Le procès à l’encontre de trois membres du Collectif des Citoyens poursuivi par la Cimade, qui devait avoir lieu ce mardi 24 mai, a finalement été annulé. Les manifestants qui bloquaient l’accès aux locaux depuis le mois de décembre 2021 ayant finalement libéré les lieux, l’association n’a pas jugé utile de poursuivre cette action en justice. Toutefois, plusieurs plaintes pour diffamation ayant été déposées, d’autres procédures judiciaires devraient suivre.
Depuis une semaine, la Cimade a pu reprendre possession de ses locaux ainsi qu’une activité normale. Raison pour laquelle elle n’a pas jugé utile de poursuivre l’action en justice intentée contre trois membres du Collectif des Citoyens, qui devait se tenir ce mardi 24 mai. Cette procédure judiciaire avait en effet pour but de les empêcher de bloquer les bureaux, mais aussi de s‘en approcher.
Cela faisait cinq mois que les manifestants du Collectif des Citoyens campaient devant la Cimade. À l’aide de banderoles vindicatives, ceux-ci s’en prenaient alors directement aux missions liées à l’association d’aide à l’accès aux droits (informer les étrangers en situation régulière ou irrégulière sur leurs droits et faciliter l’obtention de leurs titres de séjour) et l’accusaient par la même occasion de favoriser l’immigration clandestine. Dans le climat de tension extrême lié à cette problématique à Mayotte, les actions de la Cimade sont ainsi vécues comme un appel d’air par une partie de la population. Des positions difficilement compatibles et des discours diamétralement opposées à l’origine de ce blocage interminable.
Un dialogue impossible
Si cette dissension entre la Cimade et le Collectif existe depuis plusieurs années (une situation similaire s’était déjà produite en 2018), les échanges se sont largement envenimés au mois de décembre 2021 quand l’association a contesté deux décasages prévus par le préfet. « Nous condamnons bien entendu l’habitat indigne, mais la loi stipule qu’on ne peut pas expulser des gens sans solution de relogement », rappelle Mathilde Detrez, chargée de projet régional au sein de l’association. C’est à la suite de cette affaire que le Collectif des Citoyens a décidé de prendre des mesures beaucoup plus drastiques !
Selon Safina Soula, la présidente, il est inadmissible de réfuter des décisions prises par le délégué du gouvernement, visant selon elle à atténuer l’immigration clandestine à Mayotte. « Les gens de la Cimade ne se rendent pas compte des réalités du territoire. Ils veulent par exemple faire scolariser tous les enfants alors qu’il n’y a tout simplement plus de places dans les écoles ! », affirme-t-elle. Sans compter que pour le Collectif des Citoyens, l’insécurité et la violence subies sur l’île aux parfums sont largement liées à cette immigration clandestine massive. « Ils n’ont pas conscience de ce que nous vivons au quotidien ! », martèle la présidente du collectif.
Pour tenter de renouer le dialogue, Henry Masson, le président national de la Cimade, a fait le déplacement jusqu’à Mayotte au mois de mars dernier. En vain… Les pourparlers se sont soldés par un échec. Si les manifestants ont finalement quitté les lieux la semaine dernière, Safina Soula affirme que le combat du Collectif contre l’association d’aide à l’accès aux droits est loin d’être terminé. « Pour nous, l’affaire ne fait que commencer », martèle-t-elle. Les deux parties risquent d’ailleurs de se retrouver sur les bancs du tribunal dans un avenir plus ou moins proche en raison de plusieurs plaintes déposées pour diffamation.