Et de trois. Un autre quartier informel de la commune de Dzaoudzi-Labattoir a vu sa démolition débutée, ce lundi matin. Il s’agit de plus d’une vingtaine d’habitations en tôles ou en dur, le long du littoral, derrière la station Total. 19 familles y étaient recensées.
Les pelleteuses ont repris du service, ce lundi matin, sur le littoral en face du cimetière chrétien de Petite-Terre, à la limite territoriale des communes de Dzaoudzi-Labattoir et Pamandzi. Attendue depuis très longtemps, suite à un arrêté préfectoral datant du mois d’avril 2023, cette opération de décasage n’a concerné qu’une toute petite bande de terre relevant du domaine public maritime, en bordure de plage, squattée par une dizaine de familles. Un mois plus tôt, quelques cases en tôle avaient connu le même sort à proximité, sur la colline du Four à Chaux. Cette fois-ci, les services sociaux ont dénombré 27 bangas insalubres construits dans l’illégalité, lesquels étaient occupés par 19 familles constituées d’une trentaine de personnes, majoritairement des enfants. « Sur ces 19 familles, le préfet de Mayotte a fait une proposition de logement à onze d’entre elles, jeudi dernier. Le lendemain, vendredi, trois familles avaient accepté ces hébergement », a précisé Psylvia Dewas, chargée de la résorption de l’habitat insalubre à la préfecture de Mamoudzou. Une permanence est installée depuis jeudi dernier dans les locaux du centre communal d’action sociale (CCAS) de Labattoir pour y accueillir ces familles frappées d’expulsion et mettre en œuvre les hébergements. La permanence était ouverte à nouveau ce lundi pour les personnes qui souhaiteraient accepter la proposition de relogement formulée par le préfet de Mayotte (sur Grande-Terre ou Petite-Terre). Les associations qui ouvrent dans ce secteur n’auraient pu capter que quelques places dans le secteur privé. La préfecture précise qu’en partenariat avec les deux communes de Petite-Terre, elle allait ouvrir des places pour pouvoir procéder à de futures opérations de démolition et d’évacuation.
Une opération sur trois jours
À l’inverse de Koungou et ailleurs sur Grande-Terre, il est à constater que cette opération-ci (comme celle conduite à Houpi, en juin, en présence de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer), s’est déroulée dans le calme, sans incident, les occupants ayant tous quitté les lieux avant l’arrivée des forces de l’ordre et des différentes autorités. Pour Psylvia Dewas, qui s’exprimait lors d’un point de presse (en lieu et place du préfet absent du territoire) en compagnie du nouveau commandant les forces de gendarmerie à Mayotte, le général Lucien Barth, et le directeur des affaires maritimes, « cette opération de démolition de cases insalubre avait fait l’objet de plusieurs recours devant le tribunal administratif de Mayotte, lequel a fini par donner son feu vert à démolir et évacuer au motif que la préparation de cette opération avait respecté la loi, que les choses avaient été faites en bonne et due forme et que les propositions d’hébergement avaient été proposées aux familles. Donc, aujourd’hui, nous mettons en œuvre cet arrêté ». Cette opération de décasage devrait s’étaler sur trois jours, le temps de la démolition et de l’évacuation des gravats pour pouvoir rendre propre la plage du cimetière et démontrer qu’on ne construit pas sur le domaine public maritime sans autorisation. Force est de constater qu’en plus du caractère insalubre de ces habitations de fortune, leur emplacement au bord de l’eau les exposait à des divers dangers naturels, notamment des inondations.
Activités liées aux passeurs
Autre problème né de la proximité de ces habitations avec la mer, le développement d’un certain nombre d’activités illégales. « La semaine dernière, les Affaires maritimes ont pu sortir de l’eau dix embarcations illégales liées à la pêche illégale et non réglementée et non licenciée (INN). Ces dix kwassas ont été démolis, ils étaient à la fois destinés à la pêche illégale mais aussi à tous les trafics divers et variés liés à l’immigration clandestine, comme pour aller chercher des personnes en situation irrégulière et les ramener à Mayotte. Nous souhaitons mettre fin à ces trafics, en tout cas pour ceux de cette plage-ci, c’est déjà fait », a souligné Psylvia Dewas. À noter qu’avant le démarrage des opérations de démolition, les gendarmes ont repéré sur la plage une barque de pêche faussement immatriculée. Il s’agissait d’un doublon d’une immatriculation relevant d’une autre commune que celle de Dzaoudzi-Labattoir. D’autres opérations du même type devraient se dérouler dans un avenir proche sur d’autres endroits de Pamandzi, notamment dans le quartier de La Vigie, connu pour sa délinquance et divers problèmes liés à l’ordre public.
Dans le sud de Mayotte, un important décasage à Hamouro, village de la commune de Bandrélé, est prévu. Il a fait l’objet d’une dizaine de recours devant le TA le mois dernier (dont quatre avaient été retirés in extremis). Les démolitions étant autorisées par la justice administrative, elles pourraient intervenir « avant la rentrée scolaire », a indiqué la préfecture de Mayotte.