Ce mardi, le directeur de l’union départementale des confédérations syndicales des familles de Mayotte (UDCSFM) a publié une photo sur laquelle il maîtrise un individu au sol. Pour Flash Infos, Mansour Ramia revient sur cet événement qui s’inscrit dans le cadre des actions de l’association, telles que la sécurisation aux abords et dans les établissements scolaires, en proie à une insécurité grandissante.
L’image fait le « buzz » sur les réseaux sociaux depuis mardi soir. Sur le cliché, Mansour Ramia réalise une clé de bras à un individu plaqué au sol. Agrémenté d’un message clair : « Nous n’accepterons plus que l’on touche à nos enfants, ni aux établissements scolaires qui sont les symboles de la République et des valeurs de notre société. Mahorais, ne restez pas attentistes et rejoignez l’UDCSFM dans ce combat contre la criminalité. La peur doit changer de camp ! Nous devons agir si nous voulons endiguer cette violence qui pourrit notre île. »
Il est 10h ce jour-là lorsque le directeur de l’union départementale des confédérations syndicales des familles de Mayotte reçoit l’alerte par talkie-walkie au sujet d’une agression devant le lycée de Sada. Ni une ni deux, l’équipe de l’association, composée d’une vingtaine de membres, pourchasse jusqu’au pont de Mangajou la dizaine de jeunes armés de haches, de coupe-coupe et de couteaux. « Un gendarme qui n’était pas en service nous a vus et nous a emmenés en voiture depuis laquelle j’ai sauté pour déséquilibrer un jeune. Un autre a aussi été stoppé alors qu’il se dirigeait vers la mangrove avec le reste de son groupe », retrace le quadragénaire, comme s’il revivait la scène. Bilan de l’incident : un lycéen blessé derrière la tête !
Le lendemain, ce mercredi 23 juin, rendez-vous à la cité des métiers de Koungou pour superviser la formation de 350 heures prise en charge par le Département à destination de 25 demandeurs d’emploi, âgés de 18 à 48 ans, amenés à devenir des animateurs socio-éducatifs. L’idée ? Renforcer d’ici deux mois le projet « Habitants en action ». Mais aussi compléter la sécurisation existante dans et aux abords des enceintes du second degré. « Nous avons reçu l’autorisation du recteur en septembre. Et nous ciblons depuis un mois les lycées de Sada, de Kahani et de Bamana », précise celui qui a rejoint l’association de parents d’élèves, tout d’abord comme bénévole, en janvier dernier après que sa fille inscrite au collège de M’Gombani a reçu des jets de pierre. À terme, la structure aspire également à proposer des ateliers tels que de la prévention de la délinquance, du suivi scolaire ou encore des temps d’échange durant les pauses récréatives.
Main dans la main avec les forces de l’ordre
Malgré l’absence de financement des institutions jusqu’à maintenant, le dispositif semble plutôt bien huilé. « Nous assurons une présence quotidienne en civil et nous adaptons nos plages horaires en fonction des remontées du terrain », dévoile Mansour Ramia, qui travaille de concert avec les forces de l’ordre, aussi bien les polices nationale et municipale que la gendarmerie. « Cette collaboration entre les forces de l’ordre et la population est indispensable ! » Avant de bien préciser les contours de ce partenariat. « Nous ne faisons jamais rien sans leur accord. Notre premier rôle est de protéger les élèves puis de repousser les assaillants. Nous ne voulons pas que l’épisode de Labattoir où des parents ont fini derrière les barreaux se reproduise », insiste avec fermeté l’habitant de M’Tsapéré. Raison pour laquelle il ne dissimule pas son visage sur la photo de l’intervention de la veille. « Je l’ai aussi postée pour montrer qu’il ne faut pas se cacher ! »
L’union départementale des confédérations syndicales des familles de Mayotte s’appuie sur la bonne volonté de « toutes les communautés pour avancer ». Pas question pour le coach sportif de Moovafrica de dissocier les Mahorais et les Comoriens. Tout le monde a un rôle à jouer ! Le danger selon lui ? « Ce ne sont pas les jeunes, mais les adultes qui sont de moins en moins respectés et qui montrent leur crainte aux enfants. Il faut suivre les familles ! » D’où l’accompagnement à la parentalité une fois les trouble-fêtes formellement identifiés, qui seraient une centaine par établissement scolaire surveillé. « C’est surtout un effet de masse car il n’y a que cinq leaders par lycée, il suffit d’une étincelle pour que ça s’embrase », concède-t-il, précisant au passage qu’il ne s’agit en aucun cas de bandes déscolarisées. « Bien au contraire ! »
Mais ce n’est pas pour autant que l’association ne s’attaque pas non plus à ce public oisif. Pour preuve, elle compte suivre une cinquantaine de jeunes de Koungou à partir du 1er juillet pour qu’ils retrouvent, d’ici un an, les bancs de l’école ou la voie d’une formation qualifiante. « Notre arme, c’est l’éducation », persiste et signe Mansour Ramia, qui invite d’ailleurs les entreprises à se greffer au projet. « Nous souhaitons nous professionnaliser, mais pour cela, nous avons besoin d’être soutenus par l’État, le conseil départemental et les communes. Nous avons démontré notre efficacité, maintenant nous attendons des actes après les belles paroles ! »