Cinq hommes, dont le multirécidiviste Magnele, sont jugés par la cour d’assises depuis ce vendredi. Dans la nuit du 11 au 12 décembre 2018, ils sont accusés d’avoir organisé un cambriolage d’une maison de Sada. La femme seule qui y vivait a été séquestrée dans sa chambre par les voleurs.
Il se présente pour la troisième fois, cette année, sur le banc des accusés. Celui qui est connu sous le nom de « Magnele » est cette fois-ci jugé par la cour d’assises de Mayotte avec trois autres pour séquestration et vol en bande organisée avec arme. Un cinquième accusé est lui accusé de recel d’une voiture volée et d’un refus d’obtempérer. Impliqué dans plusieurs cambriolages, Magnele a été condamné les deux dernières fois en mars et en avril. Il avait écopé de seize ans de prison dans l’affaire des coupeurs de route de Tsararano en 2016 (voir Flash Infos du 23 mars 2022) et de six autres années d’incarcération dans la mort de « Sergent », un caïd de Kawéni (voir FI du 19 avril 2022).
Cette fois, l’affaire remonte à la nuit du 11 au 12 décembre 2018, vers 3h du matin. Ce soir-là, la victime âgée de 23 ans est seule chez elle, une maison située près du lycée de Sada. « Je dormais profondément, quand j’ai senti quelqu’un me tapoter le pied », raconte-elle, au tribunal de Mamoudzou, ce vendredi. « Celui qui était devant moi m’a fait un geste avec un doigt pour que je garde la bouche fermée. Dans le miroir, j’en ai vu un autre qui était à côté de moi avec un couteau. » Quelques minutes avant, une équipe d’au moins trois ou quatre personnes avait réussi à se faufiler dans la maison en démontant l’un des barreaux de la fenêtre des toilettes. L’habitation, isolée et plus facile d’accès que les autres, semblait la cible idéale selon le gendarme de Sada en charge de l’enquête. En effet, la victime n’avait pas ses enfants cette nuit-là. Sous la menace du couteau, elle voit les cambrioleurs aller et venir pendant « une vingtaine de minutes ». Téléphones portables, home cinéma, tablettes personnelle et professionnelle, argent liquide, clé de voiture, tout est emporté.
Une base arrière dans la forêt de Kahani
C’est finalement la puce téléphonique laissée par le groupe à la jeune femme qui a raison de lui. Grâce à un autre téléphone dans un tiroir de la chambre, elle prévient rapidement sa voisine et les gendarmes. Ces derniers ne mettent longtemps à retrouver la voiture volée. « On a croisé le véhicule qui roulait à très faible allure au carrefour de Kahani », se souvient le directeur d’enquête, entendu en visioconférence. Pris en chasse, les deux occupants tentent de fuir. En voulant prendre une piste, le véhicule fait un tonneau et se retrouve sur le flanc. Les gendarmes mettent alors la main sur le chauffeur et son passager. Le premier, un homme de 52 ans aujourd’hui, n’est autre que le beau-père de Magnele. Il affirme pendant sa garde à vue « qu’il savait le véhicule volé », mais qu’il n’a pas pris part au vol. Le second est âgé de 24 ans et fait partie des accusés ayant joué un rôle dans les cambriolages. Les deux hommes, qui sont les deux seuls absents du procès, donnent trois noms qui permettent aux gendarmes de dénicher quelques semaines plus tard deux voleurs de 32 et 27 ans. Le dernier, Magnele, est retrouvé dans le cadre d’une autre enquête. La présence des voleurs à Kahani est loin d’être anodine, la forêt près du village servant de base pour se départager leur butin.
Alors que tous ont reconnu leur participation au cambriolage, la cour d’assises a encore jusqu’à mardi soir pour déterminer quels ont été les rôles de chacun lors du vol.