Accident : une avance de 80.000 € pour Nafouanti

La décision concernant le violent accident de la route au cours duquel une jeune femme avait eu la jambe sectionnée cet été a été rendue, ce mardi. Le prévenu a été relaxé des blessures involontaires qui lui étaient reprochées, mais condamné pour sa conduite en état d’ivresse. La jeune femme s’est vu octroyer une première indemnité, à titre provisionnel, dans l’attente de l’évaluation de son préjudice total. 

Les images de la jeune Nafouanti, 21 ans, la jambe amputée, quelques jours après son violent accident de la route survenu sur le boulevard des crabes, à Dzaoudzi, le 30 juillet dernier, avaient provoqué un vif émoi dans la population. Les circonstances de l’accident – alors qu’un délit de fuite avait d’abord été évoqué avant d’être écarté – avaient encore ajouté au choc la colère et l’incompréhension. L’homme dont la Renault Mégane a percuté, ce soir de la fin juillet, le scooter de Nafouanti et de son époux, vient d’être relaxé de la prévention de « blessures involontaires » et de « défaut de maîtrise » – pour excès de vitesse – de son véhicule par le tribunal correctionnel de Mamoudzou. En l’absence d’erreur de conduite avérée, sa responsabilité pénale n’a pas été établie dans cette affaire. Ce légionnaire du DLEM a en revanche bel et bien été condamné pour conduite sous l’empire d’un état alcoolique, alors que des tests d’alcoolémie ont démontré qu’il avait 0,61 mg/L de sang ce soir-là. Il a écopé ce mardi de trois mois de prison avec sursis et de huit mois de suspension de permis. À l’audience, le procureur de la République Camille Miansoni avait requis à son encontre une  peine de douze mois d’emprisonnement avec sursis, un an de suspension de permis, 300 euros d’amende pour « défaut de maîtrise » et un stage de sensibilisation à la sécurité routière. Certains commentateurs, sur les réseaux sociaux, évoquaient à la suite de notre article relatant l’audience (voir Flash Infos du 22 novembre) une « justice à deux vitesses », et s’empressaient de dénoncer l’injustice du traitement réservé à la victime, confondant pour certains d’entre eux la peine requise à l’encontre du conducteur et les indemnités demandées pour la victime. C’était oublier qu’intérêts civils et sanctions pénales sont deux choses distinctes et que l’évaluation des dommages – en discussion avec les compagnies d’assurance des uns et des autres –   fera l’objet d’une autre audience, dont la date n’a pas encore été fixée. En d’autres termes, la sanction de l’un est sans effet sur les indemnités de l’autre.  

« Ce n’est qu’une avance ! » 

Pour la jeune Nafouanti, dont les conditions de vie déjà précaires ont été drastiquement dégradées par l’accident, la reconstruction commence à peine. « Aujourd’hui, je ne peux plus rien faire toute seule », avait-elle lâché, debout à la barre, se soutenant de ses seules béquilles en l’absence de prothèse, lors de l’audience du 21 novembre. Son avocate venue de métropole et spécialisée dans la réparation des dommages corporels, Me Élise Marchand, avait dénoncé le « no man’s land médical » dans lequel se trouvait sa cliente et détaillé les divers préjudices subis par la jeune femme, son époux et, par ricochet, leur enfant de deux ans. Elle avait formulé d’importantes demandes d’indemnités et il semble qu’elle ait été entendue, alors que la jeune femme vient de se voir octroyer ce mardi une provision de 80.000 euros ce mardi. « Ce n’est qu’une avance en attendant les expertises (permettant d’évaluer complètement le préjudice) et l’audience sur intérêts civils », précise le procureur Miansoni. C’est seulement lors de cette audience que les magistrats pourront fixer le montant total des indemnités à la famille de Nafouanti, en ayant pris soin de vérifier qu’il n’y a « pas de conséquences supplémentaires » à l’accident. Lors de l’audience, l’avocate de Nafouanti avait salué la décision du procureur de lancer des poursuites, et pas une information judiciaire, à l’encontre du conducteur, permettant d’accélérer le traitement du dossier, et l’évaluation des préjudices. L’avocate avait également demandé l’intervention d’un expert spécialisé exerçant à Bordeaux, afin d’évaluer au plus juste les besoins de sa cliente. 

La somme de 80.000 euros dégagée ce mardi ne sera pas de trop pour patienter jusque-là et assurer les soins et aménagements dont les victimes vont avoir besoin. À plus forte raison compte tenu du contexte médical du territoire, de l’état de santé mental et physique de la jeune femme, qui vit dans un logement précaire du quartier de la Vigie, à Labattoir, et souffre des « douleurs du membre fantôme », récurrentes chez les personnes amputées, ainsi que d’importantes séquelles psychologiques. 

 

 

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