Laurent Seurin, le nouveau commandant de la compagnie de gendarmerie départementale

Après 30 ans de carrière dans la gendarmerie mobile et plusieurs opérations extérieures en Afghanistan, en Irak et au Kosovo, le chef d’escadron Laurent Seurin a pris officiellement ce mercredi 6 octobre le commandement de la compagnie de gendarmerie départementale de Koungou, créée par décret le 1er août dernier, qui réunit toutes les brigades territoriales autonomes. Un échelon intermédiaire qui doit permettre de faire le lien entre la gendarmerie de terrain et l’état-major. Entretien.

Flash Infos : Depuis le 2 août, vous êtes le premier chef de la compagnie de gendarmerie départementale. Quel votre rôle exact ?

Laurent Seurin : Jusqu’au 1er août dernier, il n’y avait pas de compagnie : les unités étaient commandées par un officier satellite au niveau du commandant de la gendarmerie. Mais nous nous sommes vite aperçus qu’il fallait un chef, notamment sur Grande-Terre, pour commander les cinq brigades et le PSIG (peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie), sachant que celle de Pamandzi est directement sous la coupe du colonel Capelle. Il fallait donc un échelon intermédiaire de commandement de coordination pour justement pallier toutes les problématiques d’ordre public, gagner en réactivité, mais aussi identifier un chef unique auprès des commandants des unités.

Je suis directement rattaché sous les ordres du colonel Capelle, qui est LE commandant de cette compagnie. Il est mon chef direct, mais aussi celui de toutes les unités qui composent la gendarmerie de Mayotte, à savoir la brigade nautique, la section hélicoptère, la section de recherche, le budget soutien/finances, l’état-major – tous les services RH et formation que nous trouvons dans n’importe quelle entreprise… Ce sont forcément des points d’appui supplémentaires pour moi car je vais parfois en avoir besoin pour les opérations qui vont dépasser le cadre de mes compétences.

FI : Quels sont vos objectifs de mission en termes de chiffres ?

L. S. : Je ne suis pas un ayatollah, si je puis dire, de la politique du chiffre. Ce que je veux ? C’est remettre un chef, que je représente, au profit et en soutien de mes unités. Elles doivent savoir que je suis leur appui pour les défendre et pour les guider. Et non le contraire ! Le seul résultat que je recherche, c’est de créer plus de dynamique avec la population. Il ne faut pas oublier que nous sommes à son service. Mayotte, ce n’est pas uniquement de la délinquance, loin de là. Il n’y a pas besoin de venir ici pour en trouver… Il y a énormément de points positifs que je découvre de jour en jour.

Je souhaite que cet échelon de commandement soit aussi un lien plus précis et plus évident pour les habitants. Je suis là pour faire tampon entre la gendarmerie de terrain, une brigade par exemple, et l’état-major tel qu’il est. Si au bout de deux, trois ou quatre ans, je m’aperçois que cela a marché, d’ailleurs je suis persuadé que cela marchera, je serai le plus heureux ! Nous sommes là pour rassurer les individus qui se lèvent tôt le matin pour aller travailler et qui ont besoin de sécurité, un droit constitutionnel, et pour dissuader les fauteurs de troubles ou les remettre entre les mains de la justice.

FI : Comment allez-vous procéder quotidiennement ? Quel profil de commandant allez-vous endosser ?

L. S. : Je ne suis pas un homme de bureau, même si cela accapare une bonne partie de mon temps et de mon énergie. En effet, je dois gérer, à l’image d’un chef d’entreprise, la formation de mon personnel pour qu’il soit encore plus efficace sur le terrain et qu’il puisse travailler en toute sécurité. C’est mon fer de lance, à Mayotte comme ailleurs : rien ne vaut la vie d’un gendarme ! Je dois également traiter leurs carrières, sous la houlette du colonel Capelle, et assurer leur avenir, leur avancement, leur notation, etc. En ce qui me concerne, j’ai réellement la volonté de me déplacer, le plus possible, au contact de mes unités élémentaires, que ce soit à Sada, M’Zouazia, Dembéni, Koungou ou M’Tsamboro, et de mes effectifs pour connaître leurs problématiques sur le terrain.

À mon sens, nous ne pouvons pas commander si nous ne voyons pas le quotidien de nos hommes. Je suis un ancien sous-officier, je suis passé par tous les grades. Même si j’arrive à 54 ans vers la fin de ma carrière, j’ai apprécié les chefs qui prenaient le temps d’aller voir leurs hommes pour relever leurs appréhensions et les rassurer. L’opérationnel est aussi l’une des fonctions qui incombe à un commandant de compagnie : la gestion des troubles à l’ordre public, la gestion d’une opération sur le terrain, que ce soit de la lutte contre de la délinquance routière ou de la délinquance liée aux stupéfiants… Le chef se doit d’être présent pour accompagner ses troupes qui apprécient quand la hiérarchie met les mains dans le cambouis. De jour comme de nuit !

FI : À travers vos différentes remontées de terrain, aurez-vous la main sur un éventuel renforcement des effectifs ?

L. S. : Exactement ! Être le chef de toute la Grande-Terre, mais aussi de la brigade de Pamandzi, me permet de réaliser, ce que nous appelons, des bascules de force. Si par exemple, la brigade de Sada est un peu « cul par dessus tête » comme nous disons dans le jargon, je suis en capacité d’envoyer des forces de Dembéni, de Koungou, ou encore le peloton d’intervention sur un événement pour lui prêter main forte. Auparavant, c’était compliqué à mettre en place. Désormais, la problématique me revient directement.

FI : Dans ce cas de figure, il s’agit d’une opération tiroir à un instant T. Aurez-vous éventuellement également le pouvoir pour grossir les rangs depuis l’extérieur du territoire ?

L. S. : L’augmentation des effectifs n’est pas à l’ordre du jour ! Les brigades sont dimensionnées telles qu’elles le sont aujourd’hui, avec environ 500 militaires en poste. Il n’y a pas de prévision envisagée à court terme. Mais il ne faut pas oublier une présence de gendarmes mobiles appelés à se succéder tous les trois mois. Nous avons un groupement tactique de gendarmerie qui commande deux escadrons et demi sur place, qui servent à tenir le terrain et à renforcer les unités locales. Ils constituent une réelle plus-value car ils ont un maillage territorial et un contact avec la population. Le fait de montrer régulièrement du « bleu » rassure les gens !

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