la lumière sur l’utilisation de l’argent public par le Département de Mayotte, qui en a pourtant bien besoin pour son développement.