Une bande comparaissait ce mercredi au tribunal pour avoir dépouillé des promeneurs à Soulou puis, quelques jours plus tard, cambriolé à deux reprises la même famille, à Bouéni, en 2016. Des faits qui rappellent les heures sombres du banditisme à Mayotte, quand les coupeurs de route s’attaquaient à la population.
Ils avaient dépouillé, volé, cambriolé et traumatisé au moins 11 victimes, entre le 17 et le 21 décembre 2016. Pire encore, au terme de cette cavale, c’est une même famille qui avait reçu la visite impromptue de la bande, deux nuits de suite… Cinq prévenus étaient appelés à comparaître ce mercredi au tribunal correctionnel de Mamoudzou, pour des faits de vol avec violence, vol ou tentative de vol par effraction, violence commise en réunion et destruction du bien d’autrui en réunion. Quatre étaient présents à l’audience, le cinquième n’ayant pas été interpellé. Et malgré de maigres tentatives d’excuses à la barre, difficilement entendables au vu de ce joli palmarès, ils ont tous écopés de peines de prison ferme, allant jusqu’à six ans pour les plus impliqués.
Leur aventure crapuleuse commence le 17 décembre, à Tsingoni, sur le chemin qui mène à la cascade de Soulou. Ils y guettent les badauds de retour de la plage. Un petit groupe finit par tomber dans leurs griffes. Sous la menace de trois individus, armés d’un bâton et de deux machettes, les promeneurs sont dépouillés, leurs sacs vidés et fouillés. L’un des agresseurs demande s’il reste du monde sur la plage, et les victimes répondent par la négative. Manque de bol, un couple arrive sur ces entrefaites… Ce qui leur vaudra de passer eux aussi à la casserole. Mais les bandits voient rouge. Pour la peine, ils gratifient l’un des membres du premier groupe d’un coup de chumbo, du plat de la lame, sur l’épaule. En tout, l’opération dure près de 30 minutes, auxquelles il faudra ajouter pour les victimes des jours d’ITT et des nuits d’angoisse, causés par le stress post-traumatique.
Course poursuite en Toyota
Sans surprise, à leur sortie de la forêt, la Toyota Corolla du groupe manque à l’appel. “Ce véhicule sera le fil rouge de cette affaire”, souligne la présidente à la lecture des faits. Car deux jours seulement après cette première exaction, les larrons récidivent à quelques kilomètres de là, dans la commune de Bouéni. Ils sont cinq désormais, parqués dans la petite Toyota volée, devant une plutôt belle bâtisse. “Vous vous êtes dits que c’était une belle maison, donc ça devait être des métropolitains et que vous alliez la cambrioler”, dénonce l’avocate des parties civiles, Me Kassurati Mattoir. Ils pénètrent à la nuit tombée dans l’habitation endormie, font leurs affaires sans bruit, mais sont finalement repérés. Pris en chasse par le fils des victimes, ils se retournent contre lui à coups de caillasses et de coups de machettes dans les vitres.
Mais ce n’est pas tout ! Le lendemain, rebelote, dans la même maison. Car la bande insatiable a avisé un petit coffre-fort dans la chambre parentale le soir du premier cambriolage. “J’ai entendu un bruit, boom ! Comme si l’on avait jeté quelque chose de lourd”, raconte la femme à la barre, qui s’est soudainement retrouvée nez à nez avec trois individus armés de couteau et de machettes, chez elle. Elle crie avant d’être saisie par le cou et menacée de mort. “J’ai supplié, ‘‘s’il-vous-plaît, ne tuez pas mon mari, tuez-moi à la place””, sanglote la victime à l’audience, encore chamboulée après cinq années de procédure. Son mari, déjà malade à l’époque, n’aura lui pas survécu assez longtemps pour témoigner à la barre. “Mon père n’est plus là, son état de santé s’est aggravé depuis ces événements”, souffle le fils endeuillé.
“Ils peuvent faire leur peine aux Comores”
Du côté des prévenus, c’est plutôt profil bas. “Si je fais le bilan des cinq années en prison, j’ai gâché ma vie et je suis le seul responsable”, tente ainsi l’un d’entre eux. Mais les quatre bougres peinent à amadouer, d’autant plus ceux qui traînent un casier judiciaire fourni… ou qui tentent d’obtenir du juge leur transfert à La Réunion ou en métropole. Mauvaise pioche selon l’avocate des parties civiles. “Je rappelle que tous ces gentils Messieurs sont en situation irrégulière sur le territoire, ils peuvent faire leur peine aux Comores, ils verront si c’est si dur, la détention à Mayotte”, raille-t-elle au moment de faire sa plaidoirie. Pas plus convaincue par leurs excuses, prononcées “parce qu’il y a des conséquences néfastes sur leur propre vie, et en niant les conséquences sur celle des victimes”.
Le parquet a requis des peines entre trois et six ans de prison. Les juges iront plus ou moins dans le même sens, en condamnant ceux ayant participé aux trois séries de faits à cinq ans d’emprisonnement, et les deux autres à respectivement 30 mois et quatre ans ferme.