Le chef-lieu est la première ville de Mayotte à avoir installé des caméras de vidéoprotection. Elle a commencé timidement et aujourd’hui près de soixante caméras sont disposées sur le territoire communal. Le maire et son équipe de sécurité voient les choses en grand puisqu’une centaine va s’ajouter à celles déjà existantes. Le dernier numéro de Mayotte Hebdo (numéro 1081) revient sur ce moyen utilisé à Mayotte pour lutter contre l’insécurité.
« Vous êtes où ? Dépêchez-vous au croisement du square Papaye vers le lycée Bamana car il y a un groupe suspect. Il faut aller voir. » L’opérateur vidéo installé confortablement devant les écrans du centre de supervision urbaine (CSU) de Mamoudzou est à l’affût du moindre fait anormal. Tous les agents sont très attentifs car leur mission est de protéger les habitants de la ville chef-lieu et ceux qui sont de passage. « Vous êtes protégés, pas surveillés », rassure Anfane M’dogo, le chef de la police municipale de Mamoudzou. Il est vrai que lorsque l’on pénètre dans les locaux du CSU situé à côté de l’hôtel de ville, le mur géant d’écrans peut impressionner. « À la date actuelle, on a 58 caméras effectives sur l’ensemble du territoire de la commune », précise le numéro un de la police municipale. Elles sont réparties sur des zones stratégiques propices aux accidents et aux agressions, et déterminées avec la police nationale.
Cette dernière est d’ailleurs la première bénéficiaire des images stockées par ces appareils, dans un délai de trente jours (au-delà, elles sont détruites automatiquement). « Nos vidéos sont beaucoup utilisées par la police nationale dans le cadre de procédures judiciaires. Lorsque les policiers ont besoin de nos images, ils font une réquisition et on les fournit. On chiffre le nombre de réquisitions à 200 par an, en moyenne », continue Anfane M’dogo. Ce dernier réfute l’idée que les caméras ne fonctionnent jamais lorsqu’un individu se fait agresser. « Nos caméras filment 24h/24. Mais il peut arriver que l’une d’entre elle ne fonctionne pas sans qu’on ne s’en rende compte. Dès qu’on le constate on envoie nos partenaires qui assurent la maintenance. » Et pour assurer le visionnage des films diffusés en temps réel sur les écrans du CSU, huit agents sont mobilisés en journée et quatre la nuit. Un déport vient d’être installé à la police municipale annexe de Passamaïnty. Ce qui signifie que les agents peuvent voir tout ce que les caméras de vidéoprotection transmettent sur les écrans. Ils pourront désormais prendre la main lorsque les opérateurs vidéo de Mamoudzou centre ne seront pas disponibles.
Augmenter le nombre de caméras
Le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, a récemment annoncé l’installation « d’une centaine de caméras de vidéo verbalisation » dans sa commune. En réalité, l’ensemble des caméras peut déjà faire l’objet de vidéo verbalisation. Ce qui va changer est la méthode de travail. « Les agents ne seront plus sur la route mais au CSU. Ils pourront prendre la main sur une caméra et zoomer pour constater une infraction, le non-respect du code de la route, etc », explique le chef de la police municipale de Mamoudzou. Douze infractions sont déjà déterminées en ce sens.
La municipalité a voulu ajouter des caméras car le besoin s’est fait ressentir au fil des années. « Sur le terrain, il y a beaucoup plus de monde, plus d’agressions. Et puis le système rassure », selon Anfane M’dogo. L’objectif est d’aussi couvrir certains villages qui étaient jusque-là oubliés. « Il faut en installer dans certains quartiers comme M’tsapéré et Vahibé. Mais on va le faire en fonction de ce que nous dit le référent sécurité car une caméra coûte cher. Si on la met à un endroit où elle ne peut pas être protégée ça ne sert à rien » continue le représentant de la police municipale, en ajoutant que le remplacement d’un de ces appareils peut avoisiner les 8.000 euros. L’équipe municipale déplore le nombre de caméras dégradées. Certaines n’ont pas été remplacées à l’exemple de celles qui étaient à Passamaïnty. Se pose alors la question de la limite de ce système censé lutter contre la délinquance. « Quand une personne est déterminée à commettre un acte, ce n’est pas la caméra qui va l’en dissuader. Ce qui nous aide est de pouvoir identifier ces individus ou déterminer le chemin qu’ils empruntent, les arrêter et les traduire en justice », nuance notre interlocuteur.
La mairie espère terminer la première phase au mois de juin de cette année. 58 caméras vont s’ajouter à celles déjà existantes. L’ensemble du projet coûte 4,8 millions d’euros. « On a eu une aide financière d’un million d’euros de l’État, et le reste est financé par la commune. » Avec l’arrivée de Caribus, une partie du dispositif sera dédié aux voies de bus.