À Hamouro, 137 cases informelles démolies ce lundi

Le deuxième volet de l’opération de démolition du bidonville d’Hamouro s’est déroulé, ce lundi 4 mars. Un total de 55 familles ont été délogées manu militari dans les hauteurs de ce village de la commune de Bandrélé.

Ce lundi matin, sur la place du marché d’Hamouro, des ordinateurs portables et des feuilles de renseignement remplaçaient les fruits et légumes vendus d’ordinaire par les producteurs. L’opération « décasage » des hauteurs de ce village de Bandrélé, prévue à la fin du mois de janvier puis reportée en raison des barrages, a débuté dans la matinée, sur les coups de 7h. Et, comme le veut la procédure, des associations se sont relayées sur place dès vendredi pour tenter d’identifier les 18 familles relogeables. Ce qui constituait déjà un maigre fragment des 55 familles recensées sur le site (voir la carte), soit « entre 200 et 220 personnes », selon le préfet François-Xavier Bieuville.

Le quota de familles finalement abritées à l’issue de l’opération est quant à lui marginale : trois ont accepté la proposition formulée par une des trois associations, l’Acfav (Association pour la condition féminine et l’aide aux victimes), Mlezi et Coallia. « Ça dépend vraiment des périmètres, parfois elles [les familles délogées] acceptent, parfois elles n’acceptent pas », constate Psylvia Dewas, experte chargée de la résorption de l’habitat illégal auprès du préfet de Mayotte.

Une assistante sociale, qui souhaite garder l’anonymat, explique que souvent, quand des opérations dites de résorption de l’habitat insalubre sont annoncées, « la plupart des familles quittent le site avant le jour du décasage ». « Certaines sont hébergées par des proches. Celles qui sont en règle administrativement refusent souvent la proposition d’hébergement car cette dernière est éloignée du lieu de scolarisation de leurs enfants. Il est très difficile de scolariser les enfants dans une autre commune. »

Une opération en août 2023

Quoi qu’il en soit, pour le nouveau préfet de Mayotte installé dans ses fonctions, le 27 février, le premier décasage de l’année est un « choc de sécurité et d’autorité avec de la fermeté et de la justice ». En contrebas de la route nationale qui traverse le village, une première phase de l’opération de démolition avait entraîné la destruction de 81 cases en tôles le 14 août 2023. Cette fois, les employés de Colas, sollicités par les services de l’Etat, ont manié la pelleteuse sur une zone « naturelle et agricole non viabilisée » plus escarpée qui a fait l’objet d’un rapport d’enquête d’insalubrité de l’ARS dressé à l’issue d’une visite le 17 mars 2023.

Au total, 137 cases en tôles supplémentaires ont été radiées du paysage, ce lundi. Une évacuation jugée nécessaire en raison de l’insalubrité desdites habitations informelles, mais aussi des problématiques d’insécurité afférents à l’emplacement géographique de ce bidonville. L’adjudant-chef Said Douair, de la brigade territoriale autonome de M’zouazia, alertait ainsi dans un rapport écrit en mars 2023 sur les « connexions entre les jeunes de Hamouro et ceux de Nyambadao [village de Bandrélé au sud de la plage de Sakouli] » qui dérivent souvent « en rixes générant des troubles à l’ordre public ». Plus encore, des faits de vols avec violence et armes blanche et des jets de projectile auraient été déplorés dans cette zone régulièrement empruntée par des randonneurs puisqu’elle constitue le point de départ conduisant au mont Bénara.

Les projets de la mairie de Bandrélé

Au nord du village, au niveau de l’école primaire, la mairie de Bandrélé porte un projet visant à créer 150 logements. La libération des parcelles occupées était donc un des enjeux majeurs de cette opération.  D’après Abdou Maoulida, adjoint au maire en charge de la prévention, une première tranche de 38 logements verra le jour prochainement. « On attend que la pluie cesse pour faire les aménagements de voirie, on ne peut pas construire des logements sans voirie. Cette opération va nous donner une bouffée d’oxygène car sans cette opération rien ne pourrait se réaliser », a salué ce dernier.

D’après le préfet de Mayotte, neuf opérations de résorption de l’habitat insalubre auront lieu en 2024 à Mayotte, en plus de celles enregistrées au cours de Wuambushu 2, dont le démarrage est prévu en avril.

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