Au moins trois morts dans le naufrage d’un kwassa : un nouveau drame entre Anjouan et Mayotte

L’île au lagon s’est réveillée avec une nouvelle funeste ce lundi. Trois personnes, deux femmes et un enfant, ont péri lors d’un naufrage au large de Bouéni. Les services de secours, qui ont repêché 16 rescapés, sont restés à pied d’œuvre hier pour tenter de repêcher les passagers, malgré des conditions difficiles en mer.

Je suis au courant oui, un homme m’a appelé ce matin au sujet de sa femme. Il se demandait si son corps avait été emmené au CHM”, souffle Thani Omar, de l’association malgache Malagasy Mitambatra. L’homme vient régulièrement en aide aux familles endeuillées de Mayotte, pour retrouver leurs proches perdus en mer. Ce lundi matin, il ne quittait pas son téléphone des yeux. Tandis que la nouvelle, funeste, faisait son chemin sur l’île au lagon…

Au moins trois personnes, deux femmes et un enfant, ont perdu la vie dans un nouveau naufrage de kwassa-kwassa, au large de Bouéni. Le drame s’est déroulé au milieu de la nuit, vers 2h30 du matin. À ce moment-là, un appel téléphonique au 17 lance l’alerte : l’embarcation légère a chaviré, avec une vingtaine de passagers à bord. Dépêchés sur les lieux, deux intercepteurs, de la brigade nautique de la gendarmerie et de la police aux frontières (PAF), tenteront de repêcher le plus de rescapés possible. Aidés par l’avion de la lutte contre l’immigration clandestine (LIC), les équipes de secours parviendront à repêcher 16 passagers. Mais les alizées et une mer agitée, qui ont sans doute provoqué le naufrage initial du kwassa-kwassa, auront mis des bâtons dans les roues des sauveteurs.

 

Le bilan risque de s’alourdir

 

En début de matinée, le couperet tombe : au moins trois personnes sont décédées, dont une petite fille, d’après nos informations. “Il doit y avoir encore du monde en mer”, explique une source proche de l’enquête, à la mi-journée. “Les opérations de recherche se poursuivent, mais la mer est très mauvaise. Au large de Bouéni, ce sont des zones difficiles. Avec l’effet d’Archimède, les corps vont couler…” Avant d’être recrachés à la surface dans les jours qui suivent. En clair, le bilan pourrait s’alourdir. “A priori, il en manque, mais on n’en sait pas plus que ça”, confirme Jean Lhuillier, le directeur des Pompes funèbres de Mayotte, dont l’entreprise est sous réquisition des pouvoirs publics. C’est lui qui a récupéré les trois corps inanimés ce lundi vers 8h30, ramenés au ponton par les gendarmes.

L’enquête et les auditions sont en cours. Nous n’avons pas le chiffre exact de passagers, mais a priori, ils seraient plutôt 23, 24 ou 25 : en tout cas, il en y a sans doute un peu plus que ceux que nous avons pu reprendre à la mer”, déplore Laurence Carval, la directrice de cabinet du préfet. Qui précise aussi : “c’est bien un appel téléphonique qui a donné l’alerte, ce n’était pas dans le cadre d’une intervention en cours que le kwassa a chaviré.” Une précision de taille, quand on sait que les interceptions de ces fragiles barques à moteur par les intercepteurs peuvent parfois conduire à des drames. En 2007, deux personnes étaient mortes après la collision d’une embarcation clandestine et d’une vedette de la police.

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