A l’appel de la Commission médicale d’établissement, des salariés du centre hospitalier se sont rassemblés devant les urgences de Mamoudzou, ce jeudi. Ils réclament un encadrement renforcé de leurs interventions et trajets. Ceux qui ont pu rencontrer le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, estiment être « restés sur leur faim ».
A Mayotte, quand on est soignant, partir en intervention ou simplement rentrer du travail peut devenir un véritable chemin de croix. Le caillassage d’un bus en train de reconduire du personnel à M’tsangamouji en avait été un exemple tristement représentatif. Une élève de l’institut de formation en soins infirmiers avait été grièvement blessée à la tête le jeudi 14 septembre, entraînant un débrayage massif du personnel le lendemain.
A intervalles régulier, les personnels du Service mobile d’urgence et réanimation (Smur) ou encore les pompiers ne peuvent mener à bien des interventions à cause des caillassages et autres troubles à l’ordre publics recensés en nombre sur l’île. Le 12 décembre, un camion du Smur a été bloqué au niveau du pont de Dzoumogné. Selon Nora Oulehri, directrice du Service d’aide médicale urgente (Samu) à Mayotte, il est de plus en plus difficile d’« envoyer convenablement les secours aux patients ».
« Le sentiment d’insécurité persiste »
Pour le rappeler et le faire entendre, une trentaine de salariés du centre hospitalier de Mayotte (CHM) se sont rassemblé,s ce jeudi, devant les urgences, à l’appel de la Commission médicale d’établissement (CME). Son président, le docteur Soumeth Abasse et plusieurs cadres du CHM ont ensuite été reçus deux heures durant par le préfet de Mayotte, Thierry Suquet.
Une réunion de plus ? « Ce n’est pas du « on-off ». C’est un territoire difficile avec des enjeux très intriqués. On ne va pas neutraliser des milliers de délinquants au cours d’une réunion avec le préfet », tempère Nora Oulehri. Après les évènements de septembre, les services de l’État avaient déployé un arsenal de mesures pour sécuriser le transport domicile-travail des salariés. Mais, pour le docteur Abasse, président de la CME, « le sentiment d’insécurité persiste ». Ce dernier assure ne plus « être en mesure de rassurer le personnel ». Les cadres demandent notamment une réunion mensuelle avec les services de l’État sur la thématique de l’insécurité, ainsi qu’une accentuation des échanges entre forces de l’ordre et personnels de santé.
Au sortir de la réunion, les « N+1 » étaient unanimes pour dire aux salariés qu’ils sont « restés sur leur faim ». Ils se sont engagés à poser noir sur blanc une liste de propositions en vue d’une nouvelle réunion avec la directrice de cabinet du préfet, Marie Grosgeorge, mercredi prochain. « C’était important qu’on puisse dialoguer avec le préfet pour expliquer que les agents souffrent de l’insécurité. L’insécurité nous déstabilise tous », rajoute le docteur Abasse.
Les agents de Mamoudzou poursuivent leur grève
Eux aussi inquiets du climat d’insécurité, la grogne des agents de la mairie de Mamoudzou se poursuit aussi. Mercredi 6 décembre, le premier magistrat de la ville, Ambdilwahedou Soumaïla, invitait ses agents à protester contre « l’horreur au quotidien » créée par l’insécurité. Pour cela, les agents et leur maire ont rendez-vous quotidiennement sur le parking du stade Cavani, à quelques mètres du camp de migrants. Sous un barnum, on pouvait trouver une vingtaine de salariés, une semaine après le lancement du mouvement, ce jeudi. La plupart martèle le même message : il faut libérer le stade Cavani de son camp illégal. « On n’est pas là seulement pour constater, il faut aussi dénoncer l’insalubrité », lâche une participante, qui assure un service minimum dans son service. « C’est l’image de Mayotte qui est dégradée », surenchérit sa voisine.