Le lycée de Chirongui encore vidé de ses élèves par la rumeur

Les menaces reçues à la fin des vacances scolaires et les affrontements de mercredi ont poussé des parents d’élèves à dissuader leurs enfants d’aller au lycée professionnel de Chirongui, ce jeudi. Ils comptent d’ailleurs bloquer l’établissement, demandant davantage de sécurité. Un mouvement déploré par les autorités, la gendarmerie et le rectorat qui appellent la population au calme.

“On avait donné trois semaines, lundi. Et deux jours après, c’est le bordel”, s’emporte Andhum Imrane, une mère de famille. Ce jeudi, plusieurs habitants restent aux abords de l’Hôtel de ville de Chirongui. Ils viennent de donner “une liste de priorités” à la municipalité (voir ci-dessous). Des revendications nées alors que la commune a connu ces derniers jours des menaces pesant sur les riverains, engendrant son flot de rumeurs. La mort, le 10 mars, d’un lycéen originaire de Tsoundzou, a mis le feu aux poudres. Des menaces de représailles sur les réseaux sociaux mettent les nerfs de la population locale à rude épreuve.

lycee-chirongui-encore-vide-eleves-rumeur-2
Plusieurs mères d’élèves se sont rendus à la mairie pour que celle-ci prenne des mesures pour garantir la sécurité
des élèves.

Lundi, le lycée Tani Malandi s’est retrouvé pour la première fois avec une poignée d’élèves. Il l’a été à nouveau ce jeudi et le sera vraisemblablement ce vendredi. Entretemps, mercredi matin, des bandes s’en sont pris aux élèves en leur lançant des pierres. Ces derniers ont pu se réfugier à l’intérieur de l’établissement. Mais le mal était fait selon une partie des parents qui appellent “au blocage des écoles”. La gendarmerie suit ça très sérieusement, même si elle souhaite calmer le jeu et rappelle que “des forces sont déployées de façon pérenne près de tous les grands établissements”. “On n’a pas eu de plaintes”, confirme le colonel Olivier Castries, commandant de gendarmerie, au sujet des événements de ce milieu de semaine.

“Il y a une volonté d’instrumentaliser, ça me révolte”

Alors que les rares élèves quittent l’école au fur et à mesure, ce jeudi, la municipalité, la gendarmerie et le rectorat déplorent que “des gens de l’extérieur” empêchent la bonne reprise des cours. “Le lycée n’est pas fermé”, répète le recteur Gilles Halbout, qui ne cache pas sa colère. “Les parents d’élèves que j’ai au téléphone, au contraire, appellent à ne pas bloquer le lycée. Il y a une volonté d’instrumentaliser ce qui se passe à Chirongui, ça me révolte.” Il rappelle au contraire que le lycée “prône le vivre ensemble”, accepte les élèves “peu importe leurs villages” et que “nous sanctionnons tous les mauvais comportements”.

Regrettant la propagation de “fausses informations”, le commandant de gendarmerie suit l’avis de l’académie. “C’est extrêmement pénible. Beaucoup de gens y croient et on voit les effets dans le milieu scolaire”, déplore-t-il, avant de demander “de laisser la gendarmerie faire son travail”.

La commune de Chirongui, qui a rencontré les habitants, s’est également fendu d’un communiqué pour demander aussi “le calme”, jeudi soir. “Nous rappelons que nos enfants ont besoin d’apprendre et d’être ensemble. C’est pourquoi, le maire Andhanouni Saïd tient à vous informer que les établissements scolaires accueillent leurs élèves normalement. Pensons à leur avenir”, est-il écrit.

 

Plusieurs revendications apportées à la mairie

Outre la sécurité, les habitants ont fait remonter, jeudi matin, une série de “priorités” à la municipalité. Si certaines sont concrètes comme des travaux d’évacuations des eaux pluviales ou le réaménagement de la route entre Chirongui et Malamani, d’autres sont beaucoup plus larges. La population demande par exemple de mettre fin à la vente à la sauvette ou un meilleur éclairage public. Pour les questions relatives à la sécurité, Cédric Maleysson, le chef de la police municipale, a déjà fait le tour des mesures. “Sur le problème des chiens errants par exemple. Nous n’avons pas de moyens ni de personnes formées. Nous faisons appel à l’association Gueule d’amour, mais tout ceci à un coût”, explique-t-il. Celui-ci souhaite toujours renforcer ses effectifs, conformément à la volonté de la municipalité. “J’ai beaucoup de candidatures. Mais pour être policier municipal, il faut passer un concours”, rappelle-t-il.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1108

Le journal des jeunes

À la Une