Quatre voleurs étaient liés à la mort d’un homme de 65 ans, à Chiconi, dans la nuit du 1er au 2 juillet 2018. Le plus jeune, mineur au moment des faits, a étranglé la victime avec un châle. Deux autres lui ont respectivement porté des coups de couteau et maintenu les bras. La cour d’assises les a condamnés à 22 ans d’incarcération. La présence certifiée d’un quatrième, qui n’a pas encore été arrêté, lui vaut une peine de huit ans de détention.
La découverte d’un corps d’un sexagénaire près de la station d’épuration de Chiconi, le matin du 2 avril 2018, avait suscité beaucoup de questions. Comment est-il mort ? Que faisait-il à cet endroit ? D’où proviennent ces multiples blessures ? De mercredi à vendredi, le procès devant la cour d’assises des quatre hommes impliqués a permis d’en apprendre un peu plus sur les faits. Car la victime, un cultivateur de 65 ans, était surtout au mauvais endroit au mauvais moment. La veille de la découverte de son corps, il a croisé une bande bien connue sur l’île pour une série de cambriolages particulièrement violents. Une partie d’entre eux, dont « Sera », étaient d’ailleurs condamnés mardi dernier pour un vol à Sada ayant eu lieu dans la même période.
La victime étranglée avec un châle
Divisé en deux, cette nuit du 1er juillet 2018, la bande de neuf personnes quittait Kahani pour commettre des cambriolages à Sada. Un groupe a alors remarqué cette camionnette dans laquelle se trouvait la victime en compagnie d’une femme. Il lui est tombé dessus pour le voler. Cependant, le père de dix enfants ne s’est pas laissé pas faire. Au vu de l’autopsie, il a tenté de les repousser avec ses pieds. Ils l’ont maîtrisé et c’est finalement la strangulation qui a entraîné sa mort. Parmi les quatre hommes, seuls deux ont admis les coups. Ali Suleimana dit « Kambi » a frappé « deux fois » le sexagénaire avec son couteau. Un jeune homme de 21 ans, mais mineur au moment des faits, l’a étranglé avec un châle. Quant à « Sera », alias de Fady Attoumane, il a tenu la victime selon les autres. Le quatrième, surnommé « Moingolo » et toujours en liberté, aurait maintenu la femme à distance. Les quatre ont volé un téléphone portable et un pistolet qui se trouvait dans la camionnette (N.D.L.R. l’arme a servi à la bande au cours de la même nuit lors d’un autre cambriolage à Sada).
Des « sanctions exemplaires » réclamées
Les réquisitions de l’avocat général, Albert Cantinol, sont lourdes, ce vendredi, conformément aux « sanctions exemplaires » réclamées par l’avocate de la famille de la victime, maître Élodie Gibello-Autran. Il demande qu’une peine de 25 ans soit prononcée contre « Kambi » et le mineur. Il argue que des doutes subsistent sur la minorité de celui qui a étranglé la victime. Il réclame 18 ans contre « Sera », qui a déjà pris six ans de prison en début de semaine, dans le vol de Sada en novembre 2018. Il reconnaît que « Moingolo » avait un rôle moindre et demande six ans de détention pour sa participation. Les trois avocats des accusés présents réclament de « la bonté » ou de « l’indulgence ». Avocate de « Sera », maître Aurore Baudry, fait valoir que « la mort est irréversible, mais l’erreur est humaine ».
Ce vendredi, la cour d’assises les reconnaît finalement coupables de vol avec violences ayant entraîné la mort. « Sera », « Kambi » et celui qui était mineur écopent des peines de 22 ans de prison. Au vu de la gravité de l’acte, les jurés rejettent la demande de maître Saïd Andjilani de prendre en compte la minorité de son client. De son côté, tant que Moingolo n’est pas retrouvé, huit ans de détention l’attendent à Majicavo.