Très connu dans la capitale, où il a installé son auto-école, l’auteur ne serait pas à sa première fois. Depuis une semaine, il se trouve incarcéré à la maison d’arrêt de Moroni, à la suite d’une plainte déposée par l’une des présumées victimes. Au moins quatre femmes ont accepté de livrer leurs témoignages auprès de l’organisation non gouvernementale Hifadhwi.
C’est une affaire qui risque de faire grand bruit en raison surtout de l’identité de la personne incriminée. Depuis la révélation de l’histoire, ce mercredi, sur la toile, les langues commencent à se délier. La raison ? Ce moniteur serait connu pour ses comportements jugés « déplacés » d’après des anciennes apprenties. Même si jusque-là, aucune d’entre elles n’avait jamais osé dénoncer, ce n’est que la semaine dernière que l’une de ses victimes a brisé le silence en portant l’affaire devant la justice.
À l’heure actuelle, le suspect est placé en mandat de dépôt, à la prison de Moroni. Les faits à l’origine de cette inculpation remonteraient au week-end dernier. Alors qu’il se trouvait seul avec l’une de ses élèves dans la voiture, l’individu aurait voulu tenter des choses. Après des multiples insistances pendant le trajet dans des zones inhabitées, il s’est rendu compte que sa victime était en fait indisposée. C’est ce qui l’aurait sauvée. Trois jours plus tard, cette dernière a décidé de déposer plainte. « Un moniteur d’une auto-école est derrière les barreaux. En effet, plusieurs jeunes femmes âgées entre 20 à 25 ans déclarent être victimes d’harcèlement verbal et physique et d’attouchements sexuels », révèle, dans un communiqué, publié le 19 octobre, sur les réseaux sociaux, l’organisation non gouvernementale Hifadhwi, l’une des associations comoriennes qui luttent contre les violences faites aux femmes et aux enfants.
Pas de pantalon autorisé
Le moniteur avait une méthode bien rodée à en croire les détails divulgués par Hifadhwi. « Pour atteindre ses objectifs, le présumé coupable choisit ses victimes selon leur sexe. Il leur interdit par exemple de porter de pantalon durant les cours et les obligerait à mettre un objet entre les cuisses tels les bouteilles ou des cassettes vidéos. Tout ceci pour soi-disant éviter que les jambes se touchent et perturbent la conduite« , dévoile, le communiqué.
L’Ong, qui s’interroge si le mis en cause serait ou non un prédateur sexuel, a salué le courage de celles qui ont franchi le pas en dénonçant les faits et appelle les autres à en faire autant. « Nous espérons que la justice fera la lumière sur cette affaire pour punir le coupable », plaident les responsables de l’association qui affirme avoir recueilli les témoignages de quatre présumées victimes identifiées à travers des enquêtes. Mais elles se résignent toujours à porter plainte. Le parquet de Moroni a seulement indiqué qu’une seule infraction a été retenue : agression sexuelle. Le procureur a par ailleurs fait savoir que l’enquête était en cours et exhorte les victimes du moniteur à se manifester. Puisque pour le moment, seule la plaignante auteure de cette plainte s’est livrée à la justice.
« Franchement, il est insistant »
Pourtant, selon nos informations, cet enseignant qui exerce depuis plusieurs années serait familier de ces comportements inopportuns. Pour obtenir ce qu’il veut, a-t-on appris, il lui arriverait même de menacer de ne pas octroyer les permis de conduire à ses élèves. Sauf que ses actes n’ont jamais été signalés, probablement par peur des regards de la société. Aux Comores, les victimes d’agressions sexuelles sont parfois stigmatisées, ce qui pousse la plupart d’entre elles à opter pour le silence. Le laxisme des autorités judiciaires [les auteurs qui ont les bras longs ne restent pas longtemps en prison] décourage aussi les victimes relève-t-on du côté de l’opinion.
Pour cette affaire qui éclabousse le moniteur, certaines apprenties qui refusaient les avances ont préféré partir nous dit-on. « Il ne veut pas que l’on porte un vêtement collant. Heureusement que j’en ai parlé à mon frère qui est intervenu. Franchement, il est insistant », s’est confiée une ancienne élève de l’auto-école, installée à Moroni. » Le jour où il a tenté avec moi, je l’ai menacé d’en parler à la police. Depuis, il n’a jamais ressayé quelque chose », nous raconte l’une de ses victimes qui a requis l’anonymat. Notons que depuis l’adoption d’un nouveau code pénal, en 2020 par le parlement comorien, les agressions sexuelles sont désormais criminalisées.