Près des collèges mahorais, une violence devenue quotidienne

A Kwalé, Koungou, Doujani, Passamaïnty, les demandes de sécurisation des établissements scolaires du secondaire face aux violences se poursuivent. Le recteur, Jacques Mikulovic, devait s’entretenir, lundi après-midi avec des représentants et dans la soirée, avec les chefs d’établissement pour trouver des solutions à la poursuite pédagogique.

C’est un scénario auquel Mayotte semble être habituée. Lundi matin, le collège Frédéric-d’Achery, à mi-chemin entre le village de Trévani et Koungou, a dû prendre des mesures concernant l’insécurité. Mercredi 24 janvier, le personnel et les élèves avaient dû se confiner à cause de violences aux abords de l’établissement, ciblé par une tentative d’intrusion. Un élève avait été blessé légèrement par un jet de pierre au niveau du dos. Ce lundi 29 janvier, les rivalités entre des bandes des deux communes ont cette fois-ci conduit à l’évacuation d’environ 1.000 élèves vers 8 heures et la fermeture du collège, où une cellule de crise pour une aide psychologique a été mise en place, depuis le dernier événement, par le rectorat. Le recteur, Jacques Mikulovic, en route pour « soutenir le personnel », n’a pu aller jusqu’à destination, recevant un projectile sur la cuisse, « sans gravité », après les barrages de Koungou.

Depuis jeudi, plusieurs membres du personnel exercent leur droit de retrait. Ce lundi, « impossible de connaître leur nombre compte tenu des barrages », indique un membre de la vie scolaire. Selon ses informations, neuf enseignants sur 110 étaient présents ce lundi matin. Une commission de sécurité, réunion obligatoire à l’issue d’un droit de retrait, est programmée mardi. Les enseignants et le personnel réclament l’installation d’une gâchette électrique, une armature pour la porte à l’entrée de l’établissement et une présence renforcée de la gendarmerie. « On attend du concret. Ce matin il y avait deux quatre-quatre de la gendarmerie, et eux-mêmes n’étaient pas confiants. Le collège est dans une cuvette, on est sur la ligne de front. Le contexte ne permet pas aux élèves d’étudier dans des conditions normales », s’exprime notre source.

Grève illimitée au collège de Doujani

Au collège de Doujani, le personnel, en grève illimitée depuis ce matin, a dû mettre fin à son rassemblement. « Des gamins dehors ont commencé à lancer des projectiles. On sait qu’on est dans un quartier sensible, on a décidé de rentrer et faire rentrer les élèves qui étaient aussi dehors malgré l’absence de blocage », rapporte Yacouba Galledou, enseignant et secrétaire académique de l’intersyndicale SGEN-CGT Mayotte. Un nouveau rassemblement doit se tenir ce mardi matin, à 6 heures 30. Le 24 janvier, une réunion avait eu lieu entre le rectorat, l’administration du collège et le personnel. Ce dernier « a trouvé les réponses apportées insuffisantes », explique le secrétaire, qui pointe également un refus d’établir, à l’écrit, un relevé des conclusions.

L’équipe réclame la sécurisation de l’enceinte et du parking, des travaux pour éviter les coulées de boue à l’intérieur de l’établissement comme cela a été le cas lors des dernières fortes pluies, revoir l’installation électrique pour éviter les électrocutions et la titularisation d’assistants d’éducation, c’est-à-dire « de gens du quartier qui connaissent les jeunes et les parents, et permettent de calmer les tensions ».

Le collège de Passamaïnty fermé

Les personnels du collège Ouvoimoja de Passamaïnty informent quant à eux, dans une lettre adressée au préfet, qu’à partir de ce lundi, 9 heures 30, « plus aucun élève ne sera pris en charge en l’absence de réponses satisfaisantes ». Ils demandent une sécurisation effective autour des établissements scolaires et la protection des points sensibles pour tous les élèves et personnels. « Moins de la moitié de nos élèves vient en cours à cause des agressions quotidiennes de bus scolaires », indiquent-ils.

Tandis qu’au collège de Kwalé, par manque de personnels à cause des différents blocages sur l’île, les élèves sont contraints de quitter leurs classes en fin de matinée, avant de passer à la cantine, fermée ce lundi pour les mêmes raisons. Concernant les revendications exprimées lors de la dernière grève et manifestation du personnel et parents d’élèves, jeudi 18 janvier, un représentant syndical indique ne pas avoir eu de retour du rectorat.

La réponse du rectorat

« On est parfaitement conscients que ce n’est pas une situation normale, il faut une solution pérenne », déclare le recteur, Jacques Mikulovic, interrogé sur ces différentes problématiques. « On fera tout ce qui peut être fait », s’engage-t-il. Ce lundi après-midi, il devait recevoir quelques représentants syndicaux de la direction des établissements scolaires du groupe Blanchet (Snpden, Id-Fo et SGEN-CFDT) avec le préfet, Thierry Suquet. Dans la soirée, c’est une visio-conférence qui était prévue avec tous les chefs d’établissement afin de trouver des solutions à la poursuite pédagogique malgré le déficit de personnels causé par les barrages.

« Le service technique est mobilisé », répond-il concernant les travaux à effectuer au collège de Doujani. Pour la titularisation : « Si on peut le faire, on le fera. Il faut qu’on travaille sur l’attractivité dans un moment où l’image n’est pas très positive. On est toujours favorables à stabiliser notre pédagogique. » Pour ce qu’il s’agit des travaux de sécurisation de l’enceinte du collège de Kwalé, il répond : « Tout est planifié. Pour moi, tout est résolu. On fait le maximum pour être réactifs. » Le portail est en train d’être réparé et son remplacement est planifié. Une vidéo protection doit également être installée. Pour le collège de Koungou, « des travaux de sécurisation sont en cours. Une équipe de la Division des constructions scolaires est allée sur place ce lundi matin. » Un devis est en cours pour effectuer des réparations « à faire immédiatement », créer un sas en fermant le hub où arrivent les bus ou mettre en place une nouvelle clôture.

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