Les maires de Mayotte demandent « une réaction ferme de l’État protecteur »

Des attaques et des rixes sur la route nationale 1, au niveau de Tsoundzou 1, et la fermeture des maternités de Dzoumogné et de Mramadoudou font réagir l’association des maires de Mayotte. Son président, Madi Madi Souf, a écrit une lettre au préfet de Mayotte, Thierry Suquet, en mettant en copie Gérald Darmanin et Philippe Vigier, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer et le nouveau ministre délégué aux Outre-mer. Il sollicite « des mesures fortes » contre les bandes et « la reconnaissance des qualifications professionnelles de médecins malgaches » pour combler les besoins en médecine.

« Monsieur le préfet,

Je souhaite, par cette présente, attirer votre attention sur le retour en force des actes d’agressions sur le secteur de Tsoundzou 1 depuis quelques semaines maintenant, plus particulièrement aux abords de la RN1 traversant ce village. En effet, après une relative accalmie liée sans aucun doute à la présence massive et régulière des forces de l’ordre de l’opération Wuambushu sur cette zone, il est constaté depuis une forte reprise des actes de banditismes. Un palier supplémentaire dans la terreur a d’ailleurs été franchi le week-end dernier dans l’attaque des clients et de la station d’essence Total Énergies dont les images circulent sur les réseaux sociaux. Ces violences répétées ont conduit mon collègue maire de Mamoudzou [N.D.L.R. Ambdilwahedou Soumaïla] à prendre des mesures inédites telles que l’interdiction de toutes manifestations dans ce village, à partir de 18h, après celles liées à l’interdiction de vente du pétrole lampant il y a quelques mois.

Il est donc grand temps que nous changions notre manière de voir et d’appréhender ces actes qui ne relèvent plus de la petite délinquance, mais bel et bien de la grande criminalité organisée et qui doivent, en conséquence, appeler à une réaction ferme et à des mesures fortes de la part de l’État protecteur, garant de la protection des biens et des personnes. Nous vous demandons donc, Monsieur le préfet, de prendre toutes les dispositions nécessaires pour sécuriser cet axe, démanteler et mettre hors d’état de nuire ces bandes de criminels qui sont déterminés et prêts à tout pour terroriser la population, pour voler, blesser et même tuer.

Des médecins malgaches contre la pénurie de soignants ?

Je profite aussi de l’occasion pour attirer également votre attention par rapport à la fermeture, depuis le 3 juillet dernier, des services de maternités des dispensaires de Dzoumogné et de Mramadoudou en raison, semble-t-il, d’un manque de personnels soignants. Même si la pénurie en personnels de santé est une réalité sur le territoire, nous regrettons cependant la manière par laquelle le centre hospitalier de Mayotte a pris cette décision de fermeture sans concertation et sans consultation des élus locaux de proximité et nous pensons que cette situation ne saurait durer au risque de mettre gravement en danger la vie de nombreuses patientes.

Sur ce volet médical, l’association des maires et le conseil département ont proposé, pour le CIOM [N.D.L.R. comité interministériel de l’outre-mer], la mise en place de dispositifs incitatifs pour faciliter le recrutement et l’installation de nouveaux médecins et la création de conditions favorables à la reconnaissance des qualifications professionnelles de médecins malgaches, dans le cadre de la coopération régionale, qui pourraient ainsi exercer à Mayotte, à l’instar de ce qui se fait en Guyane avec les médecins cubains.

Il appartient donc désormais au gouvernement de décider de la suite à donner à ces propositions qui pourraient pallier ce sous-effectif et contribuer grandement à l’amélioration de la prise en charge de la population. Je vous prie d’agréer, Monsieur le préfet, l’expression de ma haute considération ».

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