Ambdilwahedou Soumaïla, le maire de Mamoudzou, Yann Le Bris, le procureur de la République et les représentants de l’État ont officiellement installé le conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance de la ville chef-lieu ce mardi 13 avril. Il a pour mission de freiner l’insécurité grandissante dans la commune à travers différentes actions et partenaires.
Une minute de silence en hommage à Miki, l’adolescent de M’tsamboro, décédé vendredi dernier à la suite d’une agression à la sortie du lycée de Mtsangadoua. C’est ainsi que commence la cérémonie d’installation du conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) de Mamoudzou, comme pour rappeler la gravité de la situation à Mayotte. L’insécurité grandissante sur le territoire étouffe les habitants alors que les actions se multiplient pour inverser la tendance et apporter un semblant de paix sur l’île. Dernier exemple en date, les assises de la sécurité et de la citoyenneté organisées en fin d’année dernière. De ces deux jours de concertation découlent le CLSPD de Mamoudzou.
Ce n’est pas une première, cette organisation existait déjà dans la ville chef-lieu, mais elle était inactive depuis deux ans. Ambdilwahedou Soumaïla souhaite la réactiver avant que la délinquance arrive à point de non retour dans la commune. « La sécurité des citoyens ne peut être assurée de façon durable sans une coordination collective. Cette instance permettra de mettre les moyens humains et financiers pour atteindre les objectifs ciblés », annonce le maire de Mamoudzou. Et ces derniers sont ambitieux puisque le CLSPD dégage 11 grands axes. Parmi lesquels : l’installation d’un plan local de prévention de la délinquance avec un plan d’actions pour la sécurité et la salubrité publique, la mise en place d’un conseil pour les droits et devoirs des familles et accompagnement parental, ou encore le suivi et la valorisation du pacte de sécurité signé ente la ville et la préfecture en octobre 2020.
Toutes ces initiatives seront animés par les différents services de l’État et la commune. Et chacun devra y mettre du sien ! « Le CLSPD ne doit pas être une coquille vide, sinon elle ne servira à rien », rappelle le procureur de la République, Yann Le Bris. Afin d’éviter ce scénario, des ateliers autour de la famille et de l’éducation seront rapidement mis en place. Le but ? Pouvoir rendre des conclusions dans six mois. Mais Ambdilwahedou Soumaïla sait d’ores et déjà que le travail qui les attend est colossal « Le mal est profond, le chemin pour trouver la liberté d’entant va être long, mais en travaillant ensemble, nous y arriverons. »
Augmenter les moyens coûte que coûte
L’une des mesures phares est l’augmentation des effectifs de la police municipale, un engagement qui remonte à six mois. « Mayotte est le territoire qui a le moins de policiers municipaux par rapport à sa population. Nous devons faire un effort sur le recrutement de ces agents, car ils connaissent le territoire, la population et peuvent détecter les jeunes qui commencent à dévier », conseille Jérôme Millet, sous-préfet. Le chef-lieu qui compte actuellement 36 policiers municipaux doit mener ce chiffre à 70 afin de se rapprocher de la moyenne nationale. Deux commissariats seront d’ailleurs ouverts prochainement à Kaweni et à Passamaïnty. Ambdilwahedou Soumaïla promet d’éclairer tous « les recoins sombres de la ville », qui sont souvent le théâtre des scènes de délits.
De son côté, la préfecture accompagnera la commune dans la mise en place de vidéo connexion. « Mayotte est le territoire de France le moins protégé par les caméras », rap-pelle une nouvelle fois le sous-préfet. La police nationale, la gendarmerie, ainsi que les acteurs associatifs devront également fournir d’avantage d’efforts et multiplier leurs actions sur le terrain.
Mais cette stratégie n’est pas vue d’un bon œil par Elyassir Maanroufou, qui représentait le sénateur Hassani Abdallah lors de l’installation du CLSPD. « Nous avons vu des dis-positifs fleurir de partout, mais nous avons aucun diagnostic qui définit qui fait quoi sur notre commune. Ce n’est plus acceptable que tout le monde fasse la même chose et qu’au final personne ne fasse rien du tout. Les évènements qui se sont déroulés à M’tsapéré il y a une semaine nous montrent les limites de ce que nous avons mis en place. Tout ce que nous avons cité ici existe déjà, mais cela manque de coordination. » Il est donc important d’identifier la mission de chacun et de changer de méthode.
Elyassir Maanroufou propose par exemple le retour du service du rappel à l’ordre qui existait à Mamoudzou il y a quelques années pour que chaque famille prenne ses responsabilités. Le maire réaffirme son dévouement pour mener à bien sa mission de pré-vention de la délinquance. « Nous n’allons pas attendre les conclusions pour mettre les choses en place », promet-il. Encore faudrait-il que tous les partenaires sollicités soient aussi investis que lui. Convié à l’installation du CLSPD, le conseil départemental a laissé sa chaise vide. Et son absence s’est fait remarquer. « C’est regrettable, d’autant plus que le Département est le chef de file de l’action sociale et de la protection de l’enfance », conclut Elyassir Maanroufou. L’heure du grand rassemblement attendra…