Ce mardi matin, la zone nord de Mamoudzou était complètement paralysée à partir de Majicavo jusqu’à Longoni. Une centaine de jeunes se sont livrés à des caillassages sur les automobilistes et ont dressé des barrages sur la route nationale. Ces violences font suite au meurtre d’un jeune homme de 19 ans dans la nuit de dimanche à lundi à Majicavo.
Ce mardi 7 juin au matin, une centaine de jeunes des quartiers nord de Mamoudzou se sont livrés à des actes de violence de Majicavo à Longoni. Les automobilistes circulant dans cette zone ont été caillassés tandis que les individus ont dressé des barrages sur la route à l’aide d’abattis et de déchets d’électroménagers. Dépêchés sur les lieux, les gendarmes n’ont pas échappé non plus aux jets de projectiles et trois d’entre eux ont été blessés. Les hostilités ont commencé dès le lundi soir et se sont poursuivies jusqu’au mardi matin. Après avoir bataillé avec le groupe pendant de longues heures, les militaires, aidés de la police municipale de Koungou, ont réussi à rétablir une situation relativement calme en fin de matinée. Toutefois, la gendarmerie a préconisé à la population de ne pas s’aventurer dans le nord de la ville chef-lieu.
D’après l’officier de permanence, les jeunes venaient de presque tous les quartiers nord. « Nous en avons même vu certains qui venaient de Kawéni », révèle-t-il. Le dispositif de gendarmerie a donc été déployé de Majicavo à Longoni afin de s’assurer que les automobilistes ne se fassent pas agresser. « Nous avons passé toute la matinée à défaire des barrages reconstruits immédiatement un peu plus loin », ajoute-il. Une seule interpellation pour jets de projectile a pu être effectuée par les forces de l’ordre.
« Ce type d’acte est quasi quotidien »
Bien que les gendarmes et le procureur de la République, Yann Le Bris, ne soient sûrs de rien à l’heure actuelle, il se pourrait que ces violences soient liées au meurtre d’un jeune homme dans la nuit de dimanche à lundi aux alentours de 3h du matin. « Deux jeunes hommes, l’un de 26 ans et l’autre de 19 ans ont été pris à partie par un groupe d’individus au nombre encore indéterminé. Le premier a été blessé, mais a réussi à s’enfuir. Il a écopé d’une ITT (incapacité temporaire de travail) de trois jours. Le deuxième a été transporté au CHM, mais est rapidement tombé dans le coma puis décédé », nous révèle le magistrat du ministère public. L’enquête a été confiée à la section de recherche de Mamoudzou.
L’autopsie effectuée sur le corps ce mardi après-midi révèle que le décès fait suite à des coups portés à la tête, mais seule l’enquête pourra révéler avec précision l’arme du crime. La page Facebook Info Route Mayotte révèle qu’un autre jeune aurait été poignardé en fin de journée à Koungou. Si l’information n’a été confirmée ni par les gendarmes ni par le procureur, ce dernier nous a néanmoins confié que « depuis une semaine environ, ce type d’acte est quasi quotidien ».
Des violences pas passées inaperçues à Paris
Les ministres de l’Intérieur et des Outre-mer ont réagi par communiqué, ce mardi, aux récents événements de Koungou et Majicavo. Gérald Darmanin et Yaël Braun-Pivet « condamnent avec la plus grande fermeté ces violences intolérables. L’ensemble de ces exactions porte gravement atteinte à l’ordre républicain mais aussi à la liberté d’aller et venir des habitants de Mayotte ». Outre leur soutien aux services de l’État et aux forces de l’ordre, ils rappellent que « ces violences, inacceptables dans notre République, renforcent la détermination de l’État à lutter contre toutes les délinquances, et notamment les délinquances juvéniles et phénomènes de bandes, dont les Mahorais sont les premières victimes ».