Après des rixes devant l’établissement, le collège du quartier de M’gombani, à Mamoudzou, a fermé ses portes dans la foulée, jeudi et vendredi. Une partie de son personnel a écrit un courrier sous forme d’appel à l’aide à sa direction, le rectorat, la préfecture de Mayotte et sa ministre de tutelle, Amélie Oudéa-Castéra. Au lycée Bamana, les cours ont été suspendus, vendredi après-midi et samedi.
« Mesdames et Monsieur les principaux du collège Halidi-Sélémani, Monsieur le recteur de l’académie de Mayotte, Monsieur le préfet de Mayotte, Madame la ministre de l’Éducation nationale,
Nous vivons à Mayotte et nous travaillons au collège Halidi-Sélémani de M’gombani, à Mamoudzou, depuis quelques mois ou plusieurs années. Nous connaissions les problématiques locales, la pauvreté, les agressions dont nous avons parfois été victimes, le manque d’eau, l’accès aux soins, … Mais nous vivions.
Depuis quelques temps, une boule au ventre s’est installée en chacun de nous. Nous avons peur sur le chemin du travail, nous ne nous sentons pas en sécurité, et ça ne se limite pas à une sensation, c’est factuel, nous ne sommes pas en sécurité. Combien de nos collègues ont été agressés ? Combien de nos élèves courent pour rejoindre le collège sans heurts ? Combien de parents ont peur pour leurs enfants dès qu’ils sont hors de la maison ? Notre vie est rythmée par « les boums » des forces de l’ordre qui dispersent seulement pour un temps les problèmes.
« Que l’État prenne ses responsabilités face au chaos »
Dernièrement, les barrages de grévistes se sont installés, paralysant l’île, comme un cri d’alarme, sommant l’État de faire quelque chose. Les revendications, l’organisation et la manière de faire sont désordonnées, mais c’est un symptôme du mal qui s’est installé. Nous sommes fonctionnaires de l’État et nous attendons, nous aussi, que celui-ci prenne ses responsabilités face au chaos que nous traversons.
– Nous voulons pouvoir être en paix dans notre département quand nous allons travailler ou quand nous nous déplaçons à titre privé.
– Nous voulons la sécurité pour les élèves et l’ensemble du personnel au sein de l’établissement.
– Nous voulons des conditions de travail décentes.
– Nous voulons l’égalité des chances pleine et réelle pour nos élèves.
– Nous voulons l’empathie et le respect de notre libre-arbitre de la part de notre hiérarchie, à l’échelle locale comme nationale, quand nous traversons des situations anormales plutôt que des discours intrusifs et moralisateurs.
– Nous voulons l’assurance de rentrer chez nous après le travail en sécurité avec les moyens de transports prévus.
– Nous voulons pouvoir nous consacrer pleinement à nos missions sur notre temps de travail.
– Nous voulons une vie digne et paisible pour tous les habitants de Mayotte.
– Nous ne voulons plus être résilients.
– Nous ne voulons plus être courageux d’aller travailler.
Dans l’espoir que vous saurez entendre notre appel, veuillez agréer, Mesdames, Messieurs, nos respectueuses salutations. »
Des personnels du collège de M’gombani
Le lycée Younoussa-Bamana fermé lui aussi
Jeudi matin également, d’autres caillassages ont eu lieu, devant le lycée Younoussa-Bamana. L’ouverture tardive de ce dernier a accentué les tensions entre des groupes d’élèves de différents quartiers, notamment de ceux des villages de M’tsapéré et Cavani. Contrairement au collège M’gombani, l’établissement est demeuré ouvert pendant la journée de jeudi. Sauf qu’entre le mouvement de grève nationale et les barrages, peu d’adultes étaient présents pour prendre en charge les 2.700 élèves, suscitant la peur d’un retour des affrontements.
Le conseil de la vie lycéenne (CVL, les représentants des élèves) a fait passer le message à ses camarades, jeudi soir, de ne pas se rendre au lycée vendredi, « s’ils jugent que leur vie est en danger ». Une recommandation similaire a été passée de la part de la direction au personnel. Finalement, la fermeture du lycée a été décidée, vendredi midi, et a été étendue au samedi. Ce lundi, une assemblée générale devrait se tenir à la demande du CVL.
Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.