Le Raid à Mayotte : un bilan mitigé selon les syndicats

Alors que le Raid (pour Recherche, assistance, intervention et dissuasion) a quitté Mayotte, ce lundi, les syndicats de police sont sceptiques sur les effets d’une intervention aussi limitée dans le temps et pendant les vacances scolaires. S’ils constatent un retour de la peur du policier cette semaine, ils réclament des renforts et un équipement semblable à leurs collègues venus les aider.

Devant une hausse des faits de violence depuis le début d’année et suivant la demande à la fois des habitants, du préfet de Mayotte Thierry Suquet et des élus locaux, des renforts de gendarmerie et du Raid sont arrivés il y a une dizaine de jours. Si les premiers devraient rester à Mayotte encore quelques semaines, l’unité de police composée d’une douzaine d’hommes a vu sa mission prendre fin ce week-end. Les syndicats de police présents à Mayotte dressent un bilan mitigé de leur action sur le terrain. “Désoeuvrés”, “pas forcément utiles en ce moment”, les syndicalistes constatent que l’apport du Raid a eu des limites. En cause, selon eux, une présence qui n’était pas forcément nécessaire pendant les vacances scolaires, période jugée plus calme pour les forces de l’ordre. Même le syndicat Alliance, qui avait réclamé l’intervention de cette unité spécialisée dans les émeutes et la guérilla urbaine, concède que la ou les dernières semaines de vacances auraient été plus judicieuses pour soutenir les policiers locaux. Bacar Attoumani rappelle que son syndicat avait cependant fait la demande de renforts “pour réduire le volume de blessés” parmi ses collègues. Et contrairement aux autres syndicats, celui-ci demande “une antenne permanente du Raid ou de la BRI (Brigade de recherche et d’intervention)” sur Mayotte.

Des moyens similaires au Raid réclamés par les policiers de Mamoudzou

Tous s’accordent pour dire que les interventions du Raid ont plusieurs aspects bénéfiques. Ils citent en exemple leur première fois à Tsoundzou pour mettre fin à des barrages. “En temps normal, un caillassage peut durer une, voire des heures. Là, avec l’intervention du Raid, les jeunes ont rapidement disparu”, explique Bacar Attoumani. Avec ses collègues, ils y voient surtout “une question de moyens”. Équipés d’armes capables de lancer des projectiles sur une plus grande portée et munis de drones, les membres du Raid disposent d’un arsenal plus propice au maintien de l’ordre estime leurs collègues locaux. Le calme revenu à Tsoundzou ce soir-là et dans les jours suivants en serait la preuve. “Nous, on envoie des gaz lacrymogènes pour faire reculer les jeunes. Si on avait des moyens similaires, on pourrait se recentrer sur des interpellations”, estime Aldric Jamey, du syndicat Alternative police. Tous demandent ainsi un équipement similaire pour les policiers de Mamoudzou, en ajoutant bien sûr des formations pour l’utiliser. Il faudrait cependant que la réglementation soit modifiée, les syndicats poussant en ce sens les parlementaires locaux et la préfecture de Mayotte.

Les syndicalistes interrogés réclament également des renforts pour assurer leur mission de maintien de l’ordre, notamment pour la brigade anti-criminalité (Bac) ou la compagnie d’intervention (CI). “Il faudrait au moins doubler leurs effectifs”, détaille Aldric Jamey.

Avec le départ du Raid, il s’inquiète à l’approche de la fin des vacances. “Maintenant qu’ils sont partis, on va assister à un retour à la normale”, prédit le représentant d’Alternative police.

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