En première instance, le tribunal correctionnel de Paris avait reconnu coupable Yemenia Airways pour blessures et homicide involontaires. La même sentence est encore réclamée ce mercredi 27 mars encore par la cour d’appel de Paris. Des erreurs de pilotages au cours de l’accident qui a fait 152 morts, le 30 juin 2009, au large des Comores, ont été relevées. Le verdict est attendu au 10 septembre 2024.
Comme en 2022, la peine maximale a été requise, ce mercredi 27 mars, contre la compagnie Yemenia Airways, qui était jugée en appel depuis le 4 mars, suite à l’accident survenu le 30 juin 2009 ayant causé le décès de 152 personnes, au large des Comores. Le procureur a demandé une amende de 225.000 euros contre la Yemenia Airways. La cour d’appel doit rendre son verdict le 10 septembre 2024. Au mois de juin 2022, la compagnie avait été reconnue coupable pour « blessures et homicide involontaires ». Mais ses avocats ne cachaient pas leur intention de vouloir faire appel. Puisque la loi ne l’interdisait pas, la cour d’appel de Paris a donc abrité un nouveau procès qui a duré presque quatre semaines. Voilà que la sentence réclamée par les procureurs ne diffère pas des décisions prises en première instance, il y a presque dix-huit mois. L’un des avocats de la partie civile s’en est réjoui. « Mes clients présents [mercredi] à la salle d’audience ont écouté avec soulagement les réquisitoires des deux avocats généraux qui non seulement ont requis à la culpabilité de la compagnie Yemenia Airways, mais demandé aussi l’aggravation de la peine », a déclaré l’avocat franco-comorien, maître Saïd Larifou. A l’en croire, la cour a exigé à ce que la peine soit publiée sur le site de la compagnie pour une durée de quatre mois.
Erreurs de pilotage
« C’est une satisfaction affichée par mes clients et je partage sans réserve le sentiment de justice vécu par eux. D’autant qu’ils ont suivi ma plaidoirie et demandé à ce que justice soit rendue aux 152 personnes décédées sans distinction de nationalité », a ajouté l’avocat selon qui le combat n’était pas fini. « Car nous allons devoir demander à l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar d’assumer ses responsabilités. Ce crash aérien était prévisible », a-t-il insisté. Ce procès en appel à la différence de celui qui s’est tenu devant le tribunal correctionnel de Paris au mois de juin 2022, a permis aux conseillers de prendre du recul et d’écouter toutes les parties. « Dans mes réquisitoires, j’ai beaucoup insisté sur le risque évident de déni de justice dans la mesure où le tribunal correctionnel avait rejeté je le rappelle les prétentions des parties civiles des proches des victimes de nationalité comorienne », a détaillé maître Larifou contacté par Flash Infos. Depuis le 4 mars, un nouveau procès était ouvert. Durant les premières semaines, la cour avait fait intervenir des experts de renom et des pilotes pour tenter de déceler les causes du crash du vol de l’A310 de la Yemenia, qui s’est abimé dans les eaux de la Grande Comores, voilà maintenant quinze ans. A la barre, ces experts ont indiqué que l’accident aurait pu être évité si les pilotes n’avaient pas commis autant d’erreurs. C’est le cas par exemple de l’absence constaté d’un préparatif avant l’atterrissage. « Il n’y a pas eu de briefing. Du coup, les pilotes ont pris des décisions incompréhensibles. Ils auraient également dû utiliser le pilote automatique, mais il s’avère qu’ils ne le maitrisaient pas », ont décortiqué les experts convoqués par la cour, pendant l’audience du 11 mars.
La formation des pilotes a été remise en cause également. Ces derniers n’étaient pas suffisamment formés pour atterir dans un aéroport comme celui de Moroni a rapporté l’Association des familles des victimes de la catastrophe aérienne de la Yemenia Airways (AFVC). Le parcours du copilote est qualifié de laborieux, lui qui a commencé à piloter des gros avions après 17 ans passés dans un autre domaine. Toujours selon le compte-rendu de l’association des victimes, il a été conclu que les séries d’erreurs de pilotage, tout comme le maintien de ce vol de nuit, qui aurait dû être déprogrammé, ont incontestablement contribué à ce drame. Les défauts des feux clignotants n’ont aucun lien avec le crash a précisé la batterie d’experts. On a noté une manipulation catastrophique dès l’entame de la procédure d’atterrissage. Autre particularité de ce procès en appel, un responsable de la compagnie a comparu en visio-conférence depuis la Jordanie. La seule survivante, Bahia Bakari, âgée de 27 ans aujourd’hui, a décrit la nuit cauchemardesque qu’elle a vécue dans l’océan. « En me réveillant, je ne voyais plus rien. Je me demandais comment je me suis retrouvée là. J’entendais des femmes appeler à l’aide en shikomori », a raconté la jeune femme, qui vient de vivre un nouveau procès douloureux.