Le 11 mai 2016, une dizaine de jeunes ont stoppé un bus dans le centre de Passamaïnty. Dans le cadre d’une vengeance, l’un d’eux est monté et a asséné plusieurs coups de couteau au surnommé « Pilou », sans toutefois lui donner la mort. La bande issue d’un même quartier de Doujani est jugée devant la cour d’assises de Mayotte, jusqu’à jeudi.
« Je vais le tuer dès que je le trouverais », avait annoncé celui qui a porté la plupart des coups. Le mercredi 11 mai 2016, en début d’après-midi, alors que le bus scolaire est parti du lycée de Chirongui arrive à Passamaïnty, un passager a demandé qu’un arrêt soit marqué pour qu’il descende. La conductrice s’est exécutée sans se douter qu’une dizaine de jeunes entre 16 et 19 ans attendaient ce moment pour encercler le véhicule. Tout était planifié à l’avance. L’un s’est emparé des clés, un autre du téléphone portable de la conductrice. Celui chargé d’identifier « Pilou » dans le véhicule d’une vingtaine de places a fait signe à deux autres qui sont montés dans le bus armés respectivement d’un couteau et d’un bâton pour s’en prendre à la victime. « Ils lui ont donné plusieurs coups au thorax, à l’abdomen et au crâne », détaille Cyril Auzoux, le président de la cour d’assises de Mayotte, ce lundi. Âgé de 17 ans à l’époque, « Pilou » est emmené à l’hôpital où il est placé en réanimation. C’est son cousin qui va permettre à la police d’identifier de possibles auteurs. En effet, quelques jours avant, la victime qui habite M’gombani avait déjà croisé la bande dont la plupart des membres habitent quartier Mlimani à Doujani. Il avait même frappé leur chef pour une histoire de vol. Désireux de se venger, ce dernier avait alors monté une opération en ciblant les transports scolaires. Grâce un jeune du même village qui prenait le même bus que la victime, il a alors pu mettre en place un guet-apens à Passamaïnty, là où ils pensaient être moins reconnus.
Les rôles de chacun à déterminer
Pendant les quatre jours du procès, les débats doivent permettre de déterminer la présence et surtout le rôle de chacun dans la tentative d’assassinat. Et ce sont davantage les complices qui devront apporter des éléments car l’auteur des coups de couteau est le seul à avoir admis son geste lors de son interpellation et n’a pas dévié depuis. Selon le directeur d’enquête, il ne fait aucun doute qu’il s’agit du chef de la bande. « ça se voit à la façon dont ont été conduites les opérations de perquisition chez lui, il y a eu des violences urbaines à chaque fois. D’autres mis en cause parlent de lui avec craintes et d’autres témoignages du quartier confirment ce rôle », explique le policier. Sur le premier fait, maître Abdel-Lattuf Ibrahim, l’avocat du principal accusé âgé de 25 ans aujourd’hui, explique que des violences contre les forces de l’ordre dans ce quartier sont habituelles. « Je m’inscris en faux. En tout cas, ce n’était pas comme ça à l’époque où j’étais à Mayotte. C’est la seule fois où ça s’est passé comme ça. Les autres fois, j’y suis allé seul ou avec un interprète et je n’ai jamais eu de problèmes », fait remarquer l’enquêteur.
Les six autres prévenus écoutent avec attention (deux autres qui avaient moins de quinze ans ne sont pas jugés par les Assises, deux ne se sont pas présentés au tribunal judiciaire et un dernier a été renvoyé aux Comores avant son inculpation). Ils savent que ça sera bientôt le tour d’expliquer ce qu’ils faisaient ce jour-là. A noter qu’un seul est détenu dans cette affaire, il a été arrêté à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) alors qu’il avait interdiction de quitter le territoire mahorais.
Le président de la cour d’assises a rappelé à l’auteur des coups qu’il risque, ce jeudi, une peine de prison allant jusqu’à la perpétuité. Les autres peuvent prendre vingt ans, voire trente si les jurés ne retiennent pas l’excuse de minorité.