Visite de Gérald Darmanin : Des mesures très attendues par les policiers

La venue à Mayotte de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et de l’Outre-mer, du dimanche 21 au mardi 23 août, a lieu un an après sa dernière. Des promesses avaient été faites, notamment sur la vidéoprotection et l’immigration. Quelles sont les attentes des syndicats de police aujourd’hui ? Djamaldine Djabiri (SGT-FO), Abdel Sakhi (Alternatives) et Badrou Ali (Unsa) donnent leurs avis.

Flash Infos : C’est la deuxième visite en deux ans du ministre de l’Intérieur. Quelles annonces espérez-vous ?

Djamaldine Djabiri, SGT-FO police : Nous attendons des annonces concernant la lutte contre l’immigration clandestine, notamment un renforcement des mesures. Il nous faut plus d’intercepteurs et plus d’effectif en mer. A Mayotte, on expulse autant que tout le reste du territoire français. Il faut au moins un intercepteur de plus pour fonctionner 24h/24h. On intercepte des kwassas, c’est vrai, mais beaucoup arrivent à « beacher » (N.D.L.R. à débarquer). Nous voulons également une reconquête des zones de non droit, c’est-à-dire des quartiers où la police n’est pas la bienvenue et les contrôles sont refusés.

Abdel Sakhi, Alternatives police : C’est bien qu’il vienne se rendre compte que la coopération avec la justice n’est pas totale. De plus en plus de délinquants arrêtés sont libres dès la fin de leur garde à vue, même dans le cas de délits graves. Je ne mets pas en doute les compétences des magistrats, mais il nous faut une meilleure coopération.

Badrou Ali, Unsa police : Dans un premier temps, on veut que les promesses du président de la République soient tenues. Je pense à la construction d’un hôtel de police digne de ce nom. Celui-ci est trop petit. Il en faut un autre qui puisse accueillir l’ensemble des services. On voit ce qui se passe aussi à Kawéni (voir Flash Infos de jeudi), il nous faut une compagnie d’intervention. Si on avait plus de monde, on pourrait dégager la route plus rapidement.

F.I. : Il avait dit que l’effectif a été renforcé durant le mandat, est-ce le cas ?

D.D. : Oui, il a été renforcé, mais pas énormément non plus. Il y a une petite quarantaine de nouveaux agents à la rentrée, c’est une bonne nouvelle. Ça montre que l’Etat a pris en compte nos demandes.

A.S. : On va avoir une augmentation du nombre de policiers. C’est pas mal, mais ça n’est pas suffisant. On veut une amélioration du matériel et des locaux. Pour notre part, notre syndicat est le seul à proposer la création d’une unité capable de monter des opérations coup de poing, de réaliser des grosses descentes. On tient aussi à saluer l’action du directeur territorial de la police nationale (Laurent Simonin) pour la création d’une nouvelle unité, le GSP (Groupe de sécurité de proximité) jour. Le GSP nuit existait déjà, mais cette nouvelle unité qui utilise des véhicules banalisés va permettre des interpellations et de lutter contre les violences urbaines, grâce à une meilleure projection.

B.A. : Ce n’est pas suffisant. C’est vrai qu’on aura plus de monde avec le GSP nuit. Il faudra d’ailluers qu’on regarde les horaires avec les autres syndicats. Actuellement, on a le plus de problèmes dans l’après-midi. Mais on devrait avoir une intervention plus rapide et efficace.

F.I. : Les chiffres montrent une hausse de la délinquance (+9% des faits sur un an). Qu’est-ce qui n’a pas marché ?

D.D. : Les policiers sur le terrain nous font remonter que ce sont souvent les mêmes individus qu’ils retrouvent. On attend davantage de la justice, on veut de la fermeté sur les auteurs âgés d’au moins seize ans.

B.A. : La répression n’est pas à la hauteur. Quand on voit notre collègue qui s’est fait casser le nez, dimanche matin, qu’il a 28 jours d’ITT (Interruption totale de travail) et que son agresseur a de la prison avec sursis. Ce dernier peut se dire qu’il peut réitérer. Au niveau judiciaire, la réponse devrait être ferme. Est-ce qu’il faut attendre qu’il y ait un mort pour faire quelque chose ? Tous les jours, on a affaire à ce genre de personnes, on a besoin de protection.

F.I. : Mamoudzou comporte plusieurs villages. Est-ce la même situation partout ?

D.D. : C’est très aléatoire. A Mayotte, il n’y a que le sud qui est épargné par les violences. Il y a une différence cependant entre la zone gendarmerie et celle de la police. Dans la première, la violence vient de conflits aux abords des établissements scolaires. A Mamoudzou, ils s’en prennent directement à l’autorité de l’Etat. C’est pour ça qu’on attend du ministre qu’il accentue la reconquête, cela passe par de l’effectif et du matériel.

A.S. : C’est aléatoire. Et on observe dorénavant une délinquance qui s’exporte. Un jeune de Doujani peut très bien agresser une personne à Passamaïnty et Cavani.

F.I. : L’utilisation de drones est envisagée depuis un moment. Où en est-on aujourd’hui ?

D.D. : Je tiens à rappeler que c’est une demande à 100% de notre syndicat. Ces drones vont nous faire gagner en efficacité sur les violences urbaines. Cette unité de quelques fonctionnaires de police formés est une nécessité à Mayotte. Elle devrait être en service en septembre ou octobre.

A.S. : On a vu à quel point s’était efficace avec l’équipe du Raid (Recherche, assistance, intervention et dissuasion), en février. Même si les individus partent dans la mangrove, on peut ensuite les interpeller. On peut saluer la direction qui a mis en place quelque chose qui n’existe pas encore en métropole.

B.A. : On espère les avoir, en tout cas des collègues ont été formés. C’est un bon outil. Si on avait eu un drone à Kawéni par exemple, on aurait pu identifier tous les participants.

F.I. : Les récents affrontements à Passamaïnty, Tsoudnzou et Kawéni ont lieu juste avant la rentrée. Est-ce que ça vous inquiète ?

A.S. : On se demande comment ça va être la semaine prochaine. Comment protéger les élèves ou les bus des caillassages par exemple ?

B.A. : On sait que c’est toujours très compliqué. On va voir quelle stratégie la direction veut mettre en place, tout comme celle de la Ville de Mamoudzou.

*Chiffres au premier trimestre 2022 de la préfecture de Mayotte pour la zone police.

Sébastien Halm quitte le commissariat de Mamoudzou

La rentrée est synonyme d’un changement de képis. Commissaire de Mamoudzou depuis 2020, Sébastien Halm prend la tête de la direction départementale de la sécurité publique (DDSP) de l’Yonne à la rentrée de septembre. Il se rapproche de la banlieue parisienne où il a exercé avant son arrivée sur l’île. C’est son adjointe, la commandante Frédérique Cornaille, qui assurera sa succession.

Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.

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