Après un lundi marqué par différents actes de violences et affrontements, notamment à Tsoundzou 1, ce mardi matin, de nouveaux affrontements ont eu lieu dans le village de Majicavo-Koropa. Village où devait se tenir la démolition d’habitats insalubres dans le quartier Talus 2.
Ce mardi matin, une opération de démolition d’habitats insalubres devait avoir lieu au quartier dit « Talus 2 » à Majicavo-Koropa, dans la commune de Koungou. À la suite d’une décision du tribunal judiciaire de Mamoudzou, cette démolition a été suspendue. La justice ayant constaté « une voie de fait », le juge des référés a donc ordonné « au préfet de Mayotte de cesser toute opération d’évacuation et de démolition des habitats visés ». L’une des principales raisons invoquées est que la démolition des habitats insalubres mettrait « en péril la sécurité » des habitants du quartier. Face à ce jugement, l’État pourra faire appel. « Le préfet prend acte de la décision du tribunal judiciaire de Mamoudzou. Il a demandé aux avocats de l’État de faire appel », a indiqué de son côté la préfecture.
Dès tôt ce matin, les forces de l’ordre se sont postées en nombre au niveau de ce quartier pour sécuriser le lieu. Sur place, un groupe de femmes habitantes du quartier étaient présentes pour faire part de leur soulagement quant à la suspension de la démolition. Au fil de la conversation, elles expliquent leur satisfaction face à cette décision, car « elles n’avaient nulle part où aller avec nos enfants ». Au courant depuis ce lundi soir, elles qui se disent « soulagées », s’interrogent sur les solutions de logements proposées. « Après les quelques mois, où va-t-on aller ? » Ces femmes ont réaffirmé qu’elles souhaitent « un logement définitif, même s’il faut payer un loyer » et n’accepteront de partir, qu’une fois qu’une telle proposition leur aura été faite. En début de matinée, l’hélicoptère de la gendarmerie effectuait des rotations au-dessus du village de Majicavo-Koropa, et notamment du quartier Talus 2.
Des engins de chantiers incendiés
La présence de la gendarmerie à Majicavo n’était pas vaine cette matinée-là, puisque plusieurs barrages constitués de poubelles, déchets et pneus ont été installés, puis enflammés au milieu de l’axe routier au niveau de Majicavo-Dubaï. Des affrontements, se traduisant par des jets de projectiles, avec les forces de l’ordre ont également eu lieu. Pendant plusieurs heures, ces dernières étaient sur place afin de sécuriser les lieux et l’intervention des services techniques, affectés au nettoyage des résidus d’incendie et de l’axe routier.
En outre, le chantier de la halle à marée, jouxtant la route nationale et au niveau du croisement avec la piscine Koropa, a été la cible des délinquants. Ces derniers s’en sont pris aux engins, en incendiant une pelleteuse et une bétonnière mobile, garées à l’intérieur même du chantier. Une seconde bétonnière, une citerne de fosse septique et des grillages ont été dérobés et installés sur les abords de la route, puis incendiés. « Une perte sèche pour les entreprises », confie l’un des entrepreneurs présents sur place. Des poubelles incendiées ont également été placées contre le mur de l’annexe de la mairie de Koungou à Majicavo-Koropa. Dans l’après-midi, c’est près de la prison que des rixes avec des forces de l’ordre ont eu lieu.
Des violences urbaines à Kawéni
A Kawéni, dans la commune de Mamoudzou, la police nationale n’était pas en reste, pendant la nuit de lundi à mardi. Elle a fait face à des violences urbaines suivies de dégradations. « Peu après minuit, le centre d’information et de commandement a été requis par les sapeurs-pompiers pour signaler des incendies allumés par un groupe d’individus au niveau de la rue Centrale, à proximité immédiate de la caserne », indique la police nationale dans une communication.
Sur place, avec le renfort de policiers municipaux, les effectifs de nuit de la DTPN (Direction territoriale de la police nationale), ont constaté des incendies consumés et ne présentant plus aucun risque de propagation. Les auteurs, un groupe d’individus, se sont alors volatilisés à l’intérieur du village. Peu après ce retour au « calme apparent », l’intérieur de la caserne des sapeurs-pompiers a subi des jets de projectiles occasionnant des dégradations sur deux ambulances impactées au niveau des pare-brise. Les policiers sur place ont, eux-aussi, essuyé une pluie de projectiles. Ils ont alors interpellé un individu semblant être le meneur. « Ce dernier, encagoulé et équipé d’une lampe torche, pointait le faisceau sur les forces de l’ordre tout en outrageant les policiers. Placé en garde à vue, il devra répondre de ses actes », informe la police nationale.
Des heurts dans le sud et un interpellé à Tsoundzou
Tout au long de la journée de lundi, la DTPN et les CRS 8 étaient mobilisés pour la sécurisation du village de Tsoundzou. Les forces de l’ordre ont repoussé et contenu des bandes de plusieurs dizaines d’individus, encagoulés ou vêtus de combinaison de peintres, avec comme objectif de pénétrer sur le chantier du terrain de foot de Tsoundzou « pour récupérer du matériel leur permettant d’ériger un barrage sur la route nationale », complète la police, en affirmant que « toutes leurs tentatives d’intrusion et d’entrave à la circulation étaient mises en échec par les forces de police ». Malgré cela, des pelleteuses ont été incendiés au sein du chantier. Auteurs de barrages de fortune, de dégradations de biens par incendie, de violences par jets de projectile, de cambriolages et de menaces de mort vis à vis des riverains, « ces jeunes âgés de 15 à 25 ans, très mobiles », précise la police, ont fait usage de cocktails Molotov et de tiges à béton en direction des policiers. Avec le soutien de la gendarmerie nationale, la situation a été maîtrisée en milieu d’après-midi. Toutefois, des affrontements ont eu lieu dans la soirée de lundi. Dans leur parution du jour, nos confrères de France Mayotte Matin rapportent le fait qu’une arme de service d’un policier aurait été dérobée lors des opérations. A la suite de cette journée mouvementée, un individu a été interpellé, indique la préfecture de Mayotte, ce mardi.
Dans la nuit de ce lundi, vers 22h, cette fois-ci dans le sud de l’île, à Bouéni, une dizaine de jeunes cagoulés s’en sont pris à des véhicules de particuliers, blessant une conductrice. L’intervention rapide des militaires de la brigade de M’zouazia, renforcés par des gendarmes mobiles, a permis d’interpeller trois individus et de saisir leurs armes, à savoir des marteaux et machettes. À 23h, le calme était rétabli.
Modification de la collecte des déchets ménagers dans la zone Cadéma
La communauté d’agglomération de Dembéni – Mamoudzou averti que « compte tenu de la situation actuelle, et afin de garantir la sécurité des usagers et des agents de collecte », l’intercommunalité informe ses habitants que la collecte des déchets ménagers de la Cadéma nord et centre sera effectuée en journée de 6h à 18h. De plus, « la collecte dans les quartiers inaccessibles est suspendue », ajoute l’intercommunalité, qui invite également ses usagers à consulter régulièrement la page d’accueil du site internet https://cadema.yt pour rester informés.
Une manifestation devant la mairie de Dembéni
Les collectifs ont manifesté ce mardi midi à la mairie de Dembéni. Un rassemblement qui avait pour but de fermer la mairie dans le cadre de l’opération Wuambushu. Les collectifs demandent à tous les maires de se positionner favorablement pour cette opération de lutte contre la délinquance. Aucune demande de démolition d’habitats insalubres n’aurait été demandé dans la ville de Dembéni.