« La vie normale va reprendre, mais les barrages seront juste à côté »

« La vie normale va reprendre » annoncent les représentants des Forces vives de Mayotte. Le mouvement social entre dans sa deuxième phase « pour une durée indéterminée » en « mettant de côté » les barrages qui paralysent l’île.

Pas de levée des barrages, ni de maintien. Les Forces vives jouent l’entre-deux, et décident ce vendredi de « mettre de côté » les barrages qui paralysent Mayotte depuis plus de trois semaines. Une suspension temporaire sous forme d’épée de Damoclès : les collectifs vont suivre de près les engagements pris par Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer. S’ils estiment que les annonces, concrétisées dans un courrier après la visite ministérielle de dimanche dernier, ne sont pas suivies d’effets, ils remettront en place ces mêmes barrages. « Dans un délais donné que je ne vais pas encore communiquer, la base reviendra pour prendre une nouvelle décision », laisse planer comme mystère Abdou Badirou.

La décision de ce vendredi a été prise dans la douleur, à l’issue d’une assemblée générale qui aura duré plus de quatre heures ce même-jour, dans le marché couvert de Tsararano (commune de Dembéni), en présence des « référents des barrages » de l’île et de la « base » du mouvement social. Des participants plus exigeants n’avaient pas l’intention de courber l’échine après réception du courrier ministériel, jugé peu convaincant sur les sujets sécuritaires. « La base ne veut pas lever tant qu’on n’a pas eu au minima l’état d’urgence sécuritaire », a argué un habitant de Dembéni.

Il y aurait d’ailleurs eu un premier vote à main levée, peu avant 16h, à l’issue duquel le vote « pour » le maintien des barrages l’aurait emporté. Mais les dirigeants du mouvement ont décidé de remettre le couvert après de vifs échanges. Entraînant le départ précipité d’une trentaine de personnes.

« La population va pouvoir circuler »

« La population va pouvoir circuler, la vie normale va reprendre, mais les barrages seront juste à côté », a conclu Abdou Badirou, un des porte-paroles du mouvement, à 18h30 devant les journalistes. Le collectif joue l’apaisement après avoir « expertisé » et « décortiqué » ledit courrier.

Abdou Badirou estime que « le gouvernement a pris des engagements », dont celui de l’organisation d’un deuxième déplacement à Mayotte de la nouvelle ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux. Prévu dans « un mois », selon le porte-parole, ce dernier permettra de « voir l’évolution des actions mises en place ». Une attention toute particulière est portée sur le sujet, sensible, du démantèlement du camp au stade Cavani. L’opération est censée se terminer dans quinze jours, si l’on s’en fie aux déclarations de Gérald Darmanin, qui prévoyait un démantèlement en deux mois.

« En tant que responsables, nous sommes conscients que cela ne va pas plaire à tout le monde, mais nous devons aussi faire confiance à ceux qui ont besoin de travailler », a quant à elle souligné Safina Soula, présidente du collectif des citoyens de Mayotte 2018.

Journaliste à Mayotte depuis septembre 2023. Passionnée par les sujets environnementaux et sociétaux. Aime autant raconter Mayotte par écrit et que par vidéo. Quand je ne suis pas en train d’écrire ou de filmer la nature, vous me trouverez dedans.

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