En détention depuis début juin, les jeunes filles avaient d’abord été accusées de vouloir se marier devant un religieux avant que celui-ci ne démente cette information le lendemain. Le parquet a requis quand même deux ans de prison dont un an ferme avec une amende de 200 euros. Le verdict est attendu le 14 novembre.
Reporté pour la première fois, le 13 septembre, le procès des jeunes filles inculpées pour acte à caractère sexuel contraire aux bonnes mœurs et contre nature a eu lieu, ce jeudi 10 octobre. L’audience s’est déroulée à huis clos au tribunal de correctionnel de Moroni. C’est la première fois que des femmes sont déférées pour leur orientation sexuelle supposée. A majorité musulmane, l’Union des Comores punit l’homosexualité. Après les débats qui se sont déroulés dans une salle presque vidée de l’assistance, le ministère public a requis une peine de deux ans de prison, dont un an ferme avec une amende de 100.000 francs comoriens, soit 200 euros. Le parquet a demandé une telle peine pour qu’elle soit exemplaire selon lui pour les autres tout en insistant sur le non-respect des coutumes et de la religion. Âgées de 20 ans et 25 ans, et originaires d’une localité située non loin de la capitale, les deux amies étaient vêtues d’hidjab, et couverte d’un masque noir, pour l’une d’entre elles. C’est vers 15h50, qu’elles ont finalement franchi le portail de la salle d’audience. Tout au long des débats, les juges ont essayé de mettre à l’aise les accusées pour qu’elles répondent calmement sans crainte. Même si, de temps en temps, se trouver à la barre même avec seulement le juré et quelques stagiaires avocats mettait mal à l’aise les jeunes filles qui ont déclaré avoir fait connaissance via un équipe féminine de football. Dès le départ, l’une des prévenues a nié les faits qui leur sont reprochés. Toutefois, au fil des échanges, elle a reconnu s’être adonnée à des pratiques contraire aux mœurs avec son amie pour une raison bien plus particulière. « Elle avait un esprit qui la possédait. Un jour, ses esprits se sont manifestés et m’ont demandé qu’on couche ensemble. Pour la sauver, j’ai obéi », a raconté la fille. Sa co-accusée n’a pas démenti, mais a assuré que durant ces moments d’intimité, elle n’a jamais ressenti du plaisir car ne se rappelant de rien.
Des esprits
En revanche, au cours de l’audience, les amies ont admis avoir utilisé un jouet sexuel pour se donner du plaisir à plusieurs reprises. Tout se serait déroulé en 2023. La jeune, qui se décrit comme victime de crises causées par des esprits, n’a pas non plus chercher à nier son histoire rapportée devant les jurés. En 2022, en pleine difficultés financières, elle a dû se résoudre à se dénuder devant une femme moyennant une somme d’argent. En dépit de ces faits révélés, l’avocat des prévenues, maître Kaambi Mze, a au cours de sa plaidoirie mis en avant l’absence selon lui de toute intention ce qui constitue l’infraction. « C’est une personne qui souffrait. D’ailleurs même en prison, il lui arrivait que ces esprits débarquent », a-t-il fait valoir. Il a par ailleurs déploré le réquisitoire du ministère public. « J’ai une réaction à chaud. Je suis déçu des réquisitoires du procureur parce que les jeunes filles l’ont bien dit, aucune infraction n’a été constituée car il n’y avait aucune intention. Je pense que le réquisitoire était très sévère car elles sont en prison depuis quatre mois. C’est très largement suffisant. J’ai confiance que le 14 novembre, leur mandat de dépôt sera levé ne suis pas satisfait mais nous espérons que la justice les relâchera », a-t-il déclaré devant la presse juste après la fin de l’audience. Tout a commencé par une rumeur répandue début juin 2024, laissant entendre que les jeunes filles se seraient rendues devant un cadi pour se marier. L’information aurait d’abord atterri au bureau de la police municipale. Les forces de l’ordre sont ensuite intervenues et ont arrêté les jeunes filles. Le lendemain, le cadi de la localité devant qui les jeunes avaient été accusées de s’être présentées a nié les faits à travers une vidéo relayée sur Facebook. Une source interrogée ce jeudi a confié également à Flash Infos qu’effectivement la rumeur n’a jamais été corroborée même durant l’enquête. Cette affaire a éclaté quelques jours après le mariage lesbien d’Anicha, une Comorienne installée à Mayotte. Mais ce jeudi, les juges ont convoqué le religieux cité comme étant celui qui a reçu la demande en mariage des deux prévenus. Ce à quoi l’homme barbu, qui par ailleurs est imam de la localité où les faits se seraient déroulés, a nié catégoriquement toute connaissance d’une telle histoire. Le délibéré sera connu le 14 novembre prochain.
Journaliste presse écrite basé aux #Comores. Travaille chez @alwatwancomore
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