Festival Sanaa : « Nous avons tiré les enseignements des évènements de ce samedi et nous ferons mieux l’année prochaine ! »

Déçu d’avoir vu la dernière soirée de son grand festival Sanaa tourner court à cause d’actes de violences perpétrées par des bandes de jeunes, le maire Ambdilwahedou Soumaïla a convoqué ce lundi matin tous les partenaires de la sécurité pour faire un débriefing de la soirée. Ce dernier avait pour but d’analyser précisément la situation et d’évoquer des pistes de solution pour éviter que de tels incidents se reproduisent à l’avenir. Le directeur de la police municipale, Chaharoumani Chamassi, a accepté de nous dresser un bilan de cette réunion.

Flash Info : Quel était le but de la réunion de ce lundi matin à la mairie de Mamoudzou ?

Chaharoumani Chamassi : Le maire de Mamoudzou a réuni tous les partenaires en charge de la sécurité du festival afin, déjà de les remercier pour leur travail, mais également d’analyser exactement pourquoi les choses ont dérapé lors de la soirée de samedi. Je peux vous dire qu’à l’intérieur du périmètre du festival, la sécurité était extrêmement bien organisée. Nous étions une centaine de policiers, de gendarmes et d’agents de sécurités privés tous sous la direction du commissaire général Laurent Simonin qui était lui-même présent sur place.

Une trentaine d’agents étaient chargés de la palpation au niveau de l’entrée et plusieurs « armes par destination » (objets susceptibles de blesser) ont été confisquées, dont une arme blanche et plusieurs coups de poings américains. Nous avons également dispersé une bande de jeunes excités qui s’étaient regroupés dans les hauteurs et avons procédé à quatre interpellations avant même que les choses ne dérapent. Je voudrais également dissiper un malentendu : j’ai vu passer une photo dans un média de jeunes vêtus de T-shirts jaune où il était écrit « sécurité ». Sachez que ces jeunes ne faisaient pas partie du dispositif, mais n’étaient que de simples médiateurs bénévoles en aucun cas chargés de la sécurité du festival. Je ne sais pas qui les a affublés de ce T-shirt, mais cela a créé un quiproquo qui n’avait pas lieu d’être.

FI : Si le dispositif de sécurité était si bien organisé que cela, comment expliquez-vous les actes de violences de ce samedi ?

C.C. : Une bagarre a éclaté au sein de la foule, créant un mouvement de panique généralisé. Nous avons donc ouvert les portes pour laisser sortir les gens puisque de toute façon le festival touchait à sa fin. C’est à ce moment-là qu’un groupe de jeunes, qui s’était amassé du côté de la BFC, a commencé à lancer des cailloux sur les gendarmes. Je précise qu’ils avaient amené ces cailloux avec eux puisque le site avait été entièrement nettoyé en amont par nos soins. Les gendarmes ont donc été contraints de sortir les lacrymo qui ont malheureusement atteint aussi les festivaliers effrayés qui rentraient chez eux.

Il n’y a eu aucun blessé grave, juste une personne qui s’est foulée la cheville en courant et les autres qui se sont senties asphyxiées par les gaz. Toutes ont fait un passage par le centre hospitalier, puis sont rentrées chez elles le soir même. Personne n’a reçu de cailloux ! La cible des délinquants était les forces de l’ordre et un jeu « du chat et de la souris » s’est instauré dans les quartiers périphériques – nous avons réussi à chasser les délinquants du centre de Mamoudzou – jusqu’à environ 4h30 du matin. Quelques poubelles ont été brulées ainsi que « le banga des Africains » à Doujani où se vendent fruits et légumes. Il a été reconstruit dès le dimanche matin. Aucune voiture n’a été brûlée, mais des détériorations ont été constatées.

FI : Quelles solutions ont été évoquées lors de la réunion de ce lundi afin que de tels incidents ne se reproduisent plus ?

C.C. : Plusieurs pistes ont été évoquées : étendre le périmètre de sécurité afin qu’il y ait davantage d’espace pour les spectateurs et que le filtrage se fasse dès la périphérie du centre-ville, se munir d’un drone et, évidemment, renforcer encore les effectifs. Mais ce ne sont là que de premières pistes de réflexion et nous avons un an, jusqu’à la prochaine édition du festival, pour trouver de nouvelles idées. En tout cas, le maire est formel : nous n’allons pas laisser les délinquants de la rue faire la loi dans la ville et avorter toute tentative d’animation culturelle dans Mamoudzou !

Nous allons également éduquer les spectateurs à ne pas céder à la panique si une bagarre éclate, car les mouvements de foule sont très dangereux et peuvent causer beaucoup de dégâts. En métropole, lorsqu’une bagarre éclate, on recommande aux spectateurs de s’écarter un maximum des protagonistes et de filmer la scène avec leurs téléphones pour que la police puisse par la suite les identifier. Nous allons essayer de sensibiliser la population mahoraise à ce type de comportement adapté afin qu’ils évitent de céder à la panique. En tout cas, nous avons tiré les enseignements des évènements de ce samedi et nous ferons mieux l’année prochaine ! Le maire présente ses excuses à la population pour cet incident, mais il ne faut pas que cela serve de prétexte pour ne plus rien organiser à Mamoudzou…

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Mayotte Hebdo n°1115

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