La réalité du terrain a vite rattrapé Philippe Vigier. A Mayotte pour deux jours, le ministre délégué aux Outre-mer a dû s’exprimer sur l’insécurité qui paralyse le territoire, ce mercredi matin, après une rencontre avec le maire de Dembéni, Moudjibou Saïdi. La commune confrontée aux affrontements entre bandes a instauré un couvre-feu pour les mineurs, de 19h à 4h.
Quatre heures de discussions avec les élus mahorais, des représentants d’institutions et de la société civile, ce mardi, n’ont pas découragé le ministre de l’Intérieur et de l’Outremer de se pencher à nouveau sur la question de la sécurité. Ce mercredi matin, Philippe Vigier a fait un détour par Dembéni où il a rencontré Moudjibou Saïdi. Le maire de la commune a dû instaurer un couvre-feu pour les mineurs, de 19h à 4h, pendant trois semaines. La mesure, ainsi qu’un important dispositif de la gendarmerie, doit servir à ramener le calme après plusieurs nuits d’affrontements ponctués d’incendies de cases, de snacks à Dembéni et même d’un camion de gendarmerie à Tsararano.
« A l’issue de la réunion [au Département], comme je m’y étais engagé, j’ai parlé avec Gérald Darmanin. Il a décidé, [mardi soir], d’envoyer des moyens complémentaires dans les heures qui viennent », explique Philippe Vigier, au sujet de son ministre de tutelle. Le numéro trois du gouvernement a ainsi acté l’envoi d’un sixième escadron de gendarmerie mobile, le cinquième étant présent à Mayotte depuis la rentrée. « Je condamne sans réserve toutes ces violences totalement infondées. Nous sommes là, la République est là, solide. Nous continuerons quoi qu’il arrive à protéger les Mahoraises et les Mahorais. Et nous protégerons les élus, car je sais qu’il y en a qui ont été menacés », insiste le ministre sur le perron de la mairie.
« La peur doit changer de camp »
« Ils ne gagneront pas. S’il faut d’autres moyens, rassurez-vous, on fera ce qu’il faut. On ne lâchera pas un centimètre de terrain, la peur doit changer de camp », poursuit-il. Faisant l’inventaire de biens brûlés, il déclare : « On ne doit pas laisser faire cela ». Interrogé sur des interpellations en lien avec les événements de ces derniers jours, il préfère dire que « des hommes et des femmes seront, sont en garde-à-vue » sans vraiment avoir la capacité de donner des détails. Côté gendarmerie, on confirme qu’il n’y en a pas eu pour l’instant. Mais le général Lucien Barth, commandant de la gendarmerie de Mayotte, rappelle que le volet judiciaire intervient régulièrement après les troubles à l’ordre public. « On fait une dizaine d’interpellations par semaine, pas nécessairement que sur Dembéni », fait-il remarquer. Sur ce point justement, le ministre demande le soutien des riverains : « On a besoin de toute la population. On ne peut pas laisser comme cela des agitateurs, des voyous, vouloir mettre le pays à sac ».
Une fois ce moment matinal avec la presse, le ministre espérait peut-être passer à des sujets plus légers avec l’innovation et la culture (voir par ailleurs). Hélas pour lui, les élus ont souligné « une violence inadmissible sur le territoire national ». Alors que les acteurs culturels ont regretté que les diverses crises sanitaires, de l’eau et donc sécuritaire aient des conséquences sur leurs manifestations, notamment en décourageant le public.
Élisabeth Borne à Mayotte le 8 décembre
La Première ministre Élisabeth Borne sera présente à Mayotte, le vendredi 8 décembre. Elle y rencontrera des élus locaux et ira à la rencontre des habitants pour parler de leur quotidien et de l’avenir de l’île. Les problématiques d’approvisionnement en eau, d’habitat insalubre, de sécurité et d’immigration clandestine seront abordées lors de ces échanges. Il s’agit de la première visite de la Première ministre sur l’île, et de la première visite d’un chef du gouvernement depuis celle de François Fillon, en 2009.
Quatre ministres en visite à La Réunion
Après son passage express à Mayotte, Philippe Vigier, ministre délégué aux Outre-mer, ne quitte pas immédiatement l’océan Indien. Il rejoint, ce mercredi 29 novembre, trois autres ministres du gouvernement à la Réunion. Pour l’ouverture de la French Tech Day, évènement qui rassemble un consortium d’entrepreneurs ultra-marins, Rima Abdul Malak (ministre de la Culture), Jean-Noël Barrot (ministre délégué chargé du numérique) et Olivier Becht (ministre délégué notamment chargé du commerce extérieur), ont fait le déplacement. L’occasion pour le quatuor de valoriser la création de la 21e école nationale supérieure d’architecture (ENSA) sur l’île, la première à être implantée dans un département ultra-marin.
Pendant ce déplacement, la ministre de la Culture rencontrera également la direction et les représentants du personnel du Quotidien de la Réunion et du Journal de l’Île de La Réunion, deux titres de presse en difficulté, afin d’échanger sur leurs préoccupations et sur les enjeux à venir.
Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.