Un ex-agent de sécurité devenu un temps employé d’une banque de Mamoudzou virait l’argent de ses clients sur les comptes de connaissances. Il s’assurait ensuite de pouvoir retirer lui-même les milliers d’euros détournés. Il a été condamné pour escroquerie, ce mardi matin, par le tribunal correctionnel de Mamoudzou.
La coupure générale d’électricité a plongé le tribunal correctionnel dans l’obscurité au moment où une sombre histoire d’argent était jugée. Ce mardi matin, l’homme comparait pour « escroquerie » et « abus de confiance ». Chemise rouge, pantalon noir, il semble encore porter les couleurs de son ancien employeur dans la salle d’audience. Derrière lui, six victimes attendent. Amis, anciens clients ou simples connaissances rencontrées sur les terrains de football ou datant de son ancien poste d’agent de sécurité sont présents et espèrent des réparations.
En effet, « par amitié », l’employé bancaire ouvrait des comptes en assurant s’occuper de tout. Et la méthode diffère dans chaque cas. Pour le premier par exemple, il a emprunté la carte bancaire « pour acheter des articles pour [son] snack ». De 900 euros sur son compte, « l’ami » passe à moins 5.000 en un mois. Il a beau faire opposition, c’est trop tard, le découvert descend jusqu’à 8.025 euros. Il se retrouve toujours en difficultés financières aujourd’hui.
Le numéro de téléphone d’un client changé sans qu’il le sache
Dans d’autres cas, l’employé de banque a une technique bien rodée. Il effectue soit des retraits lui-même, soit des virements de plusieurs milliers d’euros en falsifiant les signatures de clients vers des comptes de gens qu’il présente comme « des amis qui ont besoin d’argent ». « C’est facile d’aider les gens quand vous prenez à quelqu’un sans lui dire », lui rétorque Chantal Combeau, la présidente du tribunal correctionnel. Une autre fois, c’est carrément le numéro de téléphone qui est changé sur l’application d’un client pour que l’employé de banque puisse opérer plusieurs virements à sa guise. 9.000 euros sont ainsi ponctionnés à cette victime.
La combine ne s’arrêtait pas là. Car de leur côté, ceux qui recevaient l’argent assurent que l’ex-agent de sécurité, qui jouait le bon samaritain, plaidait « l’erreur ». Il leur demandait ainsi l’argent en liquide pour qu’il rembourse les premières victimes, ce qu’il a fait… parfois. Certains se retrouvent ainsi dans une situation un peu absurde où la banque leur demande toujours de rembourser une somme détournée (par un employé de ladite banque) alors qu’ils n’ont plus l’argent sur leur compte. « La banque me réclame 4.400 euros », peste l’un d’eux, qui faisait des petits travaux de maçonnerie chez le prévenu.
« Des erreurs » selon l’employé
À part dans le premier cas où il admet n’avoir jamais remboursé « la somme prêtée », le prévenu a toujours réfuté une quelconque arnaque. Il préfère parler d’« erreurs ». « Je n’étais pas là depuis longtemps », défend l’homme licencié par la banque en février 2021. Le procureur écarte cet argument en arguant que « la répétition montre la volonté d’escroquer ». Il a requis un an de prison avec sursis (l’homme n’a pas de casier judiciaire) et surtout une obligation d’indemniser les victimes qui se sont pour la plupart constituées partie civile.
Espérant être dédommagées pour les actes de leur ami, ces dernières ont toutefois vite déchanté. L’ancien employé de banque a été condamné à six mois de prison avec sursis et 5.000 euros d’amende. Toutes les demandes de partie civile ont été déboutées. En effet, le tribunal correctionnel a décidé d’une relaxe pour les quatre abus de confiance (« les amis » recevant les virements) et une partie des escroqueries. Les deux seuls clients pour qui l’escroquerie a été reconnue avaient déjà été remboursés et donc n’ont pas réussi à faire reconnaître leurs préjudices.