Le personnel de Kwalé manifeste pour « ne plus revivre le traumatisme »

Le collège de Kwalé craint de revivre les événements de violences du jeudi 12 décembre, où des heurts à l’extérieur avaient obligé élèves et enseignants. Ces derniers, accompagnés de parents d’élèves, ont manifesté ce jeudi matin pour réclamer plus de sécurité.

« C’est arrivé comme un tsunami », dépeint Manuel, professeur depuis un an au collège de Kwalé, « l’avancée de bandes de jeunes vers l’établissement » jeudi 12 décembre, avec « les forces de l’ordre derrière », bien en mémoire. Comme soixante-quatre autres membres du personnel, il est en grève ce jeudi 18 janvier pour réclamer des mesures au rectorat face à l’insécurité : sécuriser l’enceinte de l’école avec des réparations d’urgence, le stade en chantier à proximité où des barres de fer et des pierres sont à disposition, et obtenir plus d’équipes mobiles de sécurité. Ils demandent également un protocole de communication pour être rapidement informés du danger, ce à quoi la direction de l’établissement s’est engagée oralement.

Décision prise de fermer le collège le temps de la manifestation, enseignants et quelques parents d’élèves ont entamé leur marche, depuis le collège de Tsoundzou 1, vers 9 h jusqu’aux environs de 10 h. Armés de cartons où on peut par exemple lire « L’école doit être un refuge, pas une zone de guerre », ils se sont dirigés jusqu’à la route départementale pour être visibles des conducteurs. Ceux-là n’hésitent pas à klaxonner en preuve de soutien.

« On n’est pas tranquille quand on envoie les enfants à l’école »

« On risque notre vie tous les jours », poursuit Manuel qui manifeste pour « ne plus revivre le traumatisme de plusieurs heures de stress » qu’ont vécu enseignants et élèves. « Ça pleuvait des cailloux depuis le grillage. » L’un des jeunes assaillants s’étant même introduit « pour prendre à revers » le personnel bloqué dehors. Appelé par la direction pour fermer sa classe, d’où les haut-parleurs « ne fonctionnent pas bien », il a rejoint le reste du personnel confiné. « On a enfermé les élèves dans le réfectoire. Cachés sous les tables, on leur interdisait même d’aller aux toilettes. Et puis on a senti l’odeur du gaz des grenades lacrymogènes approcher. » Selon lui, « le collège est une cuvette, ce qui nous rend extrêmement vulnérables ». « On devrait se concentrer sur la pédagogie, pas gérer la question de si on va repartir en vie », conclut-il.

Une insécurité qui alimente une peur déjà présente au quotidien. « Il y a deux ans c’était encore gérable », déclare Siti, enseignante depuis six ans. « On vient la boule au ventre, on ne sait pas si on arrivera en un seul morceau. » Tandis qu’une autre, en poste depuis neuf ans, témoigne de sa peur pour ses enfants qui sont aussi scolarisés au collège.

« On n’est pas tranquille quand on envoie les enfants à l’école », appuie Hamada, parent d’élève, paniqué pour la sécurité de sa fille le jour de l’intrusion. « S’il se passe quelque chose, ça peut tomber sur n’importe quel enfant. » Ajoutant que « beaucoup d’entre eux font le trajet à pied. »

À ce jour, hormis une visite de la Direction des constructions scolaires (DCS) pour constater les travaux à effectuer, les représentants de syndicaux n’ont pas encore eu de réponse de la part du rectorat. Mais à la suite de cette marche, un envoyé du recteur, chargé de la vie scolaire et de la sécurité, s’est entretenu avec la principale, ses adjoints et des représentants syndicaux. Une réponse pourrait être apportée d’ici une semaine.

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