Un homme de 50 ans a été condamné pour avoir frotté son sexe contre les fesses d’un enfant âgé de 6 ans, en 2021, à Tsimkoura. S’il reconnaît les faits, il dit être victime d’un sort dont il n’arrive pas à se débarrasser. Le tribunal correctionnel de Mamoudzou l’a condamné à trois ans de prison ferme avec mandat de dépôt, il devra indemniser les victimes à hauteur de 4.000 euros.

« Ce n’est pas intentionnel. Je ne sais pas pourquoi je fais ça », tente d’expliquer le cinquantenaire, à la barre du tribunal correctionnel de Mamoudzou, ce mardi matin. Déjà condamné pour des faits similaires, ayant déménagé dans le sud de Mayotte justement parce qu’il ne doit plus se rendre à Acoua dont il est originaire, le prévenu ne dément pas ce qu’il s’est passé. Il y a trois ans, celui qui est connu comme « Monsieur panini » dans son quartier de Tsimkoura a invité un voisin de 6 ans à venir chez lui, dans sa chambre, en échange d’un sandwich. Il a ensuite enlevé le pantalon et a pratiqué le gurua (qui consiste à frotter son sexe sans pénétration) sur le postérieur de l’enfant. Il faudra attendre deux ans avant que ce dernier ne finisse par évoquer cet acte qu’il n’a pas compris. « La psychologue a indiqué qu’il n’a pas la maturité pour comprendre. Elle a noté cependant un changement d’humeur et le risque d’un stress post-traumatique », précise Ariane Balg, la présidente du tribunal correctionnel.

Un sort qu’on lui a jeté

De son côté, le prévenu présente ses excuses à la victime qui a fait le déplacement avec sa mère, ce mardi matin. « Je me dis que ce n’est pas normal, que j’ai des enfants », estime celui qui a déjà fait un passage par la prison, mais évoque « un sort » qu’on lui a jeté. Il raconte que sa famille est au courant et qu’il a consulté plusieurs foundis depuis. Sûr de son fait, il ajoute : « Je sais que vous n’y croyez pas. Mais je sais qu’il me faut des médicaments traditionnels. Il faut que je cherche un foundi pour que ça ne se reproduise plus ». Ce discours ne manque pas de faire réagir la juge. « Ce qui est inquiétant, c’est que vous vous cachez derrière la sorcellerie », fait-elle remarquer.

La mère du garçon, qui n’avait jamais su quoi que ce soit avant de voir les gendarmes débarquer chez elle, n’exprime pas de la colère, mais de l’inquiétude. « Ce qui m’a beaucoup dérangée, c’est qu’il est lui-même père de famille. Jamais il ne se permettrait de faire ça à ses propres enfants », estime-t-elle. « Je veux qu’il soit jugé de telle sorte qu’il ne fasse plus ça. » La vice-procureure de la République, Charlène Delmoitié, exprime la même volonté. Elle note qu’il n’y a que des regrets de la part du prévenu, mais « pas de remise en question ». « Ce n’est pas de l’opportunisme, c’est bien pensé », au sujet du fait qu’il attire chez lui les victimes contre la promesse d’avoir à manger. Elle requiert trois ans de prison avec mandat de dépôt, ainsi qu’un suivi pendant cinq ans. Elle demande aussi qu’il ait une interdiction d’avoir une activité en lien avec les mineurs. Le tribunal a suivi ces réquisitions par décision contradictoire. Il fait droit à l’indemnisation des victimes, soit 3.000 euros pour l’enfant et 1.000 euros pour sa mère.

Deux membres d’une bande de Majicavo relaxés

Des témoignages contradictoires ont permis à deux jeunes hommes de 33 ans et 22 ans d’être relaxés par le tribunal correctionnel de Mamoudzou, ce mardi. Liés à la bande de Medellin, connue à Majicavo-Koropa pour des faits de délinquance, ils étaient poursuivis pour le caillassage d’une résidence des Hauts-Vallons et des forces de l’ordre, le soir du 23 décembre 2023. Si plusieurs personnes, dont des mineurs, ont pu être interpellés dans cette affaire, la participation des prévenus n’est pas clairement établie. Selon deux mineurs, ils étaient également présents, le plus âgé serait même un des meneurs de la bande avec « Chifou » (notamment lié à la mort de « Kibama », tué par balles le 27 février 2024). « Ils disent ça parce qu’ils sont de la bande de Gotham et nous de Medellin. Mais c’est eux qui sont dans des bails aux Hauts-Vallons », se défend celui de 33 ans, avant de mettre en avant qu’il est en situation régulière, qu’il travaille et a deux enfants.
Alors qu’ils ne sont pas identifiés par les témoins et les victimes, mais reconnus que par deux auteurs, la vice-procureure Charlène Delmoitié admet un manque d’éléments et demande la relaxe, tout comme maître Erick Hessler, l’avocat du plus âgé. Si, par décision contradictoire, ils ont pu obtenir une relaxe, ce mardi, les deux hommes restent en détention provisoire pour leurs rôles supposés dans une autre affaire.

 

Condamné pour avoir frappé son épouse

Un homme de 38 ans, originaire de Tsingoni, a été condamné pour avoir blessé l’une de ses épouses. Le soir du 22 mars 2022, c’est après un nouvel épisode de violences dans leur domicile dans la commune de Dembéni qu’elle a décidé de se rendre à la gendarmerie d’Hajangoua. Face aux gendarmes, elle a raconté que pris d’un excès de jalousie, il lui a donné des gifles, serré la mâchoire et lui a cassé ses deux téléphones. Elle a également décrit des années marquées par ce type de comportement, ainsi que des rapports sexuels sous la contrainte lors des premières années de concubinage. Interpellé, l’intérimaire dans le bâtiment a avoué les coups et les relations sexuelles forcées. Présentant des excuses à son ancienne compagne, il met cela sur le compte de la jalousie. Pour la vice-procureure, les blessures du 22 mars prouvent les violences exercées par le compagnon, l’ancienne épouse ayant eu quatre jours d’ITT. Charlène Delmoitié demande en revanche que la durée de la prévention pour les agressions sexuelles soit ramenée entre 2016 et 2019, la victime n’ayant pas fait mention de contrainte jusqu’en 2022, l’année où ils se sont séparés.
Pour maître Kassurati Mattoir, « cette violence aurait pu être perçue par son autre épouse ou l’enfant qu’il a eu avec la victime, mais il n’y a rien eu de tout cela ». Si elle ne s’oppose pas à une condamnation, elle demande de prendre en considération les horaires de travail de son client pour aménager sa peine. Le tribunal a choisi, par décision contradictoire, de condamner l’homme à trois ans de prison dont deux ans avec sursis. Alors qu’il a fait cinq mois en détention provisoire, il fera quelques mois de plus sous bracelet électronique. Il a également une obligation de soins et de travail.