Le samedi 25 juin, vers 18h30, lors d’une manœuvre pour démarrer, une voiture conduite par un mécanicien a renversé une mère de famille de 42 ans à Tsoundzou. Titulaire d’un permis comorien non reconnu en France, le chauffeur a écopé de 18 mois de prison avec sursis, ce vendredi, au tribunal correctionnel de Mamoudzou. Présentée le même jour, l’affaire des mariés de Tsimkoura a été finalement renvoyée au 22 août (lire ci-dessous).
Dans le garage clandestin situé dans une impasse de Tsoundzou, trois hommes travaillaient ce samedi 25 juin, en fin d’après-midi. Ne possédant pas de permis de conduire français, ils ont pris l’habitude de réparer les voitures de clients pas trop regardants sur la règlementation. En voulant démarrer un véhicule récalcitrant, l’un des trois hommes, qui fait « quelques bricoles » depuis quelques temps dans ce garage, a l’idée de le démarrer en le laissant rouler en marche arrière. L’allure prise permet ainsi d’effectuer « une contre-attaque », un démarrage du moteur réalisé à l’aide du seul embrayage.
Plus loin dans l’impasse, deux femmes parviennent à l’entrée de leurs maisons. Elles sortent d’un manzaraka. Après avoir été déposées en voiture, elles prennent quelques minutes pour se reposer un peu. L’une d’elles, âgée de 42 ans, s’assoit sur un parpaing. La mère de cinq enfants, dont les deux plus jeunes ont respectivement trois ans et deux mois, ne supporte pas très bien les trajets en voiture. Quand sa sœur se lève pour aller dans la cuisine, elle se retrouve seule quand la voiture entame sa descente. « Le véhicule a démarré au moment de la manœuvre. J’ai appuyé sur le frein et la voiture s’est tournée », raconte le mécanicien de 41 ans, au tribunal correctionnel de Mamoudzou, ce vendredi.
Le demi-tour dans cette rue pourtant large est fatal à la mère de famille. « Le propriétaire de la voiture m’a dit que j’avais heurté quelqu’un. J’ai paniqué, j’ai couru », se souvient le prévenu, qui a présenté à des multiples reprises des excuses à la famille lors de l’audience. En effet, un attroupement se forme vite dans la rue. Inquiet pour sa vie, il fait le choix de fuir, avant de se rendre seul aux policiers, le lendemain matin. « J’y ai pensé toute la nuit, je ne pouvais plus dormir. Je me suis dit que ça ne pouvait pas se passer comme ça, je me suis donc rendu », affirme-t-il.
Pas de circonstances aggravantes retenues
« Pourquoi avoir fait cette manœuvre dans cette impasse où vivent des gens ? » lui demande la présidente du tribunal, Chantal Combeau. « Je ne sais pas quoi vous répondre. L’accident n’était pas prévu », s’excuse-t-il. Le substitut du procureur, Tarik Belamiri, requiert deux ans de prison avec sursis et une interdiction de travailler comme garagiste pendant cinq ans. Il décrit « un garage magnégné » où « l’insouciance conduit à des conséquences terribles ».
Si le défaut de permis de conduire aurait pu être une circonstance aggravante, les juges ont convenu que le mécanicien était bien titulaire au minimum d’un permis comorien et qu’il avait de l’expérience en mécanique, étant chauffeur de taxi à Anjouan, avant son arrivée à Mayotte en novembre 2021. Les dégradations sur une maison à proximité font également l’objet d’une relaxe. La propriétaire, qui n’était pas à l’audience, n’a pas indiqué clairement le type des dégâts au moment de sa plainte.
En revanche, le mécanicien a bien été reconnu coupable d’homicide involontaire et condamné à 18 mois de prison avec sursis. Une nouvelle audience prévue en octobre déterminera la somme à verser au mari de la victime, aux enfants, ainsi qu’à la sœur de la mère de famille.
Renvoi dans l’affaire des mariés de Tsimkoura
L’événement a mis le village de Tsimkoura en émoi. Dans la nuit du samedi 15 au dimanche 16 juillet, des mariés et des proches qui préparaient leur manzaraka ont été violemment attaqués avec des armes blanches par une bande de jeunes issus également de ce village compris dans la commune de Chirongui. Des vols de téléphones et des dégradations sur le véhicule du marié ont également été commis. Rapidement identifiées, cinq personnes, dont deux mineurs, ont été interpellées. Les trois majeurs, deux âgés de 20 ans, un autre de 21 ans, ont été présentés, ce vendredi, devant le tribunal correctionnel de Mamoudzou, dans le cadre d’une comparution immédiate. Beaucoup de monde, autant côté victimes que prévenus, était présent. Plusieurs facteurs ont motivé le renvoi de l’affaire au lundi 22 août. La première est l’absence du marié, encore à l’hôpital. Son interruption totale de travail, d’abord évaluée à 30 jours, a été étendue à 90 jours. Les mis en cause ont aussi demandé un délai pour préparer leur défense. Concernant leur maintien en détention, les avocats des trois prévenus, maîtres Soumetui Andjilani et Charles Simon, ont tenté d’apporter des garanties sur leurs situations respectives. Ils ont notamment argué qu’ils sont « de bonne famille » et qu’ils peuvent être accueillis hors de Tsimkoura. Le tribunal a jugé que le risque de concertation était trop grand et les trois resteront donc en prison jusqu’à leur procès au mois d’août. Les deux mineurs comparaîtront, eux, devant le tribunal pour enfants, le 25 août.
Un autre dossier impliquant deux jeunes de Mamoudzou a été renvoyé au 8 août, une victime n’ayant pas encore été entendue. Connus des services de police, les prévenus de 22 et 18 ans sont soupçonnés d’avoir porté des coups de couteau à un mineur (45 jours d’ITT) et des coups de poing a un autre garçon, le 1er juillet, à Cavani. Ils resteront en prison en attendant le procès.
Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.