Les habitants d’Acoua signalent un ras-le-bol global concernant l’ambiance du village. Le comité de surveillance et de sécurité civile de la commune tente d’alerter la municipalité sur la recrudescence des incivilités, mais ne reçoit pour le moment aucune réponse de la part des élus. Pourtant, la situation pourrait rapidement s’envenimer.
“On est vraiment fatigués de cette situation”, entame la gorge nouée Oussedi Djamede, président du comité de surveillance et de sécurité civile d’Acoua. Et à ses yeux, la commune est tout simplement en train “d’être ghettoïsée par les jeunes”. Ses compères et lui-même se plaignent de l’arrivée de nouvelles familles dans la ville, qui auraient été expulsées de là où elles résidaient auparavant. “On a fait nos enquêtes ! Généralement, ils viennent la nuit quand tout le monde dort, on voit les camions débarquer tous les soirs pour les déménagements.”
Pendant des missions de surveillance, les membres du comité se targuent d’avoir pu parler à certaines nouvelles têtes, qui vanteraient le choix d’Acoua pour le « peu de surveillance » et la « facilité d’installation ». L’homme engagé semble dépassé par la situation et clame haut et fort que l’augmentation démographique générerait de la violence. « Certains n’ont pas de travail, donc ils cherchent à manger… » Conséquences : le nombre de cambriolages prolifère et le trafic de drogue se consolide.
Une mise en danger des hommes et de l’environnement
Mais pour Chamsia, habitante de la ville, le problème est encore plus profond… La surpopulation au sein de la commune pousse les nouveaux arrivants à s’installer un peu partout, sans prêter attention à l’appartenance des parcelles ou à l’environnement. “La plupart des endroits qui ne sont pas habités ici sont des zones à risques. Ils construisent leurs maisons sur ces terrains, au risque de tout perdre au prochain éboulement, leurs affaires mais aussi leurs vies”, achève-t-elle dans un soupir. Avec toujours dans un coin de sa tête l’épisode de catastrophe naturelle subi fin février.
Au-delà des habituelles cases en tôle, certains « squatteurs » érigeraient également des maisons en dur sur des sites propices à la prolifération de variétés de flore mahoraise protégée. “On risque de perdre une partie de notre biodiversité si ces vagues continuent d’affluer”, poursuit Chamsia, anxieuse face au devenir de sa ville.
Se faire justice soi-même
“On a interpellé la mairie le 23 avril, mais on est toujours en attente d’une réponse”, explique Ousseni Dajmede d’un ton inquiet, avant d’enchaîner. “S’ils ne réagissent pas très vite, la population va descendre dans la rue pour les expulser, comme on a déjà pu le voir.” Selon lui, une intervention de la municipalité pour décaser ces nouveaux arrivants est indispensable. Dans le cas contraire, les habitants d’Acoua pourraient choisir d’aller se faire justice eux-mêmes et d’entraîner par la suite un déferlement de vengeance entre les deux clans. Les uns voulant se protéger, les autres n’ayant rien à perdre… Déçu, le président du comité aurait souhaité une main tendue de la part des élus. “Ils ne sont même pas venus nous voir dans notre QG ! Et maintenant, les habitants veulent prendre les devants.”